Dans sa dernière Étude économique de l’Allemagne, l’OCDE estime que le pays jouit d’une solide situation économique, mais qu’il doit développer les investissements humains face au vieillissement démographique et aux changements technologiques, de manière à instaurer une société plus forte et plus inclusive.
Cette Étude, présentée aujourd’hui à Berlin par le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, souligne la robustesse de la reprise et les niveaux élevés de compétitivité enregistrés par l’Allemagne depuis la crise économique mondiale. Elle met également en évidence les nombreux défis que doit relever le pays au moment de renforcer sa productivité, d’améliorer le bien-être dans une société confrontée à un vieillissement rapide et d’intégrer les migrants nouvellement arrivés.
Des investissements supplémentaires seront indispensables pour accroître la productivité et les niveaux de vie. Promouvoir l’investissement dans le capital intellectuel et libérer le potentiel de services essentiels pourrait également avoir pour effet de renforcer la compétitivité du secteur manufacturier et de faciliter ainsi la transition vers « l’industrie 4.0 ». Investir dans des domaines clés comme l’éducation, la formation tout au long de la vie des salariés et les services sociaux, ainsi que stimuler l’investissement public dans les municipalités pauvres, permettrait aussi de renforcer la croissance inclusive. La définition et la mise en œuvre des projets d’investissement municipaux peuvent encore gagner en efficience.
La suppression des mesures réglementaires biaisées qui brident la réaffectation des ressources stimulerait la productivité et l’investissement. Les auteurs de l’Étude font observer qu’il est en particulier possible d’accroître la productivité dans les services grâce à une réforme de la réglementation. Améliorer la gouvernance ou poursuivre la privatisation des participations publiques dans les grandes entreprises y contribuerait également.
« L’économie allemande reste solide ; ses exportations sont dynamiques et le chômage y est peu élevé, et ce malgré les turbulences que traverse l’économie mondiale », a expliqué M. Gurría. « L’Allemagne doit mettre à profit cette position de force pour préparer l’avenir, notamment en réussissant l’intégration des réfugiés auxquels elle a accordé l’asile. Cet afflux de population pourrait aider à contrecarrer l’évolution démographique et à jeter les bases d’une économie plus diversifiée et productive ».
Des politiques efficaces d’intégration des nouveaux migrants seront essentielles pour que l’Allemagne puisse améliorer ses résultats économiques et garantir la cohésion sociale. Elles nécessiteront des dépenses initiales dans la formation et les compétences linguistiques. Il conviendra également de permettre à tous les réfugiés appelés à se fixer en Allemagne d’accéder plus rapidement au marché du travail et de renforcer les programmes d’activation.
Si l’Allemagne a par le passé mené des réformes approfondies de son marché du travail, elle peut faire davantage pour lever les obstacles empêchant les femmes d’évoluer dans leur carrière professionnelle, ce qui aurait de fortes retombées positives sur leur bien-être et leur revenu. À cette fin, les investissements dans les services de garde d’enfants, l’éducation des jeunes enfants et la scolarisation sur des journées complètes devraient être développés, et il faudrait alléger la charge fiscale pesant sur le deuxième apporteur de revenu, laquelle dissuade de nombreuses femmes d’occuper un emploi à temps plein. La mise en place d’un abattement distinct en faveur du deuxième apporteur de revenu renforcerait les incitations à travailler.
Indexer l’âge légal de départ à la retraite améliorerait la viabilité du système de retraite. Comme il faut relever l’âge du départ à la retraite, la couverture des risques d’invalidité pourrait être améliorée. Il reste en outre possible, par de nouvelles réformes, de supprimer les obstacles à l’emploi – et au bien-être – des travailleurs âgés. Les aspects du régime de retraite qui empêchent ces derniers de combiner la perception d’une pension de vieillesse avec un emploi peuvent être supprimés, et la prévention des risques sanitaires à l’âge mûr pourrait être plus efficace.