Altice, maison-mère de l’opérateur SFR mais également de NextRadioTv, qui détient BFMTV et RMC, entre autres, a pour la première fois dû se plier à l’exercice du vote en AG de la rémunération de ses dirigeants. Les actionnaires minoritaires du groupe ont durement sanctionné les propositions, comme le relate l’AGEFI. Le tout, alors qu’Altice a annoncé des plans de licenciement en France à cause du coronavirus.
Alain Weill : deuxième patron de télécom le mieux payé d’Europe
Alain Weill, PDG de SFR depuis 2018 et, surtout, d’Altice depuis février 2019, est devenu en 2019 le deuxième patron du secteur des télécoms le mieux payé d’Europe, souligne l’AGEFI en reprenant des statistiques de Bank of America. Lors de l’AG, qui s’est tenue à huis clos le 26 juin 2020, il a pu obtenir une rémunération de 2,29 millions d’euros, second seulement au directeur de Liberty Global dans le classement européen.
Mais ce n’est pas fini : toujours selon l’AGEFI, un bonus d’un million d’euros et un intéressement en actions pour un montant estimé à 27,49 millions d’euros s’ajoutent à cette rémunération. Au total, le « salaire » d’Alain Weil pour 2019 a donc atteint 30,78 millions d’euros.
Patrick Drahi fait passer la proposition contre l’avis des autres actionnaires
Les actionnaires minoritaires ont été quasiment unanimes : ils ont voté contre cette proposition à 12,97%. Ça peut paraître peu, mais c’est en réalité beaucoup dans l’univers Altice puisque le groupe est détenu en très grande majorité par son fondateur, le milliardaire Patrick Drahi. D’ailleurs, c’est grâce à lui, qui détient 75% du capital et la grande majorité des droits de vote, que la rémunération a été adoptée en AG.
Une AG qui tombe mal…
L’AG du 26 juin 2020, rappelle l’AGEFI, est la première AG de ce type : ce n’est que depuis 2019 que le droit néerlandais, Altice est basée à Amsterdam, applique la directive européenne des droits des actionnaires. Or, 2020 s’annonce comme critique pour Altice et surtout ses filiales.
Le groupe a déjà annoncé la suppression de plus de 300 CDI et plus de 200 pigistes chez NextRadioTV et a largement bénéficié du chômage partiel dans le cadre de la crise du Covid-19 pour les employés de SFR : près de 5.000 salariés, soit quasiment 50% des effectifs du groupe, ont bénéficié de cette mesure exceptionnelle mise en place par le gouvernment mais qui a coûté cher aux salariés concernés. S'ils n'étaient pas au SMIC, ils n'ont touché que 84% de leur salaire net.