C’est un article de La Tribune qui relaie une dépêche de l’agence Reuters concernant le monumental excédent commercial de nos voisins allemands.
Jugez plutôt ces chiffres colossaux dont nous allons analyser les causes et les conséquences ensuite :
« Berlin a augmenté ses exportations vers les autres pays européens, tandis que les exportations dans les autres pays sont en recul.
L’Allemagne a enregistré en 2016 un excédent commercial d’un niveau record de 252,9 milliards d’euros, avec des exportations plus importantes que jamais, a indiqué jeudi l’Office fédéral des statistiques. Sur l’année écoulée, la première économie européenne a vendu hors de ses frontières pour 1 207,5 milliards d’euros de biens, soit 1,2 % de plus qu’en 2015, tandis qu’elle en a importé pour 954,6 milliards d’euros (+0,6 %).
En 2015, l’excédent commercial s’élevait à 244,3 milliards d’euros. De tels montants risquent fortement de nourrir les critiques régulièrement formulées à l’encontre de l’Allemagne sur sa balance commerciale jugée trop excédentaire et l’absence de réinvestissement de l’argent gagné grâce à ses exportations.
Mais ce sont surtout les exportations allemandes à destination de l’Europe qui ont progressé en 2016 à 707,9 milliards d’euros au total, avec une augmentation de 1,8 % des ventes aux pays de la zone euro et de 2,8 % aux autres pays européens.
Les exportations vers les pays non-européens, donc y compris vers les États-Unis, premier partenaire commercial de l’Allemagne, ont en revanche diminué d’un petit 0,2 % à 499,6 milliards d’euros. De même, l’Allemagne a réduit ses importations depuis les pays non-européens (-1,7 %), mais a augmenté de 1,8 % celles en provenance d’Europe. »
Est-ce mal d’être bon ?
Voilà une question légitime et je ne ferai j’espère jamais partie de ceux qui hurlent contre celles et ceux qui réussissent ! Bravo à ceux qui atteignent le succès. Notre bravo doit être sans réserve aucune car plus nombreux seront les succès individuels, plus vous aurez de réussite collective.
Le problème n’est donc pas de voir nos amis allemands réussir.
La véritable question que l’on doit se poser c’est de savoir si nos amis allemands « jouent » la partie de façon régulière ou s’ils trichent.
Ils s’en défendent bien entendu, pourtant, oui, les Allemands trichent !
Le gros de leur triche repose sur une monnaie forte et unique que l’on appelle l’euro. Avec cette monnaie, la structure économique et industrielle allemande reste compétitive, mais pas celle de ses voisins.
En maintenant 17 ans d’euro, que s’est-il passé ? Les Allemands se sont servis de la force de l’euro pour asseoir leur domination politique, industrielle et économique sur l’ensemble de l’Europe. Cette domination est totale et sans partage.
L’Allemagne a ruiné toutes nos industries, tous ses concurrents pas parce qu’elle était forcément meilleure, ça c’est une légende qui arrange l’Allemagne, mais uniquement parce que la monnaie unique empêche totalement les ajustements monétaires depuis 20 ans et en l’absence de ces ajustements monétaires, les systèmes industriels des autres pays européens ne peuvent survivre à la pression exercée par l’euro fort.
Ce pourrait ne pas être grave si l’Allemagne payait !
Cela nous renvoie donc encore et toujours à cette idée d’union de transfert entre les différents pays.
Si l’Allemagne « tue » tous les autres, alors il est indispensable (même pas moralement mais techniquement) qu’elle vienne compenser les déficits des autres par ses excédents.
Sans union de transfert, alors il n’y a pas d’ajustement autre que récessif comme nous l’avons vu hier avec l’article consacré au dernier ouvrage de Patrick Artus.
Entendons-nous bien, l’Allemagne est coupable de ne pas jouer le jeu d’une union de transfert, pas de réussir. Mais elle réussit uniquement parce qu’elle a éliminé les concurrents en ayant réduit à néant leur possibilité d’ajustement compétitif par la pluralité de monnaie.
L’Allemagne est donc coupable de ne pas jouer avec les règles nécessaires à la pérennité d’une monnaie unique.
L’Allemagne se sert de l’euro comme d’un outil pour asseoir sa toute-puissance, comme un outil de domination et c’est en ce sens que cet excédent commercial est une provocation.
Nous finirons donc avec une explosion de l’euro, inéluctable, à moins qu’au dernier moment, l’Allemagne accepte de payer pour les autres.
Autant dire que ce n’est pas gagné !!
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae