Alors que la France se prépare à un hiver 2022-2023 plus que compliqué sur le front de l’énergie, entre parc nucléaire à moitié arrêté et difficultés d’approvisionnement du gaz sur fond de pressions de la Russie, le patronat campe sur ses positions. Le télétravail, selon Geoffroy Roux de Bézieux, ne ferait pas baisser la consommation énergétique de la France. Sauf que… si.
Le Medef toujours opposé au télétravail
Fortement attaché au management à l’ancienne, avec des salariés au bureau et un chef qui leur respire dans le cou, le Medef s’oppose à une nouvelle vague massive de télétravailleurs. Si le patronat y a été contraint durant la crise sanitaire, il ne veut pas que la crise énergétique fasse de même. Le risque, pour les entreprises françaises : que les Français y prennent réellement goût.
De fait, invité sur France 2 le mercredi 7 septembre 2022, Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, s’est positionné contre le télétravail pour économiser de l’énergie. « Je ne crois pas que cette solution permette d'économiser de l'énergie, malgré ce qu'on en dit », a-t-il déclaré.
Le patron des patrons met en avant « la fermeture des bureaux », pour justifier ses propos, ainsi que les « dépenses supplémentaires aux domiciles ». Des dépenses qui pourraient être compensées, pour les salariés, par une augmentation de salaire ou des primes, surtout que les entreprises auraient moins de frais avec la fermeture des bureaux.
Au contraire, voulant absolument que les salariés se rendent sur leur lieux de travail, Geoffroy Roux de Bézieux propose une solution… d’un autre temps : la limitation du chauffage des bureaux à 19 degrés. Une mesure qui avait été prise en 1974 à cause du choc pétrolier. Sauf que la crise n’était pas exactement la même…
Les faits démentent les propos de Geoffroy Roux de Bézieux
Si le patron des patrons ne croit pas « ce qu’on en dit » concernant la réduction de la consommation en cas de télétravail… RTE lui donne tort. En 2020, lors des confinements et donc du télétravail généralisé, la consommation électrique a baissé de 3,5% sur l’année par rapport à 2019, et même 20% lors des moments les plus stricts du confinement.
La raison ? Le fait que chauffer des bureaux, des couloirs, des salles communes et des open spaces consomme bien plus que chauffer un bureau à la maison. Et il ne faut pas oublier que bien qu’au bureau, les salariés chauffent un minimum leur maison malgré tout, ce qui fait une double consommation.
Outre le chauffage, l’éclairage aussi est bien différent dans une entreprise (où tout est illuminé) et dans une maison. Et ce, sans compter l’économie d’énergie liée à l’absence de nécessité de faire le trajet domicile-travail tous les jours.
Télétravail, oui, mais généralisé
Néanmoins, comme l’explique Andreas Rüdinger de l’IDDRI (l’Institut du Développement Durable et des Relations internationales) sur Radio Classique : « si les bureaux chauffés et éclairés à l’identique accueillent uniquement la moitié du personnel, les autres qui travaillent à domicile ont une consommation supplémentaire ». Il faut donc du vrai télétravail généralisé, au moins des journées entières et pour tous.
Ce n’est pas gagné, vue la position du Medef sur la question et le gouvernement qui ne semble pas enclin à imposer cette mesure, préférant laisser le choix aux entreprises...