Voilà une information qui ne fait pas la “une” des journaux et qui pourtant, sans être alarmante, n’est pas anodine non plus.
Souvenez-vous : il y a quelques mois, je vous parlais des difficultés financières d’une banque autrichienne (pas la plus grosse) dont le sauvetage avait eu pour conséquence de venir réduire considérablement le budget de l’éducation nationale autrichienne de plusieurs milliards d’euros.
Je vais donc vous expliquer où nous en sommes et ce qu’il se passe puisque cette banque est en faillite, et aussi quelles sont évidemment les conséquences pour vous, bien que normalement, vous devriez être capable de les deviner tout seul si vous me suivez régulièrement.
Hypo Alpe Adria HETA : haircut de 54 %, la Carinthie retient son souffle
Un “haircut”, pour celles et ceux qui ne supportent pas tous ces anglicismes, c’est littéralement une “coupe de cheveux”, sauf que les cheveux coupés, en l’espèce, c’est votre pognon, ce qui est nettement moins drôle. Mais dans notre époque terrible de politiquement correct étouffant et oppressant, on ne dit pas “faillite”, ou “pertes” mais “haircut”. De la même manière que l’on ne dit pas défaut de paiement ou non remboursement des dettes, mais… “crédit event”, ou “événement de crédit” en bon français, ce qui inquiète nettement moins madame Michu lorsqu’elle regarde le JT du soir en tant que ménagère de moins de 50 ans !!
Bref, il y a environ un an, la bad bank HETA, zombie de la banque en faillite Hypo Alpe Adria, assombrissait le paysage bancaire européen lorsqu’on découvrait un nouveau trou financier à combler. Aujourd’hui, le régulateur autrichien vient de décider d’un haircut de 54 % pour les créditeurs seniors. L’Autriche devient ainsi le premier pays européen à appliquer les nouvelles règles de renflouement interne de l’Union, ou bail-in.
Cependant, les créditeurs et la Carinthie n’ont pas encore dit leur dernier mot. S’ils exigeaient d’être remboursés jusqu’au dernier centime, certains acteurs du dossier, comme les assureurs, pourraient désormais tenter d’obtenir un remboursement à 92 % via un accord à l’amiable. D’autres resteraient intransigeants, n’étant prêts à discuter que de l’extension de l’échéance des obligations.
Pour la Carinthie, province autrichienne qui était la propriétaire jusqu’en 2007 de Hypo Alpe Adria, l’enjeu est de taille : les créditeurs pourraient se retourner contre elle en ce qui concerne les obligations émises avant 2007.
D’après Bloomberg, la résolution judiciaire de ce dossier prendra probablement des années. Néanmoins, le précédent existant, HETA pourrait bien avoir ouvert la boîte de Pandore en demandant à ses créditeurs de contribuer à son renflouement. Et si cela ne devait pas s’avérer suffisant, les épargnants seraient les prochains à être sollicités pour combler les trous.
Pour le moment, ce sont les détenteurs d’obligations qui sont concernés !
Oui, vous savez les bonnes obligations qui remplissent votre contrat d’assurance vie fonds euros… Eh bien les détenteurs d’obligations de cette banque viennent de se voir “tarter” de 54 % ! Ils ont en une seconde perdu 54 % de leur investissement initial… Et comme dit la pub, ce n’est pas fini !!
Et qui sont ces détenteurs d’obligations de cette banque autrichienne ? Eh bien vous trouverez en particulier la Commerbank, qui est toujours dans les coups avec la Deutsche Bank, et PIMCO qui n’est rien d’autre que le plus gros fonds obligataire de la planète et qui a été récemment racheté par… Allianz, le plus gros assureur allemand…
Quelles conséquences pour vous ?
Pour le moment, strictement aucunes ! Normalement, vous ne serez pas impacté par cette faillite ; en revanche, cette banque n’est pas “sauvée”, elle est mise en faillite ordonnée.
Les détenteurs d’obligations perdent leur argent. Les clients risquent de perdre leurs dépôts et, dans tous les cas, les pertes sont prises par les actionnaires, les détenteurs d’obligations et enfin les clients, exactement comme c’est prévu par la nouvelle réglementation européenne sur la résolution des faillites bancaires.
Il n’y a donc aucune surprise
Il y a néanmoins un élément essentiel. Désormais, les banques ne sont plus trop grosses pour faire faillite, et parier sur le fait que votre banque sera sauvée quoi qu’il en coûte devient chaque jour un peu moins sérieux.
Plus que jamais, vous devez débancariser au mieux, et pour les parts que vous ne pouvez pas sortir et investir en actifs tangibles, les assurer en particulier avec des métaux précieux qui ont l’avantage évident de la liquidité.
Au bout du compte, ne vous leurrez pas : quand il y aura une faillite, c’est vous qui paierez et devrez encaisser les pertes.
En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae