La grande capitulation de l’Argentine !

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Par Charles Sannat Modifié le 23 juin 2014 à 16h19

Depuis une semaine, la Cour suprême américaine a rendu son jugement confirmant que l'Argentine devait bel et bien payer ses dettes à ce que l'on appelle les « fonds vautours ». Depuis une semaine, les rumeurs sur une nouvelle faillite de l'Argentine n'étaient même plus des rumeurs, non, en fait l'Argentine était déjà considérée en faillite et les agences de notations (en particulier américaines) étaient déjà en train de dégrader à nouveau la note de l'Argentine !

La réalité est, comme souvent, un peu plus compliquée que ce qui nous arrive de façon simplifiée sans oublier la petite once de propagande destinée à mettre dans l'esprit des citoyens qu'une dette cela se paie et qu'il n'y a pas d'autre solution que de boire le calice jusqu'à la lie. Nous allons revenir là-dessus. Mais tout d'abord, petit arrêt sur ce qu'est un « fonds vautour ».

Un « fonds vautour », c'est quoi ?... la preuve du système totalitaire marchand !

Comme beaucoup parmi nous ont dû l'apprendre (souvent à leurs dépens), en ce bas monde on s'enrichit rarement en respectant les règles et en étant « moral ». Non, pour s'enrichir, mieux vaut être sans foi ni loi, peu regardant sur l'éthique et même savoir utiliser une certaine forme de violence. C'est d'ailleurs parfaitement valable pour le monde politique où il est rare d'accéder aux plus hautes fonctions en étant simplement gentil, honnête et travailleur (c'est un mythe que l'on vend au petit peuple pour qu'il travaille dur et se taise).

Un « fonds vautour » c'est donc un organisme financier privé qui, comme un vautour, vient se nourrir du mourant ou du cadavre du mourant – en l'occurrence un pays avec quelques dizaines de millions de vrais gens derrière la réalité des chiffres. On pourrait aussi appeler ces financiers-là (ceux qui gèrent les fonds vautours) des charognes gérant des fonds charognes... certes moins doux que « fonds vautours » presque poétique !

Donc ces charognards des fonds charognes viennent racheter à très bas prix la dette d'un pays (ou d'une entreprise) lorsque la situation semble totalement désespérée. Évidemment, comme personne ne veut de cette dette parce qu'il s'agit d'une situation avérée ou presque de faillite, cette dette ne vaut rien ou pas grand-chose. Les charognards achètent donc des titres obligataires pour quelques pour cent de leur valeur initiale. Puis ils vont exercer le maximum de recours juridiques, notamment aux États-Unis où la loi est particulièrement sévère sur les obligations des emprunteurs et protectrices des très « gentils » créanciers (au nom du respect de la propriété privée). Naturellement, en France ou en Argentine, on se fiche comme d'une guigne d'une décision de justice américaine, sauf que... si vous n'obéissez pas à une décision de justice US, vous vous retrouvez immanquablement cloué au pilori des marchés financiers dominés de façon écrasante par le monde anglo-saxon et donc américain.

La réalité de notre monde, où nous sommes tombés dans la dépendance à l'égard des USA par manque de volonté politique pour établir de véritables contre-pouvoirs, c'est qu'une décision de justice US aussi injuste soit-elle s'impose dans le monde entier ou presque, ce qui constitue un déni majeur de démocratie à l'égard de tous les autres peuples de la planète. Il faut être conscient que nous vivons sous un régime non pas d'occupation militaire américaine (quoi que) mais sous un régime d'occupation politique et économique des États-Unis. À ce niveau-là, ce n'est plus de la domination. C'est de l'occupation.

En dévoyant les institutions judiciaires et en les privatisant, les fonds charognards comme les grandes multinationales ont réussi depuis quelques années à dépasser les justices nationales et à transcender les frontières pour leur plus grand profit et au détriment des peuples.

Le traité transatlantique, qui veut consacrer les tribunaux privés d'arbitrages où les décisions rendues devront s'appliquer sans possibilité de recours à tous les pays et à leurs citoyens, permettra d'aller au bout de cette logique et d'en finir définitivement avec la démocratie telle que nous la connaissions. Bienvenue dans le système totalitaire marchand.

La capitulation de l'Argentine

Le peuple argentin, après plus de 13 ans de crise, est fatigué et personne ne peut lui en vouloir. Évidemment, le problème n'est pas que l'Argentine doive payer 1,3 milliard de dollars à des charognards. L'Argentine en a peu ou prou les moyens. Le problème c'est que cela va constituer un précédent juridique très préjudiciable pour ce pays (et tous les autres) puisque cela signifie que les créanciers qui n'acceptent pas les accords de réductions de dette ont raison et que la dette, quoi qu'il arrive, devra être payée au prix fort par les peuples eux-mêmes. Il s'agit, là encore, ni plus ni moins que d'une mise officielle en esclavage alors que personne n'a forcé les prêteurs à prêter à l'Argentine. Octroyer un prêt est, par essence risqué, et c'est d'ailleurs parce que cela est risqué que cela mérite une « rémunération » appelée taux d'intérêt.

Ce qui se passe actuellement en Argentine revient à dire que les prêteurs n'ont plus aucun risque à assumer et, pire encore, que ceux qui rachètent à très bas prix des créances douteuses et qui donc au départ n'ont rien prêté peuvent en plus avoir la certitude d'être remboursés au prix initial !! C'est évidemment totalement inique et hallucinant. Il ne s'agit même pas ici de parler de la dette « honteuse », il faut juste dénoncer une opération de vol à grande échelle en bande organisée et cette bande est constituée de fonds charognards américains, de collusion avec le pouvoir politique américain, de la « justice » américaine, du monde de la finance américain et bien évidemment des agences de notation.

N'oubliez pas l'affaire de la BNP avec qui personne ne fait le lien concernant ce qui se passe pour l'Argentine.

BNP-Paribas et Argentine, même combat !

Que la BNP se soit ou pas mal comportée n'est en l'espèce même pas le problème, et je peux vous assurer que je ne suis pas tendre avec les banques qui représentent un danger évident pour tous les peuples de la planète.

Mais ce qu'il se passe avec une amende de plus de 10 milliards de dollars est là encore une mise sous coupe réglée de notre pays par un envahisseur économique qui nous a déclaré une véritable guerre et qui, en réalité, est en guerre avec la planète entière. Il s'agit évidemment de l'Empire américain.

Alors l'Argentine a capitulé devant la décision américaine parce que, tout simplement, il vaut mieux accepter de payer beaucoup même si c'est difficile et être des « esclaves » pas trop fauchés que des hommes libres totalement ruinés, et c'est là tout le génie de l'Empire américain qui sait avec une grande efficacité prélever le maximum de ce qui est possible sans tuer « l'esclave ».

Plus l'Empire américain est contesté et contestable et plus il devient violent et arrogant, plus il devient également dangereux pour le reste du monde.

Enfant je rêvais de l'Amérique, de sa liberté, et de ses idées. Aujourd'hui, les États-Unis sont devenus le cauchemar du monde. La seule satisfaction c'est qu'ils ont d'ores et déjà perdu la bataille morale. Le reste suivra car les cimetières de l'histoire sont remplis d'empires qui ont commencé par perdre la bataille morale. Reste la violence pour tenter de se maintenir encore un peu, puis vient la chute finale et l'effondrement... inéluctable. Ce moment n'est plus très loin, il sera très difficile mais ce sera une véritable libération pour les peuples de la planète et pour la démocratie.

Préparez-vous et restez à l'écoute.

À demain... si vous le voulez bien !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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