Dans l’affaire du prêtre égorgé, il va vraiment faire vilain pour l’exécutif. Selon les premiers éléments colportés notamment par une sénatrice, l’un des terroristes qui a égorgé un prêtre était sorti de prison, muni d’un bracelet électronique, le 22 mars.
L’un des terroristes de Rouen, d’après les premiers éléments de l’enquête, serait sorti de prison le 22 mars 2016 et serait passé par la Syrie. Que ce soit Merah, Coulibaly…, ils ont tous le même profil. Radicalisés, ils sont sortis de prison et passent à l’acte. Ce n’est pas acceptable, on ne peut pas laisser des gens sortir de prison sans les accompagner. On ne peut pas continuer à laisser des terroristes en liberté dans nos rues ! Il faut arrêter la politique compassionnelle. On ne peut pas vivre un attentat, un deuil national tous les 15 jours… Il faut se mettre au boulot.
On mesure immédiatement les complications explosives que ce dossier comporte pour François Hollande.
Le prêtre égorgé faute d’une réorganisation administrative?
D’emblée, le sujet qui sera posé tournera forcément autour de la capacité de l’exécutif à mettre ses fonctionnaires au travail. De fait, après l’affaire Merah, après l’affaire Coulibaly, après les affaires Kouachi, après les parcours de plusieurs islamikazes au Bataclan, le service public au sens large donne le sentiment de ne tirer aucune leçon de ses erreurs, et de se cantonner à une arrogance de mauvaise aloi.
Lire mon article sur les défaillances policières face au terrorisme...
Une fois de plus, l’articulation entre la justice, l’administration pénitentiaire et le renseignement ne s’est pas faite. C’est pourtant un point soulevé lors des attentats du 13 novembre, notamment devant la commission parlementaire.
L’exécutif tient-il ses fonctionnaires? Est-il capable de leur imposer les réorganisations indispensables? On a beaucoup entendu Cazeneuve critiquer ses prédécesseurs d’avant 2012… On attend qu’il montre de quoi il est capable.
Plutôt qu’une polémique, une politique !
La question est de savoir si l’exécutif est aujourd’hui capable de changer sa méthode et de manifester autre chose que du mépris pour les attentes de la société civile en matière de sécurité. Jusqu’ici, il a laissé peu d’espoir à ceux qui attendaient de lui une réponse à la hauteur des enjeux.
Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, l’exécutif apporte deux types de réponses au terrorisme. D’une part, un accroissement des moyens dont la commission parlementaire a montré qu’ils étaient parfois surdimensionnés par rapport à l’usage effectif qu’en fait la police. D’autre part, des postures de communication avec de grandes phrases patriotiques qui suscitent un rejet de plus en plus fort de la part de l’opinion publique.
Responsabiliser la hiérarchie policière
Une fois de plus, la France fait l’expérience de l’aberration que constitue le statut de la fonction publique. Conçu pour éviter la politisation des services, il obéit aux règles inverses aujourd’hui. La haute fonction publique, y compris dans la police, est politisée. Et, à l’abri du statut, elle donne libre cours à la connivence sans se soucier de son efficacité.
Le bon sens consisterait aujourd’hui, pour l’exécutif, à enjoindre à ses fonctionnaires de réussir. Sans quoi, la garantie de l’emploi ne devrait plus jouer.
Un besoin d’une riposte à la hauteur
Les appels lénifiants n’aideront pas l’exécutif à ramener la concorde dans le pays. Le peuple français n’a plus besoin de mots. Il a besoin de décisions suivies d’effets. Il a besoin d’avoir confiance dans ses forces de l’ordre. Il a besoin de ne plus se sentir méprisé ou accusé de « complotisme » lorsqu’il demande des comptes à ses fonctionnaires et à leurs ministres.
Cette inversion de la courbe du mépris va vite devenir vitale, parce que François Hollande risque de découvrir le second effet « kiss cool » de ses postures médiatiques. Tôt ou tard, face aux défaillances de l’Etat et à l’incapacité de les évoquer, des citoyens agiront par eux-mêmes. Et ce jour-là, la situation sera très très mauvaise…
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog