Avec Emmanuel Macron, la France va-t-elle rejoindre la solide croissance européenne ?

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Par Daniel Moinier Publié le 21 juin 2017 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
1,1 %La croissance française pour 2016 a été de 1,1 % selon l'Insee.

La commission Européenne a présenté tout dernièrement les résultats et les prévisions économiques des 28 membres de l’Union européenne. Une croissance solide semble s’être bien installée avec 1,7% en 2017 et 1,8% prévu pour 2018.

Pour 2017, la performance serait certainement un peu meilleure que ce qui avait été envisagé en début d’année. Il est même escompté pour l’ensemble de l’Union une croissance de 1,9%, du jamais vu depuis plusieurs années !

En ce qui concerne la France, après quatre années de stagnation, en 2016 l’activité économique a retrouvé une reprise mais très poussive par rapport aux niveaux européens. Le PIB a connu une hausse de seulement 1,1% par rapport à 2015. Vous allez dire que c’est beaucoup mieux que les 0,3 de 2013 et 0,4 de 2014, mais ce n’est pas mieux que les 1,1 de 2015 ! Malgré tous les plans de relance et une conjoncture très favorable.

En Europe, sur 28 membres, treize ont enregistré une croissance de plus de 2% du PIB. Le premier pays est de loin l’Irlande qui avec ses 7,8% fait figure de « fusée ». Le suivant est Malte avec 6,3%, le Luxembourg 4,8%, la Suède 4,1%, la Roumanie 3,8%, la Pologne et la Slovaquie 3,6%, l’Espagne 3,2%, la Bulgarie 3%, la Hongrie et la Slovénie 2,9%, la Lettonie 2,7%, le Royaume-Uni 2,3% et les Pays-Bas à 2%. Ensuite vient les neuf pays qui se situent entre 2 et 1% de croissance : l’Allemagne 1,7%, la Croatie, la Lituanie et Chypre 1,6%, le Portugal 1,5%, la Belgique 1,4%, la France avec l’Estonie 1,1%. Enfin trois pays ont une croissance faible à moins de 1% : l’Autriche 0,9%, l’Italie 0,8%, et la Finlande 0,5%. Le seul pays qui reste en récession c’est la Grèce avec un PIB en recul de 0,2%.

Suite à cette hausse du PIB, le chômage retrouve le niveau de fin 2009 à 9,6% dans la zone euro mais à 8,2% dans l’Union Européenne. En 2015, il était à 10,5% pour la zone euro et de 9% pour l’Union à 28. Ce qui représente 20,065 millions de personnes au chômage dans l’UE 28 et 15,571 millions dans la zone euro.

Pour la France, il faut remarquer que depuis 35 ans le taux de chômage a presque triplé passant de 3,5% en 1980 à 10,4% en 2015 et 9,7% en 2016. (Hors outre-mer) De son côté le chômage des jeunes a baissé presque partout, sauf dans quatre pays : Chypre, Italie, Estonie, Danemark. Les baisses les plus importantes ont été observées en Croatie, Espagne et Portugal. La France avec ses 26,2% en 2015 et 24% en 2016, se situe très loin de notre voisin Allemand avec ses 6,5% ! Si l’on prend le taux d’activité de ces jeunes, puisqu’avec 4,5 points de moins que la moyenne de l’UE, nous sommes loin des autres!

L’Europe est partie depuis trois années sur une progression continue de la croissance, ce qui n’a pas été le cas de la France. Il a fallu attendre 2017 pour connaître quelques frémissements avec d’ailleurs une légère baisse concomitante du chômage. En ce qui concerne cette dernière, sur les deux années passées 2015,2016, la croissance a été décevante malgré le fameux « alignement des planètes » (Euro faible, taux d'intérêt à des plus bas historiques, énergie bon marché). Les experts prévoient une croissance à 1,3 % en 2017 et 1,4% en 2018. Une modeste accélération que confirment les enquêtes récentes.

La Courbe par habitant est bien plus parlante que la courbe globale de La France. On peut constater le très net décrochage depuis 2009 du revenu par habitant.

