De l’augmentation des taux aux taux négatifs ! Le grand écart de la FED

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Par Charles Sannat Publié le 19 octobre 2015 à 10h15
Taux Negatifs Fed Bourse Banque Centrale Interets Argent
@shutter - © Economie Matin
0,75%Le Livret A ne rapporte plus que 0,75% par an.

La croissance est forte aux Etats-Unis et la reprise est telle qu’avec un chômage sous les 6% c’est presque le plein emploi. Pour faire face à ce trop plein de richesses et de croissance économique la Banque Centrale va se « fâcher » et augmenter ses taux d’intérêt…

Attention, Oyez-Oyez braves marchés, ici la FED nous allons monter nos taux d’ici le milieu de l’année…

Attention, Oyez-Oyez braves marchés, ici la FED nous allons monter nos taux d’ici la fin de l’année…

Attention, Oyez-Oyez braves marchés, ici la FED monter nos taux d’ici la fin de l’année est encore possible…

Attention, Oyez-Oyez braves marchés, ici la FED finalement on va peut-être pas monter nos taux d’ici la fin de l’année…

Attention, Oyez-Oyez braves marchés, ici la FED « alors que c’était jusque-là impensable, on ne peut plus exclure l’hypothèse de taux négatifs puisque l’idée fait peu à peu son chemin » hahahahahaha, hihihihihihihihih houhouhouhouhouhouhou…

Bon je rigole, je rigole, c’est vrai. Ce n’est pas que je vous le dis depuis le départ mais presque et oui cela fait plaisir, « intellectuellement » s’entend, de voir ses analyses confirmées par les faits. Je précise bien intellectuellement, car les conséquences économiques de toute cette situation, elles, ne font pas plaisir et ne prêtent évidemment pas à sourire.

La FED comme toutes les autres banques centrales est prise dans le piège des taux bas.

Je le dis et le répète inlassablement depuis plusieurs années en passant pour un âne dans les dîners en ville lorsque j’affirme qu’il n’y a pas de croissance aux Etats-Unis, pas de croissance économique saine, autonome et auto-entretenue.

Il y a de la croissance, oui, la croissance des dettes ou de l’impression monétaire. Personne ne veut remarquer la gestion hyper-efficace de l’alternance du « découvert » ! Soit c’est le gouvernement fédéral qui fait du déficit, soit c’est la Banque centrale qui fait de l’impression monétaire soit, c’est même les deux en même temps, le tout à grand renfort de communiqués de presse victorieux vous expliquant que tout est parfaitement sous contrôle, version moderne du « tout va très bien madame la marquise ».

Reprenons, nous sommes assis sur un amas de dettes. Ces dettes ne pourront être remboursées qu’avec une croissance économique forte. Depuis 2007, côté croissance, et le phénomène est mondial, c’est plutôt morne plaine et disette généralisée.

Donc sans croissance économique et avec des dettes dépassant les 100% du PIB partout, cela veut dire qu’avec des taux d’intérêt à 4% ce qui n’est pas énorme en soit, et un ratio dette/PIB de 100% et une croissance 0… le paiement des intérêts de la dette c’est l’équivalent d’une récession de 4 points de ce même PIB… autant dire que dans un environnement de croissance 0 des taux à 3 ou 4% sont impossibles. De tels taux (pourtant pas élevés en termes historiques) mettraient tous nos pays en faillite. C’est pour cette raison que les taux ne peuvent pas monter et qu’il est même nécessaire de les voir baisser et tendre vers 0 pour être conforme au taux de croissance.

Je vais être encore plus clair et vous donner un truc… quand il y a 5% de croissance les taux sont au moins à 5% ! Quand il y a 3% de croissance les taux sont au moins à 3 et lorsque la croissance est à 0 pendant une période relativement longue, les taux doivent aussi être à 0 et c’est évidemment ce qu’il se passe.

Les taux négatifs… c’est l’avenir !

Lisez ce que dit ce pasage édifiant de cet article des Echos sur les taux négatifs aux Etats-Unis…

« La Fed avait envisagé des taux négatifs en 2008 puis en 2012 mais elle avait reculé de crainte d’effrayer les investisseurs et d’accroître un peu plus les tensions d’un marché monétaire dont le taux de base (Fed funds) était établi dans une fourchette de 0% à 0,25%, où il demeure encore aujourd’hui.

