Depuis neuf ans, Areva « omet » de signaler les anomalies de l’EPR de Flamandville

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Par Lea Pfeiffer Modifié le 8 juillet 2015 à 14h46
Ob E6eaae Epr Flamanville
Jean-Yves Desfoux/Maxppp - © Economie Matin
1974Même avec l'ancienne réglementation remontant à 1974 concernant les normes techniques des équipements sous pression nucléaire, la cuve aurait été recalée.

Une amnésie de neuf ans. Selon le Canard enchaîné le géant industriel Areva a « menti par omission » à propos des dysfonctionnements des réacteurs nucléaires français. Officiellement découverts en 2014, Areva serait en réalité au courant depuis 2006.

Un document de 32 pages de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) révèle qu’Areva menait, déjà en 2006, des études sur le réacteur de Flamanville. Et les résultats étaient déjà pour le moins inquiétants.

C'est pas comme si ça pourrait être dangereux

Le couvercle du réacteur normand, d'après le document en question, concentre à certains endroits deux fois plus de carbone que le maximum autorisé. Une faiblesse qui le rend moins apte à résister à de fortes pressions. Or, c'est ce couvercle qui protège le coeur du réacteur et tout le combustible nucléaire. Le genre de choses avec lesquelles on ne fait pas joujou.

"Ce qui nous a surpris, c'est que les gens d'Areva n'aient pas réagi devant une valeur anormale aussi élevée", raconte à l'hebdomadaire satirique, Sylvie Cadet-Mercier, responsable du suivi des nouveaux réacteurs à l'IRSN. « Surpris », pour être gentils.

Modernité obsolète

S'il n'y avait que ça. Le rapport fourni à l’ASN, l'agence de l'Autorité de sûreté nucléaire, révèle également que le nouvel EPR de Flamanville, censé être le fleuron de l’industrie nucléaire française est finalement moins moderne que certains des plus anciens réacteurs du pays. Areva utiliserait pour les calottes de cuve du réacteur numéro 3 du site une “technologie en régression technique par rapport à celles utilisées pour le parc en exploitation”. Même avec l’ancienne réglementation remontant à 1974 concernant les normes techniques des équipements sous pression nucléaire, la cuve aurait été recalée.

Les réactions de l’ASN rapportées par le Canard enchaîné sont sévères. Une erreur “incompréhensible” et un intolérable manque de “professionalisme”. Et potentiellement coûteuse ! Ce qui tombe mal, à l'heure où le budget prévisionnel du chantier a explosé, passant de 3,2 à 9 milliards d’euros. De son côté, Areva estime que le surplus de carbone est le résultat du “refroidissement des grands lingôts” et ajoute que “c’est la physique qui veut ça!”

« A la question de savoir s’il y a eu dissimulation, la réponse est catégoriquement non », conclut le porte-parole.

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Née en 1994, Léa Pfeiffer débute des études en journalisme audiovisuel à l'ISCPA de Paris une fois sortie bachelière de l'Ecole Boulle. Elle écrit occasionnellement des articles pour Economie Matin et le Journal de l'Economie. En parallèle, Léa Pfeiffer a déjà réalisé deux documentaires : "Aveugles 2.0", et "Capitale Zéro Déchêts".  @aloonontheweb

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