Ce scénario est en bonne partie déterminé par un assez bon environnement économique, financier européen et mondial. Mais aussi par certaines mesures mises en place ou à venir par le nouveau gouvernement Macron. Les facteurs de soutien externes continuent de jouer un rôle assez favorable, même si les taux longs amorcent une remontée ainsi que le pétrole. Autre effet favorable qui continue de soutenir l’économie, c’est encore le CICE et le Pacte de Responsabilité même si leurs performances restent limitées par un taux de chômage élevé, un déficit de compétitivité, une balance du commerce extérieure toujours très négative.

La stratégie du nouveau Président va-t-elle permettre de booster la croissance, comment et à quel niveau ?

Sa trajectoire budgétaire prévoit une croissance modérée avec une réduction du déficit public lente au début, puis une baisse plus importante pour arriver à moins 1% en 2022. Pour y parvenir, il prévoit d’économiser 60 milliards, 25 milliards sur la partie sociale, 25 milliards sur les comptes de l’état, 10 milliards dans les collectivités locales. En plus il devrait s’ajouter, 10 milliards par rapport à la baisse du chômage (prévu de 9,6 à 7%), 15 milliards sur la limitation des dépenses de maladie.

Mettre en place un plan d’investissements de 50 milliards étalé sur 4 années. Le Président veut commencer par investir avant de réduire à terme la dépense publique : Transition écologique, notamment par la rénovation thermique des bâtiments publics, la modernisation des administrations publiques en priorité par la numérisation des dossiers papiers notamment d’identité, soit 1000 postes de moins de fonctionnaires. En parallèle, des investissements pour la formation, la santé, l’agriculture, les transports, les équipements collectifs. (Voir le graphique ci-dessous).

La toute première réforme, c’est celle du Droit du Travail, puis une loi de programmation des finances publiques pour les cinq années à venir. Les 35 heures resteraient inscrites dans le Code du travail, mais les entreprises auraient la possibilité de changer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires en cas d'accord d'une majorité de représentants syndicaux ou d'une majorité de salariés en cas d'accord avec une minorité salariale. Le plafonnement des indemnités qu'un salarié peut obtenir aux prud'hommes s'accompagnerait d'une révision de l'assurance chômage, ouverte aux salariés démissionnaires une fois tous les cinq ans, mais aussi aux indépendants, dans des conditions qui restent à préciser. La réforme du marché du travail devrait permettre de décentraliser les négociations sociales entreprise par entreprise ou par branche.

Liste des autres principales mesures du plan Macron :
Révision de la formation professionnelle pour ceux qui en ont réellement besoin.
Suppression de nombreuses normes avec une règle de stabilité Loi sur la mobilité et le logement avec des procédures ultra rapides.
Réforme des retraites à long terme avec la mise en place d’un régime unique sur le modèle suédois.
La suppression de l’ISF sur les valeurs mobilières.
Diminution progressive de l’impôt sur les sociétés de 33 à 25%.
La suppression totale des charges patronales au niveau du smic.
La transformation du CICE en baisse de charges pérennes.
La suppression de la taxe d’habitation en trois étapes pour 80% des assujettis.
Une baisse des cotisations salariales (env 250 euros par an pour une personne au smic).
Hausse de la CSG sauf pour les plus modestes.
Exonération des heures supplémentaires de cotisations patronales et salariales.
Augmentation de la prime d’activité de 50%. (80 euros en moyenne).
Augmentation du minimum vieillesse de 100 euros par mois.

Une telle politique économique peut-elle réussir ? « Emmanuel Macron veut utiliser la reprise attendue de la croissance pour améliorer, modérément, les comptes des entreprises, des ménages et, dans une moindre mesure, de l'État ». Il sera jugé sur les faits.

La réforme qui manquera le plus pour réellement booster la reprise, c’est celle de l’augmentation des temps de travail et d’activité. Rien sur les 35 heures ou presque, rien sur les 62 ans de départ en retraite ! Quant on sait qu’une heure de plus travaillée (payée) rapporte 22 milliards et qu’augmenter les départs en retraite d’une année, c’est 60 milliards de plus par année également dans l’économie française.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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