Les négociations commerciales entre les industriels laitiers et les distributeurs battent leur plein et le Président de Système U, Serge Papin, vient d'annoncer que le niveau de prix du lait négocié se situerait autour de 32 cts/L. Un tel niveau de prix serait, une fois de plus, destructeur. La Coordination Rurale et l'OPL, avec l’aide des références de l'Observatoire des prix et des marges et des différents organismes économiques agricoles, évaluent le prix du lait à un niveau supérieur à 40cts/L pour les producteurs français, comme c'est le cas dans la majorité des pays de l'Union Européenne.
Il faut changer la donne !
Pour la CR et l'OPL, il est urgent de changer les modes de calcul de rémunération des matières premières, au niveau des producteurs, qui ont cours en France, et dont les éleveurs laitiers sont la variable d’ajustement. Aujourd'hui, l’industrie et la grande et moyenne distributions préservent voire augmentent leurs marges, cela aboutissant à laminer notre potentiel de production avec des conséquences dramatiques sur les plans humain, économique, social et environnemental.
L'Etat est directement responsable de cette situation
Le « tunnel de prix » avec l'Allemagne ainsi que le double prix coopératif provoquent la concurrence entre producteurs européens. Orchestrée par l’industrie, la dérégulation de la production et du marché laitiers montre ses limites. La France qui, plutôt qu’organiser à long terme une production de lait, sur l’ensemble du territoire comme le préconisent les différents plans de compétitivité et autres, déroule le tapis rouge au modèle « 1000 vaches ». L'Etat a une responsabilité directe dans la situation de désespoir des agriculteurs qui se traduit par des abandons de production, des faillites et, plus grave encore, par des taux de « burn out » et de suicides scandaleusement élevés.
Le gouvernement doit agir
La CR et l'OPL vous demandent instamment, Messieurs les Ministres, d’œuvrer ensemble pour le redressement productif de l'agriculture française, base sur laquelle repose le colosse de notre industrie qu'est l'agroalimentaire. Le gouvernement doit reconsidérer la Loi de Modernisation de l'Economie en matière de seuil de revente à perte (SRP), intégrer la notion de prix d’achat ne pouvant descendre en dessous du coût moyen de production et ainsi prendre en compte durablement les contraintes de chaque acteur.
Il serait bien sûr intolérable qu'un des buts inavoués de l'actuelle négociation entre industriels et distributeurs soit de faire des producteurs de lait, la « chair à canons » empêchant tout début d'inflation résultant notamment de la hausse récente de la TVA.
Certains de votre attention, nous vous prions d’agréer, Messieurs les Ministres, l'expression de notre haute considération.
Cet article a été écrit en collaboration avec Véronqiue Le Floc'h, présidente de l'OPL.