Sans prévenir le gouvernement français, l'État néerlandais a fait l'acquisition de 12,68% de la compagnie Air France-KLM.
Surprise du chef chez Air France-KLM ! L'État hollandais a annoncé mardi 26 février au soir qu'il prend 12,68% du capital. En déboursant 680 millions d'euros, le gouvernement batave entend peser sur les décisions de la holding et défendre les intérêts de KLM, selon le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra.
Air France-KLM : le gouvernement néérlandais acquiert 12,68% du capital sans en informer la France
C'est la panique à la tête de la compagnie. Seulement une semaine après le vote d'une nouvelle organisation du groupe qui devait apporter davantage de coopération entre les deux compagnies, l'État néerlandais fait donc cette acquisition du 12,68% du capital d'Air France-KLM et annonce vouloir monter à 14% pour porter cette participation au niveau de celle de la France. Pour rappel, l'État français détient actuellement une participation de 14,3% dans le groupe, et l'État néerlandais ne détenait jusqu'à présent que 6% de la filiale KLM.
Mais on apprend mercredi 27 février qu'Air France n'en savait rien jusqu'à l'annonce officielle. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, a ainsi reconnu dans Les Échos que tout s'est fait « sans information du conseil d'administration ni du gouvernement français ». Et d'ajouter que dans ce genre de dossier, « il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu'Air France-KLM soit géré dans l'esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale. »
Deux clans disctincts
Selon Wopke Hoekstra, la démarche constitue « une étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais ». Et de poursuivre : « L'acquisition de cette participation nous assure un siège à table. » Un début d'année décidément perturbé. Et l'irruption des Pays-Bas au tour de table de la compagnie aérienne semble au final assez logique au vu de ces dernières semaines de tension.
Aujourd'hui, en effet, deux clans se sont formés : d'un côté Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM et les membres français du conseil d'administration du groupe, et, de l'autre, Pieter Elbers, le président du directoire de KLM et le gouvernement hollandais, autour du renouvellement de Pieter Elbers à la tête de KLM et d'une manière plus large autour de la place de KLM au sein du groupe.
Ben Smith voulait plus d'intégration, tandis que Pieter Elbers souhaitait le maintien de l'autonomie de KLM. Le premier l'a emporté et est même parvenu à se faire nommer au conseil de surveillance de KLM, un sujet qui a toujours suscité l'hostilité des Hollandais. Pieter Elbers a accepté et a vu son mandat renouvelé. Mais il devait déjà avoir sa petote idée en tête. La suite est désormais connue...
Un conseil d'administration d'Air France-KLM a été convoqué mercredi 27 février.