Mais il se trouve que la Banque centrale européenne (BCE) et ses homologues suisse, suédoise et danoise ont eu recours au procédé ces deux dernières années avec un certain succès.

« J’observe la chose avec un grand intérêt, et je suis sûr que mes collègues font de même, pour déterminer si les banques centrales disposent d’un tel outil si besoin à l’avenir », a dit le président de la Fed d’Atlanta Dennis Lockhart la semaine dernière, au sujet de ce qu’il a qualifié d' »expérimentations » en Europe.

Lael Brainard, l’un des gouverneurs de la Fed, a fait une allusion indirecte aux taux négatifs lundi lorsqu’elle a dit: « Nous gagnerons à étudier et à apprendre » de l’expérience européenne. Elle a également estimé qu’un resserrement des taux devrait être repoussé ».

Encore une fois, il n’y a aucune autre possibilité dans un monde sans croissance que de voir les taux proches de 0 voire en dessous et cela ne sera pas sans poser d’immenses problèmes économiques…

Les taux c’est le prix de l’argent, quand les taux sont à 0, l’argent ne vaut rien et votre épargne itou…

C’est cela que vous devez garder à l’esprit. Votre épargne dans un univers de croissance 0 générant des taux 0 ou pire négatifs au mieux ne rapportera rien… au mieux, car au pire elle va perdre de la valeur.

Prenez les contrats d’assurance-vie par exemple. Le placement préféré des français qui continuent d’ailleurs d’investir des fonds dessus, poussés par leurs gentils banquiers qui leurs veulent du bien et qui expliquent « ma brave dame, le livret A rapporte 0,75%, alors vous me prendrez bien un peu de fonds euros en plus à 1,5% ou 2%… en plus avec l’assurance-vie on paye moins d’impôts » !!!

La brave dame qui pense faire une bonne affaire (ça marche aussi avec le brave type) ne se demande pas pourquoi elle paierait moins d’impôts sur de l’assurance-vie que sur autre chose et se demande pas pourquoi les assurances-vie versent des rendements un peu supérieurs, ni même quoi que ce soit d’autre. Non le banquier lui a dit « c’est garanti »… sauf qu’en ce bas monde rien n’est garanti, que votre assurance-vie fonds euros est constituée d’obligations d’Etats c’est-à-dire d’emprunt d’Etats plus ou moins solvables, que si les taux sont plus élevés que le livret A c’est parce que l’épargnant prête à 30 ans à son Etat insolvable, et que si les impôts sont moins forts sur un tel placement c’est parce que l’Etat a besoin de votre argent et qu’à un con-tribuable pressuré mettre une petit carotte fiscale fait toujours son effet et permet de drainer votre épargne en douceur, là où on veut exactement vous faire aller…

La nasse va se refermer !

Ceux qui sont chasseurs ou pêcheurs le savent… l’important c’est la stratégie pour rabattre le gibier, l’amener vers les tireurs et là, c’est le carnage. Aucune possibilité de s’échapper.

C’est ce qui va vous arriver. La nasse va se refermer sur les épargnants et c’est déjà le cas. La première spoliation a lieu lorsque votre épargne ne rapporte rien. Si l’inflation c’est « l’euthanasie du rentier » les taux bas aussi. Les taux négatifs j’en parle même pas. D’ailleurs en Allemagne, les taux minimum garantis vont être supprimés… comme quoi il n’y a rien de véritablement garanti dans un univers économique de politiques monétaires « non-conventionnelles ».

Au mieux vos placements ne rapporteront plus rien. Au pire la nasse se refermera et les chasseurs vous attendent à l’orée du bois, fusils chargés. Car tout le cadre juridique nécessaire à ce grand ramassage de l’épargne est déjà en place. Au niveau européen, mais aussi très concrètement dans le cadre des législations françaises en particulier celles régissant les assurances-vie.

Dans ma rubrique « P » (pour patrimoine) de ma lettre STRATAGIE j’analyse ces éléments et dans le prochain numéro vous découvrirez de quoi vous faire frémir sur les contrats d’assurance-vie et le code des assurances… c’est passionnant ! J’explique tout ici.

Sachez qu’il y a des solutions et ces solutions devront passer par des constats économiques suivis de choix personnels forts en termes d’allocations d’actifs.

Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Article écrit par Charles Sannat sur son blog Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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