Les banques n’ont structurellement pas intérêt à dire la vérité

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Par Gaël Giraud Modifié le 19 avril 2013 à 0h48

Pourquoi les banques auraient-elles menti ? Parce que si une banque annonce le taux exact auquel on consent à lui prêter, et si ce taux est élevé, elle révèle la piètre opinion que ses concurrentes ont d'elle.

Du coup, elle s'expose à des sanctions endogènes auxquelles ses camarades de jeu ne manqueront pas de se livrer, par exemple via l'usage des CDS.

Nous savons, à présent, que ces instruments financiers permettent de gagner beaucoup d'argent aux dépens de ceux qui vont mal. Cela fournit une raison supplémentaire pour laquelle même une banque d'investissement ne peut jamais dire qu'elle va mal. [...] Mais pourquoi, dans ces conditions, avoir écouté ces banques, puisque nous savons qu'elles n'ont structurellement pas intérêt à dire la vérité ?

L'action en justice menée actuellement en Grande-Bretagne et sur le continent européen ne permettra peut-être pas de répondre à cette question. Car ce vers quoi elle pointe, c'est une complicité organisée de la part des autorités de marchés elles-mêmes, qui n'ont été trompées que parce qu'elles voulaient bien l'être. Autre objection possible à la thèse du « mensonge structurel » des banques : si celles-ci mentaient effrontément, elles seraient punies par la loi.

Un exemple montre aisément que pareille affirmation relève malheureusement de la naïveté : créée début 2012 pour comprendre pourquoi les entreprises du CAC 40 sont trois fois moins imposées que les PME et comment les riches contribuables français dissimulent leur fortune à l'ombre des paradis fiscaux, une commission sénatoriale a auditionné Baudouin Prot, le président de BNP-Paribas, en avril 2012.

M. Prot, sous serment, a minimisé considérablement le rôle des produits d'épargne proposés par sa banque et transitant dans des paradis fiscaux. Or, les documents internes de BNP-Paribas, consultés par les sénateurs et par le journal Marianne, contredisent formellement les déclarations de son patron. De même, Baudoin Prot, a affirmé devant le Sénat qu'il y avait quatre entités rattachées à BNP-Paribas à Singapour, huit en Suisse et douze à Hong-Kong.

Le Comité catholique contre la faim dans le monde (CCFD), après consultation du « document de référence et rapport financier annuel 2011 », en a dénombré respectivement huit, dix et vingt-deux dans les mêmes paradis fiscaux. Des banques, nous voilà conduits aux institutions qui les encadrent. Au sein de la zone euro, la plus importante d'entre elles n'est autre que la BCE.

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Gaël Giraud est jésuite. Il est docteur en mathématiques appliquées, normalien (Ulm), diplômé de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (ENSAE), est chercheur au CNRS ainsi que chercheur associé à l’École d'économie de Paris et consultant scientifique. Il est l'auteur de "L'illusion financière : pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire" aux Editions de l'Atelier.

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