Pourquoi Alcatel-Lucent, sorti du CAC 40, a pourtant pris 30 % en deux mois ?

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Par Fabio Marquetty Modifié le 16 janvier 2013 à 6h05

"Plus la taille d’un échantillon augmente plus ce dernier est représentatif de ses constituants." Jacques Bernoulli, éminent mathématicien suisse du XVIIème siècle, avait en son temps baptisé cela la loi des grands nombres. Les sondeurs l’utilisent pour dresser des tendances. En l’occurrence si l’on se fie à l’explosion des volumes échangés sur l’action Alcatel-Lucent et à son récent parcours boursier tout aussi explosif, il semblerait que les acheteurs soient de retour. Ceux-là même qui attendaient leur heure après une décennie de disette marquée par une fusion entre Alcatel et Lucent Technologies en 2006 plus destructrice de valeur que salutaire.

Les 14,35 euros atteints au plus haut de l’année 2004 ne sont plus qu’un lointain souvenir. Entre-temps, l'action Alcatel-Lucent a été réduite au rang peu enviable de « penny stock » et cote aujourd’hui à peine plus de un euro. Faisant au passage les choux gras des inconditionnels de la vente à découvert, une méthode bien connue des arbitragistes et autres hedge funds consistant à vendre par avance un actif que l’on ne possède pas, qui espéraient, il y a encore deux mois que la sortie d’Alcatel-Lucent de l’indice CAC 40, intervenue le 24 décembre dernier, allait lui porter le coup de grâce. Le tout dans un contexte de trésorerie en perdition. Si bien qu’au cours de l’année écoulée, l’AMF, le gendarme des marchés financiers, a croulé sous les déclarations de positions « courtes nettes », aussi appelées « short » par les professionnels, devenues obligatoires le 1er février lorsque les sommes en jeu égalent ou dépassent 0,5% du capital de la société concernée. Au bas mot, une centaine.

Seulement voilà, le destin a joué un tour aux spéculateurs. Au-delà de l’éviction presque anecdotique car attendue depuis longtemps de l’équipementier télécoms du cercle des champions de la Bourse de Paris, la généreuse rallonge de 1,6 milliard d’euros obtenue, sous la forme de facilités de crédit, auprès de Crédit Suisse et Golman Sachs Bank a changé la donne. Tout comme la volonté récemment affichée par les pouvoirs publics de contribuer à l’effort de refinancement avec l’hypothèse évoquée d’une entrée du FSI dans le tour de table d'ASN, la division de câbles optiques sous-marins du groupe. Au grand dam de ses prédicateurs, la fin du monde n’est visiblement pas encore à l’ordre du jour pour Alcatel-Lucent. Selon certains analystes, l'équipementier disposerait même de suffisamment de trésorerie, cessions comprises, pour tenir jusqu'en 2015 au moins. Les investisseurs qui pensaient voir l’action sombrer dans le néant en sont pour leurs frais. Pris à contre-pied, les vendeurs à découvert, qui doivent impérativement livrer les titres à l’échéance et donc les avoir achetés au préalable, n’ont pas eu d’autres choix que se précipiter sur les titres pour éviter de les acquérir au prix fort. Les initiés utilisent le terme jargonneux de « corner » pour désigner ce type de phénomène. La bête noire des Cassandre.

Ainsi, durant la semaine ayant précédé Noël, pas moins de 413 millions de titres représentant près de 18 % du capital ont changé de mains, un record hebdomadaire historique. Et cela alors que leur prix a grimpé de 70 % en trois mois. La chance sourit désormais aux détenteurs de capitaux et plus à ceux qui font semblant d’en avoir.

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journaliste économique et financier, éditorialiste.

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