Renault a heurté un nouveau mur. Le constructeur automobile a émis un avertissement sur résultat pour l'ensemble de l'année 2019. Chiffre d'affaires, trésorerie, marge opérationnelle, les signaux sont au rouge.
Renault, qui a toujours beaucoup de difficulté à se remettre de l'arrestation au Japon de Carlos Ghosn il y a un an, ajoute à la crise actuelle un avertissement sur résultat. Le constructeur automobile fera moins bien qu'escompté : le chiffre d'affaires va reculer de 3% à 4% alors que l'entreprise avait annoncé une stabilité d'une année sur l'autre. Les ventes ont été bien médiocres également au dernier trimestre, les revenus accusant une baisse de 1,6%. La marge opérationnelle ne sera finalement que de 5%, soit un point de moins qu'attendu. Enfin, le flux de trésorerie ne sera finalement positif qu'au second semestre alors que Renault avait prédit qu'il serait positif sur l'ensemble de 2019. Les mauvais résultats des six premiers mois vont peser jusqu'à la fin de l'année. Les ventes ont par exemple plongé de 6% en Europe au premier semestre.
Conjoncture défavorable
Renault explique que ces difficultés sont d'une part la conséquence d'une conjoncture « moins favorable » qu'espéré, et d'autre part le contexte réglementaire exige une hausse des dépenses. Mais ce cocktail est celui bu par l'ensemble des constructeurs automobiles. Le groupe PSA s'en sort bien de son côté : les fondamentaux sont solides, jugent les observateurs du secteur, tandis que la direction emmenée par Carlos Tavares ne souffre d'aucune contestation. C'est loin d'être le cas chez Renault qui n'en finit pas de solder l'héritage Carlos Ghosn. En témoigne la décision du conseil d'administration du groupe de démettre de ses fonctions Thierry Bolloré, le directeur général. Il a été remplacé par Clothilde Delbos, mais de manière intérimaire : difficile dans ces conditions de prendre les décisions difficiles qui s'imposent.
Stratégie à revoir
La stratégie de Renault est également discutable. Si le constructeur automobile peut s'appuyer sur les bonnes ventes des Clio et Captur, le haut de gamme n'a toujours pas trouvé son public. Malgré leurs qualités, les Koleos, Talisman ou Scenic ont du mal à soutenir la comparaison avec la concurrence. Or, c'est dans le haut de gamme que les marges sont les plus intéressantes et Renault ne parvient pas à s'y faire une place.