En Allemagne aussi, on gaspille l’argent public…

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Par Jean-Paul Picaper Modifié le 20 septembre 2012 à 4h13

La Fédération allemande des contribuables (BdSt) publie tous les ans, cette année pour la quarantième fois, son "livre noir" sur le gaspillage public. Comparé aux milliards que coûte le sauvetage européen, quelques dizaines de milliers d’euros saupoudrés ça et là paraissent insignifiants, mais, "si c’est devenu la règle que les grands projets publics soient dépassés, c’est parce que le contribuable paye la note", a déclaré son président Reiner Holznagel.

Et de dénoncer quelques scandales criants comme celui de l’aéroport BBI de Berlin et du Nürburgring. La nouvelle tribune du célèbre circuit automobile avec sa "VIP lounge" pour 600 invités et divers espaces qui l’entourent ont avalé 350 millions d’euros de deniers publics et entraîné la démission du ministre des Finances du Land de Rhénanie-Palatinat après que son ministre président Kurt Beck ait promis que le projet ne coûterait rien aux contribuables.

Aux dernières nouvelles, une aide européenne de 13 millions d’euros quémandée en juillet dernier n’ayant pas été versée, la société du Nürburgring serait au bord de la faillite. De même que celle du nouveau grand aéroport de Berlin dont il a déjà été question ici avec son coût de 1,2 milliard d’euros, le Sénat de Berlin s’étant maintenant engagé à verser quelques 400 millions pour tenter de sauver l’entreprise.

L’organisme de défense des contribuables dénonce aussi le nouveau hall des sports de Itzehoe, dans le Nord de l’Allemagne, dont les planificateurs avaient estimé les coûts à 3,2 millions d’euros lors de l’adjudication en "oubliant" simplement qu’il fallait lui adjoindre un parking qui a coûté 370 000 euros supplémentaires.

Le Land de Mecklembourg-Poméranie avait subventionné à raison de 190.000 euros un film de Roman Polanski tourné sur son territoire, mais en omettant de s’inscrire comme participant aux bénéfices estimés à 73 millions de dollars.

Le Land de Bade-Wurtemberg, gouverné par un ministre président des Verts, a payé à trois villes du Land, Karlsruhe, Offenburg et Fribourg, des "compteurs de vélos". Il s’agit de colonnes de 2,50 m de haut pourvues d’un système électronique qui décompte les cyclistes. Chaque colonne coûte 20 000 euros. Naturellement, elle ne compte que les bicyclettes qui passent dans sa proximité immédiate et seulement à cet endroit de la ville, consacrée officiellement "ville cyclophile".

Le gaspillage le plus original est celui de la ville de Fulda qui a fait construire pour 13 500 euros trois grands chiens en bois destinés à servir de balançoires pour les jeunes enfants. Seulement on a planté ces chiens sur un revêtement de pavés ce qui interdit leur usage pour des raisons de sécurité. Il aurait fallu les placer sur du caoutchouc. Trop tard hélas ! Et l’on en passe.

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Jean-Paul Picaper est politologue, essayiste et journaliste. Correspondant du Figaro à Berlin entre 1977 et 2003, ainsi que des magazines Valeurs Actuelles et Politique internationale. Depuis 2005, il écrit également pour la Preußische Allgemeine Zeitung. Il est l’auteur de nombreux livres sur l’Allemagne et les relations franco-allemandes. Son dernier ouvrage, coécrit avec Gilles Dubois, "2012 : Quitte ou double !" est disponible depuis le 24 avril. 

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