Un nouveau lieu consacré à l'art numérique ouvre à Paris, les moyens et l'ambition sont présents, mais quelques réglages restent à faire.
Le nom de Culturespaces est peu connu, il s'agit pourtant de l'un des principaux acteurs culturels privés en France, cette société gère plusieurs institutions marquantes comme le Musée Jacquemart-André, le Musée Maillol, les Arènes de Nîmes, le Théâtre antique d'Orange ou la Cité de l'automobile à Mulhouse. Et également un site qui connaît un large succès tous les étés, les Carrières de Lumières des Baux-de-Provence : sur les hauts murs de cette ancienne carrière sont diffusées des tableaux de grands peintres avec un accompagnement musical.
Désormais les Parisiens et les Franciliens pourront en profiter toute l'année avec l'Atelier des Lumières, 38 rue Saint-Maur dans le 11e, qui ouvre le 13 avril. Situé dans une ancienne fonderie, le site offre 2000 mètres carrés au sol, 3300 mètres carrés de surfaces de projection, des murs de 10 mètres de hauteurs, une fascinante pièce recouverte du sol au plafond de miroirs, le tout étant animé par 140 vidéoprojecteurs et 50 enceintes. L'effet d'immersion est total. Le prix d'entrée est de 14,50 euros, comme les expositions du Grand Palais.
Le spectacle d'ouverture est consacré à Klimt, avec la Sécession viennoise et Schiele. L'impression visuelle est splendide mais on se permettra de relever une flagrante faute de goût dans la bande-son, réalisée par Luca Longobardi : alors que cette peinture gorgée de couleurs, le modernisme qu'elle représente, mais qui n'est pas encore l'abstraction, la ville où elle se répand, appellent à l'évidence la musique d'un autre Viennois, à savoir Gustav Mahler, celui-ci n'a droit qu'à quelques minutes, et pas les plus caractéristiques de son écriture. Passe encore pour Wagner au début, mais on doit par contre subir l'anachronisme complet de la Neuvième de Beethoven, d'un concerto pour piano de Chopin (!), de Madame Butterfly de Puccini, l'exaspérante cadence d'un concerto pour piano de Rachmaninov, ou encore une inexpressive pièce de Philip Glass. Le contresens est complet, aucun compositeur de l'Ecole de Vienne, active à la même époque, n'est cité, pourtant Schoenberg (époque post-romantique) ou Berg auraient à l'évidence mieux convenu. Une faute artistique qui traduit une ignorance confondante.
Bref. Un autre spectacle, plus court et plus anecdotique, présente les œuvres de Hundertwasser (1928-2000), largement inspirées de la Sécession. Prévu pour le Studio, un spectacle d'images et de musique électroniques du groupe OUCHHH, "basé à Istambul, Los Angeles et Londres" et intitulé "Poetic_AI" a été projeté, lors de la visite presse, dans la grande salle : le résultat est stupéfiant, parfaitement synchrone avec l'architecture industrielle, fascinant par son inventivité visuelle et son impact sonore. Il n'est pas prévu, du moins au début, pour être diffusé dans la grande salle, mais ce sera peut-être le cas plus tard, nous a-t-on dit. On l'espère vraiment car c'est celui-ci LE spectacle de l'Atelier des Lumières.