Introduction Le bien ne fait pas de bruit
« There is a difference between knowing the path and walking the path. » Morpheus, Matrix
Clayton Christensen est un grand professeur à la Harvard Business School, décédé quelques semaines avant le tsunami sanitaire qui s'est abattu sur le monde. Il ne pouvait pas imaginer ce que nous allions vivre quand, en 1995, il écrivit un article qui marquera la pensée économique contemporaine:
Il y a donc un avant et un après la découverte de « l'innovation disruptive ». Parmi tous les buzzwords stratégiques, ces mots magiques que l'on entend partout, «disruption» est un must. Depuis son apparition, les consultants en stratégie noircissent leurs présentations Powerpoint de conseils disruptifs, intimant à des grandes entreprises paniquées de déployer la plus grande vigilance technologique, une intuition prospective, et le goût du risque, si elles veulent survivre. Tu te laisses disrupter, t'es mort. Et pour être honnête, il est vrai que les exemples fleurissent.
Aussi juste que soit cette analyse, elle n'est pour- tant pas l'apport majeur de Christensen. Les plus belles inspirations viennent du secret de notre âme. Elles sont parfois simples et évidentes, mais nous les oublions trop vite. Nous nous en sommes heureuse- ment souvenus en 2020 quand nous avons répondu au besoin d'entraide dans le contexte de pandémie.
Bien que le mot «disruption» soit devenu aujourd'hui un concept économique et médiatique incontournable, ce n'est pas cela que je retiens de Clayton Christensen. Ce ne sont pas ses ouvrages, ses conférences ni ses multiples articles. Mais, plus anecdotiquement, une interview intimiste que ce mormon très croyant donna au Wall Street Journal en 2016. Une de ses réponses m'interpella alors :
« Il y a une vraie différence entre connaître le chemin et le prendre », nous rappelle Morpheus dans le film- culte Matrix. Pour avancer sur le chemin qui nous conduit vers une économie qui nous veut vraiment du bien, il ne suffit pas de faire un post LinkedIn, une page web ou un rapport RSE, en utilisant quelques concepts à la mode. Ni même d'avoir un business model disruptif. Pour bêtir le monde d'après, nous sommes encouragés à puiser plus profondément notre inspiration, comme Clayton Christensen.
Dans une réflexion spirituelle, personnelle, légère pourrait-on croire, le gourou de l'innovation donne en réalité une clé de discernement profondément d'actualité, et qui peut s'appliquer à n'importe quel entrepreneur dans un cadre professionnel : As-tu aidé des personnes à devenir meilleures ? As-tu fait correctement ton «métier», mot dont l'étymologie latine nous renvoie au mot ministerium qui se traduit par service ? As-tu librement rendu service ?
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