Après son exposition à Versailles la cote de Kapoor poursuit sa descente aux enfers !

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Par Fabien Bouglé Modifié le 6 janvier 2016 à 14h22
Anish Kapoor Versailles Sculpture
@shutter - © Economie Matin
2010Artprice.com souligne depuis 2010 la mauvaise santé du marché d'Anish Kapoor.

L’exposition Kapoor qui se tenait dans le jardin de Versailles s’est terminée début novembre.

L’évènement marquant de 2015 qui avait suscité un retentissement mondial en raison des multiples provocations de l’artiste a été pour lui un véritable fiasco tant en terme de notoriété qu’en terme de communication.

Lors des grands débats suscités par cette exposition dans le parc du château de Versailles certains commentateurs néophytes très éloignés de la compréhension et de la pratique du marché de l’art ont pu déclarer que le scandale autour de Kapoor allait faire monter sa côte et constituer un véritable jackpot.

Il était donc intéressant d’analyser le marché des ventes aux enchères des oeuvres d’Anish Kapoor depuis le début de l’exposition début juin jusqu’à la fin de l’année 2015. Cette période qui comprend l’intégralité de l’exposition allait nous permettre de répondre à la question : Y a-t-il eu ou non une dynamique du marché de l’artiste consécutive à la polémique de Versailles ?

Pour se faire, nous avons procédé à l’étude de l’exhaustivité des résultats des ventes aux enchères des œuvres de Kapoor proposées dans le monde entre le 1er juin 2015 et le 31 décembre 2015 diffusés par la société Artprice.com.

Tous secteurs confondus (estampes, sculptures, peintures, dessins et aquarelles) il a été proposé aux enchères dans cette période 50 réalisations d’Anish Kapoor. L’œuvre la moins chère est une estampe « for Glyndebourne » estimée 600 à 800 £ adjugée 700 £ chez Bonham’s en septembre à Londres et la plus chère une sculpture intitulée « Blood Mirror » estimée de 1 à 1,5 millions de dollars et adjugée l’estimation basse chez Philip’s en novembre à New-York.

Sur ces 50 œuvres proposées à la vente 17 ont été invendues soit un taux d’invendus de 34% en lot. Dans le segment des estampes, le taux d’invendu est même de 56 % avec 10 invendues sur 18. Il faut également noter le nombre très élevées (38%) de réalisations de Kapoor vendues à un prix inférieur ou égal à l’estimation basse. Ce chiffre signifie qu’un nombre important de vendeurs ont dû baisser le prix de réserve en raison du très faible nombre d’enchérisseurs.

Les invendus et les œuvres vendues à un prix inférieur ou égal à l’estimation basse représentent donc en tout 72% du marché d’Anish Kapoor au deuxième semestre 2015. Pour les professionnels du marché de l’art c’est un signal fort de la désaffection de l’artiste dans le marché de l’art signifiant qu’il y a très peu d’acquéreurs potentiels.

On notera que seules 10% des œuvres se sont vendues au-dessus de l’estimation haute ce qui signifie qu’il y a eu très peu de batailles d’enchères suscitant des prix élevés. Et encore c’est dans le secteur des lithographies, peintures et des dessins que l’on retrouve ces prix supérieurs ce qui est un secteur très faible en terme de valorisation (les 5 œuvres vendues au-dessus de l’estimation haute représente un montant cumulé d’adjudication de seulement 212.000 euros).

En revanche, c’est dans le segment des sculptures secteur le plus important en terme d’oeuvres (19 œuvres proposées à la vente) et de valeur qu’aucune ne s’est vendue au-dessus de l’estimation haute. Dans ce créneau 15 œuvres sur 19 ont été invendues ou vendues à un prix inférieur ou égal à l’estimation basse soit 79%. Seulement 4 sculptures se sont vendues dans l’estimation.

Pire c’est dans ce segment de marché qu’il y a eu deux invendus importants. En effet, une sculpture estimées de 800.000 à 1,2 millions de dollars a été invendue le 8 novembre 2015 chez Philips à New-York ainsi qu’une sculpture estimée de 400 à 600.000 dollars restée invendue chez Christie’s à Shangai le 24 octobre 2015 soit à la fin de l’exposition de Versailles.

Le marché d’Anish Kapoor est donc très loin d’avoir profité de l’effet polémique généré par son exposition à Versailles. C’est même le contraire, l’artiste continuant inlassablement sa descente aux enfers ! Ces chiffres ont été confortés lors de rencontres à New-York avec d’autres professionnels du secteur de l’art contemporain qui nous ont confirmé le désintérêt du marché pour l’artiste dont les œuvres sont considérées aujourd’hui comme démodées et largement désuètes.

Dans son rapport d’activité du marché de l’art contemporain de 2015, la société Artprice.com avait déjà souligné la santé chancelante du marché de Kapoor depuis 2010 (Le marché de l’art contemporain 2015, Artprice.com pages 33 et suivantes). En effet depuis cette date, la côte des œuvres d’art de Kapoor subit une baisse notable. Son exposition à Versailles n’a en rien endigué la baisse inlassable de la valeur de ses œuvres.

Ces chiffres montrent qu’il est incontestable que le marché des œuvres de Anish Kapoor est en perte de vitesse sur le marché de l’art international et que les amateurs d’art ne sont pas prêts à suivre les élucubrations de l’artiste qu’il a manifestées en France. Avec le titre de son œuvre « Vagin de la Reine » et sa volonté de maintenir les tags antisémites en l’état, l’artiste s’est définitivement coupé d’acteurs incontournables et très influents du marché de l’art.

Il y a peu de chance que son marché rebondisse à plus ou moins long terme et l’investisseur doit savoir que se positionner aujourd’hui sur Kapoor constitue aujourd’hui un investissement à fond perdu.

Nombre d’œuvres d’Anish Kapoor proposées aux enchères par catégorie et par résultat du 1er juin 2015 au 31 décembre 2015.

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Fabien Bouglé est le fondateur de Saint Eloy art consulting. Il est consultant en gestion de patrimoines artistiques depuis près de quinze ans. Juriste de formation, il est titulaire d’un DESS gestion de patrimoine et d’une licence d'’histoire de l'art. Il a acquis un réel savoir-faire ainsi qu’'une expertise recherchée pour traiter l’intégralité des questions liées aux patrimoines artistiques comprenant les objets d'art de collection et d'antiquité. Auteur de plusieurs livres sur le marché de l'art, il est une référence pour la presse tant financière qu’'artistique.

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