Le gouvernement Obama a choisi son camp dans la guerre opposant Apple à Samsung. En faisant invalider une décision de justice défavorable à Apple, Washington fait une intervention symbolique afin de préserver la concurrence.
Un cas pareil ne s'était pas vu depuis l'administration Reagan. En 1987, l'Etat avait opposé son droit de veto dans une affaire de puces d'ordinateurs impliquant également Samsung. Aujourd'hui, le géant sud-coréen fait à nouveau parler de lui.
La décision prise en juin 2013 par la Commission américaine du commerce international (USITC) faisait suite à une plainte déposée par Samsung en 2011. La marque à la pomme était accusée de violer certains brevets concernant la transmission de données mobiles de Samsung dans ses iPads, iPods et iPhones 4. L'USITC a donné raison à Samsung et décidé d'empêcher Apple d'exporter ses produits depuis leur lieu de fabrication, en Chine, vers les Etats-Unis, son marché domestique.
Le gouvernement Américain en a décidé autrement. Il est vrai que la décision de l'USITC n'était pas un coup fatal porté au géant américain : ne concernant que d'anciens produits, il ne s'agissait pas des produits rapportant le plus à Apple. Néanmoins, elle empêchait à ATT, à l'opérateur T-Mobile et deux autres vendeurs régionaux de proposer les iPhones jusqu'à la génération 4 et l'iPad 2 inclus.
Une telle décision créait un handicap dans la stratégie commerciale d'Apple, mais aussi pour les consommateurs américains dont le budget ne permet pas toujours de s'offrir le dernier cri de la marque. De plus, face au nombre important et croissant des diverses poursuites des géants technologiques se faisant face les uns et les autres devant les tribunaux du monde entier pour des affaires de violation de brevets divers et variés, l'USITC enregistrait un précédent gênant et peut-être déterminant dans la conclusion de ces affaires et de la guerre des brevets.
Michael Forman, représentant américain au Commerce, précise dans une lettre que cette décision du gouvernement ne présume pas « de la violation ou non des brevets de Samsung ». Mais hors de question d'ouvrir la porte à la concurrence déloyale. Pour l'administration Obama, il est important pour le bien du marché que les détenteurs de brevets devenant des normes n'obtiennent pas un pouvoir démesuré par rapport à leurs adversaires. Ces groupes seraient en mesure de réclamer des redevances d'un montant important, créant une concurrence anormale sur les prix, et au final, un déséquilibre fatal.
Samsung s'est réjouit trop vite de sa victoire face à son concurrent principal, Apple. Suite à l'annulation de la décision de l'USITC, le géant sud-coréen s'est dit déçu. Son rival, en revanche, salue le gouvernement américain pour « sa défense de l'innovation ».