L’Allemagne traverse une phase délicate : recul sensible des exportations, tassement des PMI, recul de la production industrielle et des commandes d’usines, scandale Volkswagen, probable révision à la baisse des prévisions de croissance 2015, pertes financières de Deutsche Bank. Les marchés surveillent la situation avec attention.
L’Allemagne a connu des jours meilleurs et traverse un second semestre compliqué à gérer. Inutile de s’étendre sur l’affaire Volkswagen dont le coût financier et le coût en termes d’image reste encore difficile à chiffrer, un impact sur le PIB de l’Allemagne n’étant pas à exclure. Le groupe a déjà annoncé réduire la voilure sur les investissements non essentiels et a confirmé que les provisions du 3ème trimestre ne seraient pas suffisantes.
Au-delà de l’affaire Volkswagen, ce sont les indicateurs macroéconomiques qui indiquent un tassement de l’économie allemande depuis quelques mois. La production industrielle a reculé de 1.2% en août alors que le consensus tablait sur une légère hausse de 0.2%. Même constat sur les commandes d’usines qui se sont affichées en net repli de 1.8% alors que le consensus tablait là encore sur une hausse de 0.5%. Sur le front des indices de confiance, la dégradation prononcée de l’indice ZEW (sentiment économique, tombé à 12.1 en septembre alors qu’il évoluait à plus de 50 au 1er trimestre) depuis le 2ème trimestre se traduit dans les performances économiques du pays ces derniers mois.
L’indice IFO qui mesure le climat des affaires connait une progression plus positive que le ZEW mais voit son momentum de progression se tasser entre 107 et 109 alors que la dynamique haussière était beaucoup plus prononcée fin 2014 / début 2015. Mais c’est sur le front des exportations que le coup de frein est brutal. Au mois d’août, elles ont reculé de 5.2% soit la plus forte baisse depuis janvier 2009 et la crise financière (crise des subprimes) aux Etats-Unis. Signe inquiétant également concernant la demande intérieure, le recul de 3.1% des importations sur la même période soit le plus fort recul depuis novembre 2012. Conséquence : une réduction sensible de l’excédent commercial qu’on peut expliquer par un « effet calendrier » mais surtout par le ralentissement des zones d’exportations que sont notamment la Chine et les pays émergents.
Ce contexte pourrait pousser les différents instituts de statistiques du pays à réviser sensiblement à la baisse les prévisions de croissance du pays pour 2015. Selon Reuters, ces prévisions pourraient redescendre sous les 2% aux alentours de 1.8% versus 2.1% jusqu’à présent. Cette révision pourrait bien entraîner un regain de volatilité sur les places financières européennes au moment où les marchés s’interrogent sur le rythme de relèvement des taux de la FED et sur la volonté de la BCE d’accroître le rythme de son QE pour lutter contre l’inflation négative.
Autre signe du contexte négatif dans lequel évolue l’Allemagne, une adjudication de Bund cette semaine n’a pas suscité autant d’offres que le pays en attendait (3.69 milliards d’euros versus un objectif de 4 milliards). Ce n’est peut-être qu’un cas isolé non représentatif d’une situation globale mais cet « incident » vient s’ajouter à un contexte pesant depuis quelques mois.
Et comme si cela ne suffisait pas, le mastodonte Deutsche Bank annonce une perte de 6.2 milliards d’euros au 3ème trimestre. Cette perte englobe notamment des besoins en capitaux liés à un durcissement de la règlementation mais également des dépréciations d’actifs et des provisions pour faire face aux coûts juridiques.
Dans un contexte où le DAX flirte toujours avec ses plus bas annuels, une nouvelle secousse économique pourrait temporairement l’envoyer sur les niveaux de 2014 avec mise à l’épreuve des 9000 points…