Ce Président des journalistes

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Par Florian Silnicki Publié le 20 septembre 2014 à 2h57

François Hollande intervenait dans un contexte particulièrement compliqué parce que l'opinion lui est particulièrement hostile.

Sur la forme, le décorum est celui importé par Nicolas Sarkozy depuis les Etats-Unis.

François Hollande a demandé lors de cette conférence de presse à être jugé sur les résultats. Ce n'est pas illégitime d'un point de vue politique à l'aune du quinquennat. Mais c'est particulièrement paradoxal du point de vue de sa communication. Ainsi, en effet, il montre une volonté de s'inscrire dans un temps long ce qui renforce chez les Français leur préjugé-conviction d'une fracture systématique entre promesses de campagne (« le changement c'est maintenant ») et pratique du pouvoir.

La conférence de presse de François Hollande révèle l'une de ses convictions : pour lui, communiquer c'est ne pas pouvoir dire la vérité. Il se trompe. Communiquer c'est faire comprendre. C'est valoriser un message pour en optimiser la diffusion et la compréhension par tous.

François Hollande vit dans l'ombre de son prédécesseur, des ratés (le parapluie, etc), de sa vie privée, ... Cette conférence ne lui a pas permis de s'en sortir. C'est un président qui est systématiquement en réaction, en justification. Il n'a pas réussi à prendre la main. Il n'est pas parvenu à mettre en scène sa capacité à influer sur le cours des choses. Son action politique n'est pas valorisée par ses réponses. Cela s'explique d'ailleurs par le fait que le Président de la République ne prépare pas suffisamment des messages pour les Français.

En effet, cette conférence de presse-marathon révèle in fine un Président de la République qui est à l'aise avec les techniques de la conférence de presse. Il n'est pas mauvais. Il est d'ailleurs toujours dans un rapport d'indulgence et de complicité avec les médias présents. C'est incontestablement un bon interlocuteur pour les 350 journalistes présents dans la salle. Mais à trop vouloir répondre aux questions posées par les journalistes, il n'arrive pas à impacter les Français. Ni à les rassurer, ni à les convaincre de la nécessité de patienter parce qu'il cherche davantage à répondre aux questions que de diffuser un message à l'opinion publique. A cet égard, il n'apparaît pas assez combatif et offensif pour incarner un « bouclier ». Or, c'est la première attente des Français : que le Président de la République les protège.

Sur le fond, il n'avait quasiment aucune annonce à faire, ce qui dégradait l'intérêt des Français à l'écouter. Au-delà de ce péché originel, il faut noter sa volonté frappante de mettre en avant les sujets internationaux et les opérations extérieures. D'un point de vue tactique, cela présente un double intérêt. Il échappe à la faiblesse de sa cote d'opinion. Ensuite, cela révèle une tentative de le faire « incarner » le costume du Président de la République alors que les dernières erreurs de sa communication (Président de la République trempé) couplées à la sortie du livre de son ex-compagne ont paru affaiblir l'institution.

Il faut aussi noter sa volonté de répondre à Nicolas Sarkozy en s'appuyant sur un récit national en citant des chefs d'Etat étrangers évoquant de grands auteurs français, alors qu'un article venait de préciser que l'ancien Président de la République lisait beaucoup depuis son départ du pouvoir.

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Expert en communication, Florian Silnicki a conseillé plusieurs personnalités politiques avant de fonder l'Agence LaFrenchCom.

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