Q1 : Diriez-vous qu’en matière économique, l’Etat devrait intervenir davantage, moins ou autant qu’il le fait déjà ?
- Davantage : 52 %
- Moins : 23 %
- Autant qu’il le fait déjà : 24 %
- NSP : 1 %
52% des Français interrogés considèrent que l’Etat devrait intervenir davantage en matière économique.
Les sondages se suivent et… se ressemblent ! La semaine passée, quelques jours avant le deuxième tour de la primaire de la droite et du centre, nous avions posé la question de savoir si le programme économique de l’un ou l’autre candidat avait des vertus d’amélioration de la situation économique de la France. Les mesures plutôt « libérales » des deux candidats avaient déjà été jugées négativement.
Cette semaine, rebelote, les Français considèrent qu’en matière économique l’Etat devrait intervenir davantage, à une courte majorité (52%). Au-delà du reflexe des Français interrogés que l’on peut appeler Colbertiste, jacobin, ou interventionniste et qui est classique pour notre pays depuis plus de 200 ans, il faut s’interroger sur la signification des résultats en communication.
Dans un premier temps, il convient de confronter ce résultat à l’actualité politique qui a présidé au choix de la question du sondage d’aujourd’hui.
A première vue, ce résultat apparaît comme un paradoxe entre les positions économiques des deux nouveaux hommes forts de la politique en France bien que situés des deux cotés de l’échiquier politique : François Fillon, d’une part et Emmanuel Macron d’autre part.
En effet, au moment où ces deux personnalités émergent dans le débat politique, les Français réclament davantage d’intervention de l’Etat.
Cela signifierait que ces deux candidats à l’élection présidentielle, et qui occupent le sommet des côtes de popularité, devraient se livrer à des exercices de pédagogie renforcés pour ne pas risquer des déconvenues électorales provoquées par de plus interventionnistes qu’eux.
Ce travail de pédagogie devrait passer par l’affirmation que davantage d’intervention de l’Etat ne signifie pas que l’on veut nécessairement plus de fonctionnaires ou un alourdissement de la dette publique. Bien au contraire !
Les éléments de langage de MM. Macron et Fillon devront ainsi affirmer qu’il est possible de faire mieux pour l’Etat par une meilleure gestion et avec moins. C’est à dire passer d’un système qui doit privilégier des dépenses de fonctionnement à un système permettant des dépenses d’interventions. Ce faisant, l’Etat retrouverait le rôle qui fut le sien au tournant des années 60 et 70 et qui semble plaire à une majorité de Français : un opérateur économique et industriel de premier plan…
Si cela redevenait le cas, alors nous poserions la question de savoir si l’Etat est un bon gestionnaire des entreprises dont il est actionnaire… Il y aura encore de quoi écrire !
Q2 : Etes-vous favorable ou opposé à l’instauration d’un patrimoine universel, à savoir que chaque Français aurait droit, une fois dans sa vie, à un prêt garanti par l’Etat pour financer ce qu’il souhaite (achat de logement, création d’entreprise…) ?
- Sous total « favorable » : 75 %
- Sous total « opposé » : 24 %
- NSP : 1 %
Q2 : 75% des Français interrogés sont favorable à l’instauration d’un patrimoine universel.
Voici une proposition révélée par la presse cette semaine qui émanerait du Président de la République lui même qui lui permettrait de reprendre la main en matière économique et sociale d’une part et servirait de mesure choc à la rédaction d’un programme électoral d’autre part.
Le mécanisme de ce dispositif repose sur un prêt garanti par l’Etat pour financer un achat précis. Ce dispositif se distingue du revenu universel dont nous avons déjà parlé ici et prend la forme d’un versement mensuel de plusieurs centaines d’euros pendant une période donnée.
Si l’on était cynique on dirait que, pour une fois, l’Etat garantirait une dette aux Français, alors même qu’il fait déjà peser une créance de 20 000 euros sur la tête de chaque Français… du fait du montant de la dette publique accumulée depuis 40 ans. Il n’en demeure pas moins que les Français plébiscitent ce dispositif, puisque 75% d’entre eux affirment dans le sondage OpinionWay pour LCI et Tilder de cette semaine y être favorable.
Il y deux façons de lire ces résultats en communication. La facilité consisterait à le considérer comme une simple bonne nouvelle pour le Président de la République qui n’a pas reçu de plébiscite sur une proposition politique depuis bien longtemps.
De plus, ce type de proposition disruptive lui permet de couper l’herbe sous le pied des principaux candidats à la primaire de la gauche (Hamon, Montebourg, Lienemann), qui plaident pour la mise en œuvre d’un « revenu universel », aiguillonnés qu’ils sont par le think tank Terra Nova qui est depuis plusieurs années l’un des moteurs idéologiques de la gauche de gouvernement. En réalité, cette proposition de « patrimoine universel », fait suite à la multiplication d’idées politiques nouvelles en matière économique qui fleurissent à l’occasion de cette campagne présidentielle naissante.
En effet, les idées neuves se multiplient, que ce soit à droite avec la transformation de la fonction publique ou une réforme en profondeur du système social qui de 1945 ou à gauche, la mise en oeuvre de « revenu universel » ou encore ici de patrimoine universel. Fondamentalement, cette idée dont on ne sait pas encore si elle figurera ou pas à un programme que François Hollande porterait ou pas, est la formalisation, avec d’autres, d’une transformation en cours du logiciel économique et social français dont l’élection présidentielle sera le facteur déclencheur.
Toute la question ensuite sera de savoir si ces idées pourront être réellement mises en œuvre une fois le nouveau Président élu, mais ça, c’est déjà une autre histoire.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 1er décembre 2016