L’inflation des prix de l’immobilier – et non pas un creusement des inégalités – serait source du sentiment de déclassement, conclue une étude de la banque Natixis.
Le Figaro titrait récemment : « les Français ont l’impression de s’appauvrir à cause de l’immobilier ». Ce n’est pas qu’une impression, c’est une réalité.
Le quotidien rebondissait sur une étude de l’économiste Patrick Artus, de la banque Natixis. Une première partie de l’étude établit que le « sentiment » de l’appauvrissement ne vient pas en France d’un creusement des inégalités. On y apprend au passage, qu’en France, les salaires ont augmenté plus rapidement que la productivité ! La conclusion de Natixis est que cette « impression » d’appauvrissement est due au renchérissement de l’immobilier. La hausse de l’immobilier est beaucoup plus rapide que celle des salaires.
Ce n’est pas vrai cependant pour la hausse des loyers, dont l’évolution est inférieure à celle des salaires. Dans les pays à monnaie instable et à tradition de faillite publique, l’immobilier est traditionnellement une valeur refuge. Les Français ont eu le temps de se transmettre la leçon depuis trois siècles. Punition par l’impôt et encadrement des loyers (souvenez-vous de la loi de 1948) ne freinent pas l’ardeur d’être propriétaire de son logement ou propriétaire bailleur pour se mettre à l’abri des dévaluations. L’étude de Natixis s’arrête ici, ne donnant pas d’explication à cette inflation de l’immobilier. La raison est pourtant évidente et ne peut être ignorée de Natixis : le créditisme. Au milieu du XXème siècle, la bancarisation de masse a commencé, développant l’activité de crédit.
Rappelons le fonctionnement du créditisme. Le système financier actuel repose sur le principe des réserves fractionnaires et d’une illusion, d’une fausse promesse : votre argent est disponible à tout instant et en même temps il est prêté à quelqu’un d’autre. Une banque prête bien plus que les dépôts, elle prête de l’argent qui n’existe pas encore et qu’elle a le droit de faire surgir du néant du fait du privilège de sa licence bancaire.
Ce développement du crédit a créé une demande massive pour l’immobilier. Les acheteurs se sont multipliés, faisant monter les prix. Pour la banque, un prêt est émis garanti par un actif qui ne baisse jamais. Par ailleurs, en France, contrairement à l’étranger, les emprunts sont contractés à taux fixe, ce qui limite les risques de l’emprunteur. En bout de chaîne, l’Etat étripe consciencieusement des contribuables par définition enracinés : impôt foncier, taxe d’habitation, plus-value, droits de mutation, impôt sur la fortune immobilière et impôt sur la mort. Nous avons – pour le moment – échappé à l’impôt sur le loyer fictif.
L’inflation des prix de l’immobilier n’échappe pas à la règle économique classique établie par Richard Cantillon : ceux qui sont proches du foyer (Etat, banques, promoteurs) en profitent à plein. Les autres se brûlent les ailes et s’appauvrissent. Dommage que Patrick Artus n’ait pas fait le parallèle avec les travaux de son confrère du XVIIème siècle. Une idée que Luwig von Mises a généralisée :
« La quantité de monnaie supplémentaire ne vient pas se mettre initialement dans les poches de tous les individus : ceux qui en bénéficient en premier ne reçoivent pas tous le même montant et tous les individus ne réagissent pas de la même façon face à la même quantité supplémentaire de monnaie. Les premiers à en bénéficier — les propriétaires de mines dans le cas de l’or, le Trésor dans le cas du papier-monnaie gouvernemental — disposent dès lors d’encaisses plus élevées. »
Aujourd’hui, remplacez « monnaie » par « crédit » pour décliner ce principe. Jusqu’à présent, les victimes étaient plutôt satisfaites, persuadées et flattées d’avoir fait « une bonne affaire » puisque les prix montaient. Voilà qu’elles commencent à douter, se sentant « appauvries ». C’est vraiment un tournant. Bientôt, elles vont comprendre comment le créditisme les réduit en esclavage.
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