Economies budgétaires : après grande et muette, l’Armée finit fauchée

Jean Baptiste Le Roux
Par Jean-Baptiste Le Roux Modifié le 13 mai 2014 à 14h56

C’est Xavier Bertrand qui a mis le feu aux poudres, sans mauvais jeu de mot. Alors que Matignon a fait parvenir aux ministères des lettres de cadrage imposant de se serrer la ceinture pour économiser 18 milliards d’euros d’ici 2017 (lire ici), un "effort supplémentaire" pourrait être demandé au ministère de la Défense.

Certains appelleront ça un comique de répétition.

Manuel Valls va chercher ses milliards sous les treillis des militaires

La Défense n’en avait peut-être pas eu assez en matière de restrictions budgétaires avec le dernier Livre blanc. Voici une nouvelle salve, en l’espèce, les économies budgétaires nécessaires pour réduire le déficit de la France. Manuel Valls doit trouver 18 milliards d’euros, au seul titre de l’Etat, d’ici 2017, et compte bien mobiliser ses ministères. Evidemment, l’éducation, la justice et la police ne devraient pas être autant mises à contribution que les autres fonctions de l’Etat. On ne tire pas sur son électorat, c’est bien connu.

Néanmoins certains ministères devraient plus sentir passer les restrictions budgétaires que d’autres, comme par exemple… le ministère de la Défense. Le 11 mai dernier, c’est Xavier Bertand qui en faisait la révélation, à l’antenne d’Europe 1 (lire ici), s’émouvant d’un supposé plan d’austérité au sein des armées françaises. "Pour des calculs de comptables, on est en train de sacrifier notre défense" avait-il déclaré, mettant ainsi le monde politique en ébullition, et la majorité dans un embarras difficile à assumer.

C’est Claude Bartolone qui est finalement monté au front, déclarant que son parti n’avait pas écarté la "piste" d’un "effort supplémentaire" demandé à la Défense. Interrogé sur RTL, le président de l’Assemblée nationale s’est ainsi justifié, du mieux qu’il pouvait (lire ici ). "A un moment où on se rend compte que le monde est encore incertain, il faut que l’on soit attentif aux moyens qui vont à nos armées mais à un moment où nous voulons faire des efforts pour éviter les augmentations d’impôts et les sacrifices demandés à l’ensemble de nos compatriotes, il faut que chaque euro soit utile et que chaque euro soit pensé dans son utilisation" a donc précisé Claude Bartolone.

Défense : le plus gros plan social de l'Etat

L’argument de la hausse d’impôts… Après deux ans de hausse de la fiscalité, 30 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, Claude Bartolone a bon dos de le servir sur un plateau d’argent. Mais personne n’est dupe. Le gouvernement n’a certainement pas assez de cran pour ratisser les fonds de tiroir de l’éducation nationale ou de la justice, alors autant taxer la Grande Muette. Il est évident que Manuel Valls ne risque pas de voir les militaires descendre dans la rue et le menacer d'une grève reconductible. Le courage politique semble une denrée bien plus difficile à trouver que l’argent, au gouvernement.

Ce même Manuel Valls qui pourtant déclarait, dans un élan verbal, sur TF1, dimanche soir : "nos armées qui se battent courageusement sur différents terrains, je pense notamment au Mali et en Centrafrique, doivent être préservées". Rappelons à toutes fins utiles que ce sont les militaires, dont la tâche est par nature bien particulière, qui subissent le plus gros plan social de l’Etat avec une suppression de 80 000 postes entre 2009 et 2019.

Monsieur le Premier ministre, vous voulez arracher deux milliards d’euros supplémentaires au budget de nos armées, entre 2015 et 2017 ? Très bien ! Dans ce cas plusieurs options s’offrent à vous. Rapatriez nos troupes du Mali et de Centrafrique en expliquant que la France n’a plus les moyens de participer à des opérations extérieures. Ou bien envoyez leur des gilets tactiques déjà usagés, pour ne pas dire troués. En caricaturant à peine, il y aura toujours des familles pour pleurer la disparition d’être chers, tués au combat à la fois par les balles ennemis, et par l’inaptitude de nos élites.

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Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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