En fait de porte-monnaie, c'est plutôt d'ailleurs du coffre-fort de l'Ukraine dont-il s'agit puisque Moscou, pardon, Gazprom, le conglomérat gazier russe, réclame 4,2 milliards de dollars d'arriérés de paiement. Le problème, c'est que le porte-monnaie comme le coffre-fort de Kiev sont vides, depuis la révolution. L'argent ne rentre plus ou très mal, et l'économie du pays peine à repartir, ce qui ne facilite pas la collecte d'impôts et taxes, surtout dans les territoires russophones.
Jusqu'ici, la menace d'un arrêt des livraisons de gaz de la Russie (de Gazprom) à l'Ukraine ne semblait être brandie que pour accélérer les négociations sur le paiement des arriérés, mais lundi 16 juin, la Russie (Gazprom) a mis ses menaces à exécution, en réduisant le volume de gaz livré à l'Ukraine. Problème : une partie du gaz consommé en Europe passe par l'Ukraine. On parle tout de même de 85 milliards de mètres cubes de gaz qui ont transité par l'Ukraine l'an dernier, soit environ 15 % de la consommation européenne. Pour l'instant, le ministre de l'Energie ukrainien a promis que son pays respecterait les livraisons de gaz destiné aux pays occidentaux, autrement dit, ne pomperait pas sur le gaz destiné à d'autres. Mais jusqu'à quand Kiev pourra tenir ainsi ? Le gaz ne sert pas qu'à se chauffer en hiver, il fournit bien entendu l'eau chaude sanitaire en été, et alimente en énergie bien des usines également.
Moscou (Gazprom) et l'Ukraine s'affrontent sur la dette, non sur le principe de son paiement, mais sur les prix futurs du gaz. l'Ukraine reproche à Moscou (Gazprom) d'avoir considérablement augmenté les prix du gaz, en mesure de rétortion politique au changement de régime à Kiev. Vladimir Poutine fait mine de ne pas toucher au dossier... voire. Gazprom répond de son côté qu'il n'y a pas de raison pour que l'Ukraine ne paye pas le même prix que ses clients européens... Ce petit jeu là peu durer longtemps, enfin, peu durer quelques semaines, mais pas beaucoup plus. L'Ukraine vit sur ses réserves, mais va avoir besoin rapidement de commencer à stocker du gaz pour l'hiver. Ses réserves sont pleines aux deux-tiers de ce qu'il faut pour passer un hiver froid, mais le stockage du gaz ne se fait pas en un claquement de doigts, l'hiver 2014 se prépare plusieurs mois à l'avance.
Il ne reste plus à l'Ukraine qu'à trouver (emprunter) une partie du montant de sa facture impayée pour convaincre Gazprom de relancer les négociations. A l'Europe, ou au FMI. Ou bien il faudra que Kiev se tourne vers d'autres vendeurs plus compréhensifs, et se fasse livrer par bateau, mais cela ne s'improvise pas en quelques semaines... Il risque de faire froid à Kiev et dans toute l'Ukraine l'hiver prochain.