J’étais hier sur le plateau d’Ecorama pour commenter l’actualité et deux sujets avaient été retenus.
Le premier concernait AREVA et le deuxième l’augmentation très importante des ruptures conventionnelles.
AREVA un plan de départs de 3 000 à 4 000 salariés
C’est ce qui a été annoncé à la presse par le groupe AREVA qui n’est plus que l’ombre de lui-même avec de surcroît un besoin de 4 à 5 milliards d’euros de recapitalisation. Qui va donc renflouer AREVA ? En grande partie l’état et EDF. L’état au final fera payer le contribuable et EDF fera payer le consommateur. Dans tous les cas vous devrez verser 5 milliards d’euros supplémentaires pour sauver plus ou moins AREVA.
Je ne suis pas un « pro » nucléaire. Loin de là. Je considère cette technologie comme particulièrement dangereuse et une centrale qui explose c’est potentiellement la France entière qui est contaminée, c’est donc un risque majeur.
Ceci étant dit, le succès de la filière nucléaire française est lié au fait que nos dirigeants de l’époque avaient une véritable vision industrielle de long terme. Ils ont bâti avec un horizon de temps de 50 ans en mettant les moyens financiers et humains nécessaires. Regarder les résultats d’un Groupe comme AREVA sur deux ou trois exercices comptables n’a aucun sens. Nous parlons ici de vision sur des décennies.
Il en va de même pour la construction de nos TGV, d’Airbus ou encore du Tunnel sous la Manche. Rien de tout cela n’aurait pu voir le jour avec une vision comptable à court terme, sans une implication importante des états comme acteurs et organisateurs de filières industrielles.
Aujourd’hui, l’état, partout, démissionne de tout. L’état capitule. L’état recule. Vous pouvez ne pas aimer le nucléaire, mais ce n’est pas le débat en tout cas économique. Le dossier AREVA montre que malgré les simagrées d’un Montebourg qui avait pour vocation uniquement d’occuper la galerie avec le « redressement productif » dont plus personne ne parle, l’état à bout de force laisse tout tomber et c’est évidemment très inquiétant pour l’avenir.
Une augmentation historique des ruptures conventionnelles !
Une rupture conventionnelle c’est lorsqu’un salarié est d’accord pour être viré et qu’officiellement cela l’arrange. Il y en a eu plus de 33 000 le mois dernier. Record battu ! Cela nous fait un bon 350 000 par an… ce qui n’est pas rien.
Alors évidemment la rupture conventionnelle est un dispositif utile, je dirais même pertinent pour flexibiliser les relations entre salariés et entreprises mais cette augmentation montre bien qu’il n’y a pas de dynamique de l’emploi ou de la création d’emploi, nous faisons bien face à une dynamique de disparition massive du travail.
Le Président Hollande et le gouvernement Valls ne verront pas la courbe du chômage s’inverser, au contraire, tous les mois ou presque le chômage augmentera.
Objectivement la politique économique de cette administration a été stupide au départ et plus précisément pendant les deux premières années.
Le véritable problème c’est que finalement il n’y a pas grand-chose à faire et croire qu’en se lançant dans une course sans fin à la baisse des salaires et à la compétitivité nous réglerons le problème est illusoire.
Les ruptures conventionnelles ont donc de très beaux jours devant elles et permettent aux entreprises d’échapper à la notion de licenciements économiques. Ce qu’il faut à titre individuel c’est initier une réflexion de fonds sur sa propre employabilité, sur ses possibilités, sur ses compétences.
Alors, en attendant, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article publié sur le blog de Charles Sannat, Insolentiae