L’agriculture française livrée aux rois de la semence

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Par Bernard Lannes Publié le 13 février 2014 à 5h00

Les négociations commerciales entre les industriels laitiers et les distributeurs battent leur plein et le Président de Système U, Serge Papin, vient d'annoncer que le niveau de prix du lait négocié se situerait autour de 32 cts/L. Un tel niveau de prix serait, une fois de plus, destructeur. La Coordination Rurale et l'OPL, avec l’aide des références de l'Observatoire des prix et des marges et des différents organismes économiques agricoles, évaluent le prix du lait à un niveau supérieur à 40cts/L pour les producteurs français, comme c'est le cas dans la majorité des pays de l'Union Européenne.

Il faut changer la donne !

Pour la CR et l'OPL, il est urgent de changer les modes de calcul de rémunération des matières premières, au niveau des producteurs, qui ont cours en France, et dont les éleveurs laitiers sont la variable d’ajustement. Aujourd'hui, l’industrie et la grande et moyenne distributions préservent voire augmentent leurs marges, cela aboutissant à laminer notre potentiel de production avec des conséquences dramatiques sur les plans humain, économique, social et environnemental.

L'Etat est directement responsable de cette situation

Le « tunnel de prix » avec l'Allemagne ainsi que le double prix coopératif provoquent la concurrence entre producteurs européens. Orchestrée par l’industrie, la dérégulation de la production et du marché laitiers montre ses limites. La France qui, plutôt qu’organiser à long terme une production de lait, sur l’ensemble du territoire comme le préconisent les différents plans de compétitivité et autres, déroule le tapis rouge au modèle « 1000 vaches ». L'Etat a une responsabilité directe dans la situation de désespoir des agriculteurs qui se traduit par des abandons de production, des faillites et, plus grave encore, par des taux de « burn out » et de suicides scandaleusement élevés.

Le gouvernement doit agir

La CR et l'OPL vous demandent instamment, Messieurs les Ministres, d’œuvrer ensemble pour le redressement productif de l'agriculture française, base sur laquelle repose le colosse de notre industrie qu'est l'agroalimentaire. Le gouvernement doit reconsidérer la Loi de Modernisation de l'Economie en matière de seuil de revente à perte (SRP), intégrer la notion de prix d’achat ne pouvant descendre en dessous du coût moyen de production et ainsi prendre en compte durablement les contraintes de chaque acteur.

Il serait bien sûr intolérable qu'un des buts inavoués de l'actuelle négociation entre industriels et distributeurs soit de faire des producteurs de lait, la « chair à canons » empêchant tout début d'inflation résultant notamment de la hausse récente de la TVA.

Certains de votre attention, nous vous prions d’agréer, Messieurs les Ministres, l'expression de notre haute considération.

Cet article a été écrit en collaboration avec Véronqiue Le Floc'h, présidente de l'OPL.

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Bernard Lannes est le président de la Coordination Rurale, 2ème syndicat agricole de France. A la tête du syndicat depuis décembre 2011, il veut rétablir l'égalité entre les syndicats et se bat pour garantir la représentation de tous les agriculteurs. Son objectif: casser la cogestion : « Seule la position du syndicat majoritaire est prise en compte par le gouvernement, or tous les paysans payent de cotisations! Il est donc normal que toutes les opinions comptent ».   A propos de la Coordination Rurale La Coordination Rurale est le seul syndicat agricole représentatif indépendant de toute organisation économique et politique qui défend tous les agriculteurs. Ses responsables sont des bénévoles vivant de leur ferme. Présente sur tout le territoire et à la tête de 4 Chambres d’agriculture, la CR se bat pour une PAC équilibrée, contrat entre agriculteurs et citoyens, les premiers garantissant la sécurité alimentaire des seconds en échange de prix rémunérateurs.

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