Toute personne a droit à être aidée financièrement pour être défendue par un avocat, et tout avocat a droit à être rémunéré dignement pour défendre cette personne ! C'est en substance le message que les avocats tentent de faire passer dans l'opinion publique. Furieux de la tournure que prend la réforme du financement de l'aide juridictionnelle, ils ont entamé hier soir une grève. Jusqu'à nouvel ordre. Une première dans l'histoire du barreau de Paris !
Aider les plus modestes ne rapporte pas gros
Comme l’explique le syndicat des Avocats de France, "l’aide juridictionnelle n’est pas un marché juteux pour les avocats mais une mission qui permet aux plus démunis de bénéficier d’un avocat dans la défense de leurs intérêts, droit fondamental, et d’avoir ainsi accès au droit. Les avocats qui interviennent à l’aide juridictionnelle assument sur leur activité économique le poids d’une mission dont la rétribution est inférieure à son coût. Il ne s’agit pas seulement pour l’avocat de rémunérer son travail, mais aussi de rémunérer les salariés qu’il emploie et d’assumer les frais de fonctionnement de son cabinet".
D'autres professionnels en colère insistent : il faut maintenir "le droit à un avocat dignement rémunéré pour assurer une défense aux publics économiquement fragiles". Les avocats, d'après eux, méritent mieux que les barèmes proposés, qui vont se traduire par des baisses d’indemnisation pour les avocats devant les tribunaux d’instance où se débat au quotidien le droit du logement, les conseils de prud’hommes ou les juges aux affaires familiales !
En effet, Bercy souhaite réformer l' aide juridictionnelle, cette aide financière apportée par l'Etat aux personnes qui souhaitent agir en justice.
Une rétribution en baisse
Le ministère entend notamment baisser l'indemnisation des avocats chargés de cette aide en 2016. Par exemple, pour une permanence de 24 heures de garde à vue, ils ne seraient plus payés 300 € mais 181,50 € selon le projet de loi finances.
Concrètement, la grève aura des répercussions sur tout le fonctionnement des tribunaux. Pas d'avocats, pas de procès ! Seuls des commis d'office seront désignés afin d'intervenir lorsque la liberté d'un justiciable est immédiatement en jeu. Pour le reste, la justice va connaître un sérieux coup d'arrêt.