Le tribunal judiciaire de Nanterre a ordonné, mardi 14 avril, à Amazon France d’établir une évaluation des risques inhérents à l’épidémie de Covid-19 pour tous ses entrepôts et de restreindre en attendant son activité aux seuls produits essentiels, selon le jugement obtenu. La part de ces produits essentiels ne représenterait que 10% des marchandises actuellement livrées par Amazon. La décision prend effet immédiat et pour une durée de 1 mois. L'astreinte sera de 1 million d'euros par jour de retard pour Amazon.
1. Quelles conséquences pour le géant d’e-commerce ?
En fait il faut considérer le contexte en plusieurs séquences. Dans un premier temps, dès l’annonce du confinement, Amazon a bénéficié d’un statut de valeur refuge de la grande distribution. C’est à dire que les consommateurs se sont tournés vers Amazon pour la garantie d'être livré sans se poser de question. D’autre part, les requêtes sur Google et la demande des consommateurs pour des biens de loisirs (jeux vidéo, sport à domicile, jeux, jouets pour les petits) a explosé car il y a eu un soudain besoin d’occuper des journées de confinement à domicile. Là encore, Amazon étant l’un des gros acteurs sur le sujet il a connu une forte demande entrante. Avec l’annonce la semaine dernière de la fermeture des entrepôts en France, Amazon a garanti qu’il pourrait continuer à livrer l’essentiel de son catalogue depuis les plateformes logistiques étrangères. Reste à voir comment va évoluer la demande et quelles seront les mesures concrètes d’Amazon pour assurer son service.
2. Comment cela va impacter le marché de l’e-commerce en France ?
En fait le marché de l’e-commerce français a déjà été impacté mais peu d’acteurs ont pu identifier ce qui se passait. Dans les faits, Amazon a bénéficié d’une telle demande entrante “organique” dès les premiers jours de confinement qu’il a commencé à baisser ses investissements en acquisition de trafic. Amazon ne fait plus de publicité sur Google Ads depuis le 1er jour du confinement. Ainsi on a observé chez plusieurs e-commerçants que l’activité en ligne a fortement augmenté dès mi-mars. Ce schéma se retrouve chez plusieurs annonceurs de secteurs très différents. La visibilité laissée disponible par Amazon profite aux commerçants qui gagnent en visibilité à moindre coût. Reste ensuite à savoir s’ils sont dans la capacité d’assurer la livraison de leurs produits ou services.
3. Quelles conséquences pour les consommateurs ?
Il faut se rassurer, globalement les livraisons sont assurées pour les achats réalisés et il suffit de faire un tour sur Internet pour se rendre compte que beaucoup de boutiques en lignes continuent de proposer leurs services. En termes d’image on peut constater que Amazon a renforcé sa réputation et les consommateurs ont globalement une bonne image de l’enseigne sur sa qualité de service. Pour autant, on l’observe sur l’évolution des ventes réalisées depuis des publicités Google Ads, les consommateurs reprennent l’habitude de prendre leurs produits et services chez plusieurs boutiques en ligne et moins avoir le réflexe “One Stop Shop” Amazon. On voit même de plus en plus de boutiques locales proposer des services de livraison sur des zones géographiques restreintes. C’est une accélération de la digitalisation des enseignes locales que l’on est en train de vivre.
4. Amazon, Google Shopping… qui sont les vrais gagnants ?
Amazon est le grand gagnant, les gens cherchent beaucoup moins à acheter donc il y a moins de recherches commerciales sur Google et dans le même temps il y a moins d’annonceurs cela engendre donc une baisse de chiffre d’affaires pour Google. Facebook a également moins d’annonceurs mais les gens l'utilisent plus que d’habitude donc cela augmente le nombre d’emplacements publicitaires disponibles. L’outil www.seiso.io (5000 utilisateurs en France) mesure les investissements sur Google Ads, la baisse est de 60% au début de confinement et de 35% la semaine dernière.