Astana, Kazakhstan, laboratoire géant des énergies renouvelables

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Par Matthieu Guérin Modifié le 29 novembre 2022 à 9h15
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cc/pixabay - © Economie Matin
50%La loi de transition énergétique prévoit de réduire la part de nucléaire dans le mix énergétique français de 50 % à l'horizon de 2025.

L’Asie centrale, longtemps friande de combustibles fossiles, se met aux énergies vertes. Changement climatique, épuisement des ressources, volonté d’indépendance énergétique, investissements dans l’innovation, les raisons sont diverses. Chef de file de cette tendance, le Kazakhstan s’illustre par ses nombreux projets en rapport avec les énergies renouvelables, mais aussi par sa volonté de s’inscrire de plain pied dans le processus d’élaboration, à l’échelle mondiale, des solutions énergétiques de demain.

En témoignent sa participation au Sommet mondial des énergies de l'avenir 2017, à Abou Dhabi, tout comme l’organisation de l’Astana EXPO 2017. Elle réunira, dans la capitale du Kazakhstan, plus d’une centaine de pays désireux de proposer une transition énergétique efficace.

Nombre de pays d’Asie centrale sont très dépendants des combustibles fossiles. Cependant, une tendance favorisant les démarches sobres en carbone se remarque dans la sous-région, et la demande en énergies renouvelables ne cesse d'augmenter. Avec un climat favorable à l’éolien, au solaire, et un relief qui permet une exploitation hydroélectrique intéressante, les pays d’Asie centrale dispose de ressources renouvelables abondantes. Ils pourraient même réduire leurs coûts énergétiques de 20% par rapport au niveau actuel en les exploitant pleinement, d’après un modèle proposé par les chercheurs finlandais de l’université de Lappeenranta.

Sa forte dépendance à l’exportation d’énergie étrangère (Kazakhstan, Russie, Chine) a ainsi poussé le Kirghizistan à s’intéresser aux énergies renouvelables. Le pays dispose de gisements de combustibles fossiles limités par rapport à ses voisins, ce qui l’a encouragé à regarder ailleurs pour assurer son indépendance énergétique, malgré des coûts de démarrage élevés. Des projets solaires et géothermiques sont apparus au cours des deux dernières années dans le cadre du Programme des Nations unies pour le développement. Et l’éolienne est également prise très au sérieux. Le potentiel du vent sur le territoire kirghize est estimé à 1500 MW, ce qui pourrait couvrir près de 7% des besoins en énergie des communautés rurales. Celles-ci constituent plus de la moitié de la population totale, d’après le site d’information Global Voices.

Mais la vraie locomotive de la sous-région, c’est bel et bien le Kazakhstan. Le pays a décidé de faire de la réduction significative des émissions nationales de gaz à effet de serre un objectif central de sa nouvelle politique énergétique, et ce en dépit de l’effondrement des cours du pétrole. Le ministre de l’Energie, M. Bozumbayev, souligne la détermination du gouvernement à pousser la transition verte : « Le Kazakhstan va intégrer progressivement des sources d’énergie renouvelable dans son mix énergétique jusqu’en 2020. À partir de 2020 et jusqu’en 2030, le pays suivra une approche plus active ».

Il ne s’agit pas que de mots. Le Kazakhstan a en effet embrassé l’arsenal des énergies vertes dans toute sa diversité, et ne compte pas s’arrêter là. En tout, 252 projets ont déjà vu le jour sur le territoire kazakh, pour une puissance installée de 252 MW, et 23 centrales photovoltaïques, 20 champs d’éoliennes et 10 unités de production de biomasse supplémentaires devraient sortir de terre d’ici la fin de la décennie. Objectif affiché : injecter 3% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays d’ici 2020, soit une capacité de 3 000 MW. D’ici 2050, le pays, qui s’appuie actuellement à hauteur de 80 % sur le charbon, compte faire passer la part des renouvelables dans son bouquet énergétique à 50 %.

Le Kazakhstan a aussi pris la tête d’une dynamique de recherche et développement globalisée en organisant l’Astana EXPO 2017 – un rendez-vous international autour des énergies du futur où plus de cent délégations de pays et 17 ONG sont attendues. Un laboratoire d’idées géant, en somme, qui ouvrira ses portes du 10 juin au 10 septembre prochains. Y sera notamment organisée une compétition, mettant aux prises plus de 20 projets sur le thème des « bonnes pratiques énergétiques », au sein d’un espace dédié, la Best Practice Zone.

Dans 57 pavillons internationaux, des délégations venues du monde entier exposeront par ailleurs leurs projets et prototypes afin de former des partenariats et de faciliter l’investissement dans les greentechs. A cette occasion, un quartier entier de la ville – les 25 hectares où se déroulera l’exposition – a été construit sur un réseau énergétique intelligent et interactif. Il intègre totalement les énergies renouvelables, dont la distribution sera adaptée aux besoins immédiats. Les ventilations se règleront par exemple automatiquement en fonction du nombre de personnes présentes dans les pièces. L’éclairage de nuit s’adaptera également à la circulation, ce qui devrait permettre d’économiser 30% d’énergie. Le site a par ailleurs vocation à devenir le cœur du futur quartier financier de la capitale kazakh, une fois l’exposition terminée.

Toujours afin de faire entendre sa voix, le Kazakhstan s’est illustré durant le Sommet mondial des énergies de l'avenir 2017, qui s’est tenu du 16 au 19 janvier dernier à Abou Dhabi. Il a réuni, comme chaque année depuis 2008, des acteurs de toute la chaîne de valeur (ingénieurs, chercheurs, scientifiques, sociétés spécialisées, multinationales…), mais également des représentants politiques et institutionnels et des journalistes. Avec un pavillon national particulièrement ambitieux qu’a inauguré, le 16 janvier, le président du pays Noursoultan Nazarbaïev, Astana a montré son intention de porter le développement des énergies renouvelables dans la sous-région, et donné un avant-goût de ce qui attend les nombreux visiteurs de l’EXPO 2017. Cinq millions de visites sont attendues.

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Matthieu Guérin est consultant en énergies renouvelables et solutions alternatives.

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