Même si les sondages indiquaient un écart limité entre les deux candidats, Messieurs Obama et Romney, le Président sortant a été réélu.
De prime abord, cette réélection est bien entendu une triple bonne nouvelle : tout d'abord, elle récompense les heures de travail de l'ancien élu de Chicago qui a eu la lourde tâche de diriger la première nation du monde. Puis, au plan stratégique toujours évolutif ( Corée, Syrie, Iran, etc ) il y aura continuité immédiate de l'Etat et donc absence de période de mise en route. Enfin, une durée de huit années donnera au Président le temps de déployer clairement certains axes de sa politique.
Mais à côté de cette série de trois bonnes nouvelles, viennent se poser deux types de questions. Le premier est d'ordre institutionnel. On sait que les Etats-Unis ont un système constitutionnel plus fin qu'il n'y parait et que le régime présidentiel s'inscrit dans la logique "check and balance". Autrement dit, le Président doit composer avec le Congrès composé de deux chambres : celle des Représentants et le Sénat.
Le vote récent rend complexe la lecture du futur équilibre institutionnel puisque si le puissant Sénat ( politiques d'investiture des équipes de l'Exécutif, commissions d'enquête ) est bien à majorité démocrate renforcée, la Chambre des Représentants est aux mains des Républicains. En France, nous parlerions de cohabitation et dans le cas nord-américain, cette situation va contraindre le Président à amender l'application de son programme.
Le deuxième type de question est d'ordre économique. Pendant son premier mandat, Barack Obama a montré l'interventionnisme fédéral : par exemple pour aider directement au redressement de General Motors. Parallèlement, il a œuvré pour l'adoption de la loi Dodd-Franck Wall Street Reform en 2011 qui renforce la supervision des banques mais comporte un risque considérable.
Partant du principe que le "too big to fail " des banques oblige le contribuable à les renflouer, le texte de 2011 prévoit q'une commission fédérale sera chargée de gérer le "testament" de l'établissement en péril et d'assurer la gestion de sa faillite. Sur ce plan, l'Europe n'a pas la même vision ( Rapport Liikanen ) du traitement du risque systémique et l'importance des liens inter-bancaires ( démontrée par la faillite Lehman Brothers en 2008 ) nous conduit à penser que le Président Obama et son équipe se sont fourvoyés. Sérieusement.
Pour le reste, le pays est reparti vers une politique monétaire extensive et parallèlement ne s'attaque pas aux racines du déclassement social qui éjectent des millions d'Américains du marché de l'emploi. Monsieur Obama débutera en 2013 son deuxième mandat : puisse-t-il s'entourer prudemment de conseillers constitutionnels et surtout s'entourer d'une équipe économique ardente, lucide et aux compétences éprouvées. La crise monétaire ou obligataire rôde potentiellement, ne sous-estimons pas ces risques.