Q1 : Selon vous, l’industrie peut-elle se développer dans les années à venir en France ?
- Sous total « oui » : 63 %
- Sous total « non » : 36 %
- NSP : 1 %
Q2 : Diriez-vous que l’intervention du gouvernement pour empêcher la fermeture de l’usine Alstom à Belfort répond avant tout à des raisons politiques ou économiques ?
- Des raisons politiques :
le gouvernement veut montrer qu’il agit 6 mois avant les élections : 59 % - Des raisons économiques :
le gouvernement veut maintenir un tissu industriel dans la région : 10 % - Autant des raisons politiques qu'économiques : 23 %???
- Ni des raisons politiques, ni des raisons économiques : 6 %
- NSP : 2 %
63% des Français interrogés considèrent que l’industrie peut encore se développer dans les années qui viennent.
59% des Français interrogés considèrent que l’intervention du gouvernement pour empêcher la fermeture de l’usine Alstom de Belfort répond à des raisons politiques plutôt qu’économiques.
Alors que l’actualité récente était entièrement émaillée de sujets liés à l’élection présidentielle à venir et aux questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme, voici, une information chassant l’autre, qu’un embrouillamini médiatique autour de la décision de la direction d’Alstom de fermer son unité de production de matériels ferroviaires à Belfort vient remettre l’industrie au centre des débats politique et économiques.
La situation du devenir de l’industrie en France a souvent agité les débats politiques ces dernières années. En effet, on se souvient en effet qu’au tournant du siècle, le gouvernement de l’époque, Lionel Jospin étant premier ministre, avait théorisé la fin de la France industrielle au profit d’une société de services qui devait profiter à fond de ce que fut la bulle Internet.
Cette prophétie s’est en partie réalisée et la France industrielle s’est transformée, des usines ont fermé, des pans entiers de l’industrie ont disparu en laissant des stigmates de friches industrielles dans le nord et l’est du pays, de PSA quittant Aulnay à la menace de fermeture de l’usine Alstom de Belfort en passant par Arcelor-Mittal à Florange, l’histoire récente est émaillée de fermetures d’usines toutes précédées de promesses de maintien de la part des gouvernants de l’époque. Promesses non tenues.
Au moment ou une nouvelle fermeture d’usine de fabrication de matériels ferroviaires appartenant au groupe Alstom à Belfort, nous avons voulu mesurer le sentiment des Français sur l’avenir de l’industrie en France mais aussi sur leur sentiment concernant l’intervention du gouvernement visant à empêcher la fermeture de l’usine.
Une grande majorité des Français interrogés (63%) considèrent que celle-ci a un avenir dans les années qui viennent. Ce résultat traduit, une fois de plus en France, la croyance toute gaullienne qu’en matière industrielle l’Etat doit être le moteur du développement du secteur. Il est aussi et de manière basique une marque de soutien de l’opinion publique à la position de l’exécutif qui tente d’empêcher que ne se réalise la volonté de la direction d’Alstom. Même si les exemples sont nombreux de promesses politiques remettant en cause la décision de fermeture prise par une direction d’entreprises non suivies de réalité.
Pourtant les Français gardent confiance dans l’avenir de la France industrielle, c’est peut-être aussi parce qu’ils savent que derrière l’industrie traditionnelle (sidérurgie, métallurgie etc) se cachent des pépites industrielles françaises dans les domaines des biotechnologies, des nanotechnologies, des objets connectés, du véhicule électrique ou autonome. Ce faisant ce résultat optimiste doit il motiver les ingénieurs de nos grandes écoles, de polytechnique ou de Centrale, à continuer à inventer le monde de demain.
En revanche, le résultat de la seconde question du sondage de cette semaine, montre tout de même que les Français interrogés ne sont pas dupes quant à la position du gouvernement. En effet, 59% des Français interrogés considèrent que l’intervention du gouvernement pour empêcher la fermeture de l’usine Alstom de Belfort répond avant tout à des raisons politiques. Ce résultat qui n’est pas flatteur pour l’action politique en général, n’est pas étonnant au regard de l’histoire industrielle récente. En effet malgré les promesses faites aux ouvriers de Florange ou ceux d’Aulnay, les décisions de fermetures des dirigeants des entreprises concernées ont fini par s’appliquer, malgré les promesses des politiques.
Ce résultat doit également être lu à la lumière de l’exercice de communication mené par tous les acteurs de ce dossier, direction de l’entreprise, responsables politiques, syndicats. Chaque acteur du dossier est soupçonné, derrière le discours officiel, de camoufler une arrière-pensée.
De la direction d’Alstom accusée de jouer sur le calendrier pour pousser le gouvernement contraint par les futures élections à trouver une solution passant par la commande publique de nouvelles rames de TGV ou de métros ; aux organisations syndicales qui accusent le gouvernement de n’agir que sous la pression médiatique ; en passant par les accusations visant le précédent ministre de l’économie qui n’aurait pas agi malgré les alertes, la décision d’Alstom a largement dépassé le simple cadre économique pour venir s’immiscer dans le calendrier électoral.
La façon dont l’exécutif va régler le dossier sera un indicateur pour les dirigeants d’entreprises qui auraient des mauvaises nouvelles à annoncer. Vaudra-t-il mieux aller négocier maintenant et directement avec Bercy une aide ou organiser une campagne médiatique pour obtenir un soutien ?
Au final et pour conclure, nous pouvons prendre le pari que d’ici quelques jours, l’annonce du maintien de l’usine Alstom de Belfort sera annoncé. Toute la question sera ensuite de savoir si ce maintien résistera au lendemain de l’élection présidentielle tant la solution de la commande publique paraît fragile et peu pérenne dans le temps ?
Quoi qu’il arrive et si la volonté du gouvernement de sauver l’usine Alstom en poussant SNCF et la RATP a passer de nouvelles commandes de trains et de métros, cela reviendrait à ériger les pratiques du « sapeur Camember » en action politique : creuser un trou l’après midi pour pouvoir enfouir la terre du trou creusé le matin… et le lendemain matin creuser un trou pour faire disparaitre la terre du trou de la veille et ainsi de suite.
Finalement, cette communication - et éventuellement action - politique ne fait que creuser des trous, c’est à dire des déficits… Pour l’instant le rétablissement de la compétitivité industrielle du pays en baissant les charges ne fait pas partie du débat. Ça viendra. Peut-être.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 15 septembre 2016