La grande intox statistique, économique et monétaire

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Par Simone Wapler Publié le 7 juin 2014 à 2h41

Le chômage augmente et va continuer à augmenter selon l'OIT (Organisation internationale du travail).
Au premier trimestre 2014, le commerce mondial a reculé de 2,6% dans les pays du G7 et les BRICs.
La seule chose qui soit en croissance est la masse monétaire.
Ne nous avait-on pourtant pas promis la reprise américaine, le miracle des Abenomics au Japon, le retournement en France,... Cherchez l'erreur.

Les prévisions s'écartent de plus en plus de la réalité vécue par tout un chacun sur le terrain. Le chômage n'est d'ailleurs qu'une facette du taux de participation à l'emploi. Beaucoup de laissés pour compte ne sont plus statistiquement dénombrés comme chômeurs.

Les statistiques et les chiffres passent en économie pour des vérités absolues, mais en réalité ce sont des instruments de manipulation très aptes à faire prendre des vessies pour des lanternes et des bulles financières pour des hausses de prix justifiées.

Pour la plupart des gens l'origine de la crise est dans « l'ultralibéralisme », l'économie de marché, la concurrence sauvage, la dérégulatation, l'euro qui laissent circuler librement les personnes et les capitaux. C'est ainsi que les partis opposés à l'économie de marché et à la libre circulation des biens et des personnes (et en général opposés aussi à la libre circulation des idées) ont connu une poussée spectaculaire aux élections européennes.

Cette analyse n'est pourtant pas la bonne. A l'origine de cette crise on trouve d'abord la création monétaire et le dévoiement de la monnaie (que ce soit l'euro, le franc ou n'importe quelle autre devise).

La monnaie n'est plus que de la dette. Des pays non compétitifs dit riches exportent leur monnaie contre des biens et services fabriqués dans les pays dits émergents ou contre du pétrole. Ces pays fournisseurs échangent ensuite cette monnaie contre la dette souveraine de leurs riches clients.

La création de crédit est confondue avec la création de la véritable richesse. On presse les banques de prêter pour financer l'économie. Une économie saine n'a pas besoin d'avoir systématiquement recours eu crédit pour se financer. L'épargne déjà constituée devrait y suffire.

Le crédit est confondu avec le capital. C'est faux. Si le crédit est accordé sans contrepartie d'épargne, l'accès au crédit n'est que de la création monétaire « à partir de rien ».

L'accès au crédit est confondu avec la solvabilité. Les taux sont manipulés pour faire croire que des emprunteurs sont sans risque et c'est ainsi que la Grèce - qui a déjà fait deux fois faillite et se prépare à une troisième - emprunte à 6%.

Récemment, un courant de pensée fait surface dans les grands médias : il s'agirait de retirer le pouvoir de création monétaire aux banques commerciales pour le rendre aux États. Ce n'est pas un remède efficace. Les tripatouillages monétaires et les dévaluations n'ont jamais rendu plus riche. A-t-on déjà oublié les dérapages du franc dont les derniers remontent à l'ère Mitterrand. Faut-il rappeler que ces dévaluations ont coïncidé avec la montée du chômage de masse ? Le Japon est-il sorti d'affaire ? Il faut être niais pour penser qu'une dévaluation dispense de création de richesse et qu'on peut vivre au crochet monétaire de ses voisins.

Il serait temps de renouer avec le bon sens, de réaliser qu'une dette - privée ou publique - est une créance sur l'avenir, que lorsque la dette augmente, les revenus réels futurs diminuent (puisqu'il faut bien payer les intérêts), que la croissance est amputée et que le chômage est une conséquence logique de ce qui précède.

Assez d'intoxication. Messieurs les étatistes de droite et de gauche, laissez-nous une monnaie saine, ne vous mêlez pas de nos affaires. N'imaginez pas savoir de quelle quantité de monnaie l'économie aurait besoin ; rappelez-vous que vous avez du mal à évaluer la largeur des trains. La création monétaire pilotée par les banques ou par l'État ne nous rendra jamais riche. Brisons le cercle infernal du toujours plus d'État pour corriger toujours plus d'échecs de toujours plus d'interventions.

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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