Ce ne sont ni Alexis Tsipras, ni le FN, ni même un groupuscule d'anticapitalistes et amateurs de la déflation à le dire mais un des plus importants Think Tank européens, l'Institut Bruegel de Bruxelles. Selon son dernier rapport publié le 1er avril 2015 l'austérité en Europe a créé du chômage, de la pauvreté et a mis en danger une génération entière, celle des jeunes d'aujourd'hui. Et non, ce n'est pas un poisson d'Avril de mauvais goût.
Les personnes âgées favorisées par rapport aux jeunes
L'Institut Bruegel est sans appel et fait la morale à l'Union Européenne et aux politiques d'austérité. Elles ont été tout simplement une catastrophe pour les jeunes qui ont été relégués au second plan. Car malgré ce qui peut apparaître, surtout au niveau des retraites, ce sont les personnes âgées qui ont été mises sur le devant. Oubliés, les jeunes souffrent.
L'analyse peut paraître étonnante mais Zsolt Darvas et Olga Tschekassin, qui ont publié le rapport en question, estiment que "la dépense sociale pour les personnes âgées a été favorisée par rapport à la dépense pour les familles, les enfants et l'école".
De fait, le résultat est simple : "il y a une augmentation de l'écart générationnel entre personnes âgées et jeunes" en termes de dépenses sociales.
Sauver les banques a augmenté la pauvreté
Après la crise de 2008 de nombreuses banques européennes ont été "sauvées" de la faillite ce qui a conduit à une "réduction des dépenses sociales" puisque "le coût de sauvetage des banques a été très élevé" pour les pays de l'Union. Résultat : entre ça et la réduction des impôts payés par les entreprises la pression sociale et fiscale pour l'ensemble de la population a augmenté. Le gouvernement français vient tout juste de s'en rendre compte, Manuel Valls ayant estimé que ne pas avoir baissé les impôts plus tôt a été une grave erreur.
Au final, le résultat a été une augmentation de l'écart entre les pays du Nord et du Sud de l'Europe, avec notamment la crise espagnole et la crise grecque. La pauvreté et le chômage (qui devrait continuer d'augmenter en France en 2015) en sont les effets les plus visibles.
L'austérité était... inutile dans certains pays
L'Institut Bruegel estime même que si certains pays ont peut-être bien fait d'adopter une politique d'austérité, ce n'était pas du tout nécessaire dans d'autres pays d'Europe, notamment les pays du Nord qui allaient bien mieux économiquement malgré la crise. Mais l'Union Européenne a fait pression sur les gouvernements.
La jeune génération a donc été sacrifiée ce qui pose un réel problème : elle représente le futur et la croissance à moyen et long terme. Selon le rapport "il y a un sérieux risque de perdre une génération dans divers états-membres qui plomberait les perspectives de croissance [...] ce qui ajouterait encore des coûts humains et sociaux".
Un changement de cap et la fin de l'austérité
Mais tout n'est pas perdu selon l'Institut : il y a une solution et c'est un changement radical de cap politique. Il faut en finir avec l'austérité.
Il faut, selon les chercheurs, "des politiques fortes, de grandes réformes structurelles, des stratégies en faveur de la demande et une révision des systèmes d'imposition et de dépenses sociales qui permette une meilleure égalité entre riches et pauvres".
Sans ça l'Europe file droit vers un mur.