Les associations dans la tourmente de la crise

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Par Economie et Société Modifié le 4 novembre 2012 à 8h49

À l’occasion du 7ème Forum National des Associations et Fondations, Deloitte a présenté les résultats d’une enquête menée en collaboration avec le CNRS-Centre d’Économie sociale auprès du secteur associatif.

L’étude dresse un nouvel état des difficultés du secteur associatif, leur impact selon les types d’associations et apporte quelques préconisations, six ans après l’enquête "Trajectoires associatives" menée par le cabinet et le laboratoire Matisse du CNRS. Le secteur associatif n’a pas été épargné par la crise économique, l’un des effets majeurs étant la raréfaction des ressources au moment où les besoins de solidarité explosent.

Néanmoins, contrairement aux idées reçues, les ressources du secteur qu’elles soient privées ou publiques se sont accrues à un rythme supérieur à celui du produit intérieur brut, entraînant une augmentation régulière de son poids économique et de l’emploi salarié. Les ressources privées - dons, mécénat et surtout ventes aux usagers – représentent le plus grand soutien des associations avec une croissance deux fois plus rapide que les ressources publiques.

Ce sont les collectivités locales et principalement les départements qui ont pallié au désengagement de l’État. "Pour une grande part, les résultats de l’enquête confirment à la fois les enseignements déjà observés en 2006 dans notre précédente étude et ce que nous constatons sur le terrain : problèmes de trésorerie ou de fonds de roulement, augmentation des états de cessation de paiement malgré la volonté et l’énergie de quelques hommes et femmes engagés. La situation financière des associations traduit aujourd’hui bien plus qu’il y a 6 ans, la diminution de l’aide publique, les collectivités locales et principalement les départements palliant au désengagement de l’État", explique Jean-Pierre Vercamer, Associé Services financiers et responsable secteur associatif chez Deloitte.

"Les appels au secours d’associations dépassées par le formalisme imposé par les réglementations toujours plus nombreuses sont aujourd’hui courants", ajoute-t-il. Le nombre de créations d’associations s’est considérablement accéléré ces dernières années générant notamment une diminution des ressources, difficulté relevée par 80% des associations répondantes. 46 % déclarent souffrir de la baisse des financements publics de type subventions et 39 % de toutes les formes de financements publics. Pour 16 % des associations, la recherche de financements alternatifs qui s’appuierait sur une augmentation de la part des usagers n’est pas la solution, leur solvabilité étant de plus en plus fragile. Elles sont d’ailleurs 20 % à témoigner des difficultés croissantes à tarifer au juste prix les prestations délivrées.



Une trésorerie ou un fonds de roulement insuffisants pour faire face à d’éventuelles difficultés sont pointés par près d’un tiers des associations (31 %). Le retard dans le paiement des subventions publiques est l’une des explications pour 23 % des associations. L’insuffisance des outils de gestion à disposition, signalée par 9 % des associations, aggrave les difficultés de maitrise de la gestion et au final, près d’un quart des associations employeurs déclarent manquer de visibilité sur les perspectives à moyen ou long terme. En revanche seulement 3 % des associations ont signalé dans ce contexte des difficultés pour emprunter auprès des banques. Par ailleurs, 67 % des associations employeurs reconnaissent rencontrer des difficultés de gouvernance. Par exemple, trouver des dirigeants bénévoles pour renouveler les structures dirigeantes est une préoccupation pour 53 % des associations.

Cette problématique est particulièrement forte au sein des petites associations et des associations sportives. Les associations mentionnent en premier lieu dans ce domaine le poids des contrôles et les contraintes croissantes imposées par les pouvoirs publics, source de difficultés pour 29% d’entre elles. Les modifications législatives ou réglementaires des conditions d'exercice de l'activité sont difficiles à gérer pour 16 % des associations soit deux fois moins qu’en 2007. 15 % des associations répondantes indiquent être fragilisées dans leurs décisions par les phénomènes de "judiciarisation" croissante de la société et d’évolution des règlementations.

"Le renforcement des contraintes juridiques condamne le secteur associatif à rejeter tout amateurisme et à maintenir un professionnalisme total dans tous les domaines", commente Jean-Pierre Vercamer. Dans ce contexte, les contraintes fiscales imposées par les pouvoirs publics ne représentent de difficultés réelles que pour 6 % des associations, et principalement pour les grandes associations, laissant entendre que la réforme de la doctrine fiscale engagée en 2000, est complètement digérée. Le contexte de forte professionnalisation associé à une concurrence de plus en plus vive conduit le secteur associatif à rechercher des acteurs qualifiés, aussi bien en matière de bénévolat que d’emplois salariés. Or trouver ou conserver des salariés qualifiés constitue pour 29 % des associations employeurs une réelle difficulté. Pour 22 % d’entre elles, celle-ci tient à l’impossibilité d’assurer un niveau de rémunération correct.

"Les associations sont incontestablement fragilisées aujourd’hui par un double contexte de mutations et de crise économique. Elles se heurtent en particulier à d’importantes difficultés liées à la raréfaction et la transformation des financements publics. Elles ont également d’importantes difficultés à trouver et conserver les salariés et les bénévoles qui ont les compétences nécessaires, dans le contexte d’encadrement croissant de l’activité et de forte professionnalisation que connaît le secteur pour survivre et lutter contre la concurrence", déclare Viviane Tchernonog, chercheur au CNRS, au Centre d’Economie de la Sorbonne.

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Economie et Société est un webzine consacré à la vulgarisation de l'information économique dont Economie Matin est partenaire. Il est animé par le journaliste Vincent Paes.

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