Avec la publication du dernier bilan trimestriel de la Banque de France sur l’épargne des ménages, on apprend que les sommes laissées sur les comptes courants non rémunérés des particuliers atteignent désormais 415 milliards d’euros.
C’est un fait, la baisse de rémunération qui a frappé les différents placements ces dernières années a fortement démotivé les épargnants. Mais leur réticence à investir tient peut-être aussi à l’accumulation de scandales et de révélations concernant les différentes manipulations, voire les malversations, dont se sont rendues complices (à défaut d’être coupables) la quasi totalité des banques. Difficile aujourd’hui de confier son argent à des institutions qui font régulièrement la une des journaux en raison des risques inconsidérés qu’elles font courir aux épargnants. Sans compter celles qui les dépouillent littéralement et délibérément. Enfin, 2017 marque une nouvelle année de hausse des tarifs bancaires sans que pour autant les usagers aient le sentiment d’en avoir pour leur argent.
Les épargnants privilégient la prudence extrême
Par conséquent, il est normal que les particuliers (mais aussi les petites entreprises) choisissent au mieux de ne rien changer à leur situation bancaire, au pire de clôturer l’essentiel de leurs placements, même ceux qui étaient réputés non risqués et dont on sait aujourd’hui qu’ils ne peuvent plus être liquidés par leurs déposants sans mettre gravement en péril la stabilité des établissement bancaires. Car l’argent n’est plus là depuis longtemps, il a été utilisé de manière plus ou moins judicieuse, plus ou moins régulière aussi, dans des opérations aussi ambitieuses que risquées.
Ainsi, les Français ont donc décidé de garder un maximum de liquidités sous la main, à plus forte raison face à l’incertitude des mois ou des années à venir. Politique extérieure ou internationale, insécurité des biens et des personnes en plus de celles des patrimoines, craintes grandissantes à l’égard d’un emploi de plus en plus menacé par l’automatisation, autant de raisons qui poussent désormais les gens à privilégier… les comptes courants. Pas de rémunération, mais pas de risque non plus (enfin, tant que les banques restent ouvertes). Et ce sont donc pas moins de 33,7 milliards d’euros qui sont venus s’y déposer en 2016, après un record de 35,1 milliards l’année précédente, portant l’encours des comptes courants à 415 milliards d’euros… qui ne servent à rien.
L’échec de la stratégie des taux bas
Pourtant, tout avait été fait pour inciter les gens à désépargner, et la baisse des taux d’intérêt jusqu’à des niveaux jamais atteints auparavant visait justement à « convaincre » les épargnants que le temps était venu de consommer davantage plutôt que de voir l’inflation, même faible, éroder peu à peu leur patrimoine qui n’était plus rémunéré qu’à des taux plus faibles encore. Rien à faire. En 2016, les Français n’ont eu de cesse de rapatrier leur argent vers les produits les plus liquides : +33,7 milliards d’euros pour les comptes de dépôt (on l’a vu plus haut), +3 milliards pour les livrets, +18,4 milliards sur les plans d’épargne logement. Seuls les comptes à terme ont vu leur popularité fléchir légèrement, sans doute parce qu’ils impliquent une durée minimale de détention pour rapporter quelque chose et qu’en cas de retrait anticipé, ils se sont guère plus intéressants que de simple comptes courants.
Seule « placement » à avoir visiblement tiré son épingle du jeu, l’indétrônable assurance-vie, en dépit des risques sérieux qui pèsent sur la pérennité de ce système d’épargne. Les Français y sont habitués, et on leur a tellement répété, génération après génération, que c’était un placement garanti qu’ils ont fini par l’intégrer de façon presque atavique. Résultat : +37,5 milliards d’euros collecté en 2016, portant le niveau de l’assurance-vie en France à plus de 1700 milliards d’euros.
L’or comme alternative idéale ?
Quoi qu’il en soit, et si on considère qu’un contrat d’assurance-vie est un placement rentable, au même titre qu’un livret A à 0,75%, il reste tout de même 415 milliards d’épargne improductive menacée de dépréciation en raison de la seule inflation. Dans le même temps, l’or et l’argent se situent à des niveaux de prix très accessibles et pourraient constituer une alternative intéressante pour ceux qui voudraient à la fois conserver une épargne liquide, protéger une partie de leur patrimoine et peut-être même accompagner une éventuelle embellie sur le marché des métaux précieux.
Rappelons en effet que le cours de l’or était à des niveaux similaires l’an dernier à la même époque, et qu’il a brusquement flambé en quelques semaines, gagnant plus de 20% à la faveur d’événements politiques et économiques dont l’année 2017 risque de ne pas être avare non plus. Guerre économique naissante sous l’impulsion de Donald Trump, élections majeures en France, poursuite du délitement de l’Union européenne et de la crise de confiance qui en découle, monnaies sous respiration artificielle, marchés boursiers de plus en plus imprévisibles, tous les indicateurs semblent aller vers une nouvelle augmentation de l’or à moyen terme.
En novembre 2015, un sondage AuCoffre/OpinionWay montrait que seuls 8% des Français détenaient de l’or d’investissement mais qu’ils étaient plus de la moitié à considérer que l’achat d’or et d’argent constituaient une bonne alternative aux solutions d’épargne classiques pour conserver leurs économies. Par conséquent, on peut supposer qu’un certain nombre d’épargnants se laisseront tenter et envisageront de placer 5 à 10% de leur épargne improductive dans ce qui fut de tout temps la valeur refuge par excellence, à savoir l’or, avant qu’une nouvelle hausse des cours le rende moins accessible. Quoi qu’il en soit, le timing risque de s’avérer assez serré car l’or a déjà amorcé sa reprise et a gagné plus de 7% depuis le début de l’année 2017.
Article écrit par Jean-François Faure pour l'Or et l'Argent