Allocation d’actifs : il est temps de considérer le concept de prime de risque

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Par Marc Olivier Publié le 15 novembre 2018 à 5h22
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@shutter - © Economie Matin

Avec la fin de la période faste de rendements élevés assortis d’une faible volatilité, les investisseurs doivent s’orienter vers de nouvelles approches d’investissement. Les stratégies alternatives liquides basées sur le concept de prime de risque pourraient bien être la solution.

Investir est par essence incertain. Pourtant, nous pouvons déjà être sûrs d’une chose : l'environnement de marché va profondément changer au cours des dix prochaines années. En effet, en une décennie, les marchés actions et obligataires ont enregistré une progression spectaculaire et quasi ininterrompue depuis le plus fort de la crise financière, soutenus par l’interventionnisme inédit des banques centrales internationales. Les dix dernières années se sont également caractérisées par des niveaux de volatilité extraordinairement faibles. Ce régime n’a que très peu de chances de perdurer : de fait, les turbulences observées en début d’année nous ont rappelé qu’investir est risqué.

Les investisseurs en actifs traditionnels sont désormais confrontés à un dilemme : préférer des actifs à faible volatilité et donc à faible rendement potentiel, ou prendre davantage de risques dans l’espoir de réaliser des gains supérieurs. Il devient nécessaire d’identifier les solutions capables de générer du rendement tout en assurant diversification du portefeuille et maîtrise du risque.

Combiner des primes de risque différentes

Sous certaines conditions, les stratégies alternatives liquides permettant de diversifier les placements en actions ou en obligations, peuvent adresser pertinemment ces enjeux. Le prérequis le plus important est d’adopter une approche rigoureuse du risque. De ce point de vue, les contraintes et besoins actuels des investisseurs militent pour un retour à un principe de base, celui des primes de risque. Il repose sur un concept assez simple : le rendement et le risque des classes d’actifs sont déterminés par les primes de risques. Plus concrètement, une prime de risque désigne l’excès de rémunération engendré par la prise de risque associée à un actif financier, au-delà du taux sans risque. L’avantage de cette approche est que l’investisseur a une vision beaucoup plus transparente des risques auxquels il est exposé et du rendement qu’il peut espérer. A cette fin, le gérant de portefeuille doit décomposer les actifs, non plus par nature ou classe d’actifs, mais sous forme de primes de risque. Il s’agit d’identifier, d’analyser et d’assembler ces primes de risque au sein d’un véhicule d’investissement adapté, dont le profil de risque est déterminé.

Une fois que le comportement des primes de risque est bien appréhendé, il est généralement possible de les classer en trois grandes catégories. La première dite « Risk on » est fortement corrélée au cycle économique et est performante en périodes d’expansion du cycle économique, présentant donc un bêta positif. La deuxième, « Risk off », affiche une corrélation négative avec le cycle économique et est performante en périodes de récession économique. Elle est donc anti-Bêta. La troisième catégorie de prime de risque concerne les stratégies directionnelles, dont le Bêta peut varier dans le temps, cherchant à générer un rendement absolu indépendamment du cycle économique.

Dans un contexte de détérioration des perspectives de rendement à moyen-long terme, une telle approche d’allocation dite en « budget de risque » est aujourd’hui recommandée pour maximiser le rendement ajusté au risque. Historiquement fondée sur la recherche académique et la théorie économique, il est temps de la mettre en œuvre dans les portefeuilles.

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Marc Olivier est le directeur général France de Nordea, premier groupe de services financiers et de gestion d’actifs de la région nordique.

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