« Je le dis sans détour : nous avons besoin des entreprises, de toutes nos entreprises ». « Entreprendre créer, prendre des risques, embaucher : c’est cette démarche positive que je veux encourager parce qu’elle fait du bien à notre pays ». Ceux qui espéraient un coup de barre à gauche de Manuel Valls pour tenter de reconquérir le cœur et le bulletin de vote de ce qui reste d’électeurs de François Hollande en 2012 en ont été pour leurs frais hier, lors du discours de politique générale de Manuel Valls à l’Assemblée.
Entre l'annonce de la suppression des charges patronales pour les salariés au SMIC dès l'an prochain - et la réévaluation du barême des allégements de charges baptisés... "Fillon", et qui touchent les salaires jusqu'à 1,6 SMIC - l'annonce de la baisse des cotisations sur tous les salaires, mais aussi la baisse des cotisations des indépendants et professions libérales, la suppression de la taxe sur les sociétés C3S, et encore la suppression de dizaines de petites taxes parallélement à un effort de simplification des démarches administratives pour les entreprises renforcé d'ici l'été, on ne peut pas dire que le nouveau Premier ministre ne se préoccupe pas de l'économie en général, et des entreprises en particulier.
Bien sûr, vous lirez dans les prochains jours et certainement en premier lieu sur EconomieMatin.fr les commentaires de ceux qui ne comprennent toujours pas où l'on va trouver l'argent pour accorder toutes ces baisses d'impôts et exonérations de charges, tout en faisant 50 milliards d'économies sur les dépenses publiques en trois ans. C'est même mathématiquement incompatible, et le pipeau de la croissance retrouvée qui permettrait d'améliorer les recettes fiscales ne saurait sortir de son tiroir. En tout cas, il ne convaincrait pas Bruxelles.
Mais la posture adoptée par Manuel Valls, choisissant résolument le camp des entreprises, des entrepreneurs, mais aussi des artisans indépendants et des professions libérales, en leur accordant ce qu'ils demandent depuis des années, à savoir de la considération et de l'oxygène pour pouvoir repartir au combat, est un signal fort. Le socialisme utopique est mort, voici venir le temps du social libéralisme à la Schröder. Ou du moins, Manuel Valls et quelques autres - probablement pas encore Arnaud Montebourg, ou du moins, pas par les mêmes chemins - ont ils décidé d'explorer cette voix suivie avec succès par les socialistes allemands, dont les réformes, au tournant des années 2000, ont permis de faire de l'Allemagne le champion mondial des exportations que l'on connait aujourd'hui. + 182 milliards d'euros de balance commerciale en excédent, contre 62 milliards de déficit pour la France en 2013 ! Et un budget de l'Etat à l'équilibre.
Si Manuel Valls tient son cap jusqu'à la fin du quinquennat de François Hollande - on l'attend notamment sur le maintien du projet de suppression d'une région sur deux d'ici 2017, et des conseils généraux en 2021 - il pourrait obtenir les mêmes résultats que Gerhard Schröder en son temps. Et tant pis si Schröder n'avait pas été réélu derrière. Comme l'a dit Manuel Valls : il en va de l'intérêt national.