Les « actions européennes », produit financier phare de 2013

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Par Hugues Le Maire Modifié le 1 janvier 2013 à 10h00

L’année 2013 sera propice aux actions européennes, une des classes d’actifs actuellement la moins chère au monde. Tous les facteurs de risque ne sont pas totalement dissipés en zone euro, entre une crise de la dette encore sensible et les effets pro-cycliques des programmes de rigueur budgétaire nationaux, salutaires, mais qui compromettent un peu plus les perspectives de croissance. Il n’en reste pas moins que les marchés d’actions disposent de sérieux atouts.

Dans un environnement où les taux d’intérêt sont extrêmement bas grâce à la politique monétaire non conventionnelle menée par la Banque Centrale Européenne, les investisseurs n’ont d’autre option que de réviser leur stratégie d’investissement. Le « flight to quality » sans distinction qui prévalait encore massivement il y a quelques mois butte sur des taux de rendement réels désormais négatifs. À 1,37 %, les taux réels allemands sont nettement négatifs, une situation intenable à moyen terme et inenvisageable dans l’économie réelle. Quel agent économique ferait le choix rationnel de prêter à un autre en perdant de l’argent ?

Les actions européennes se trouvent dans une configuration assez inédite où leur niveau de valorisation est globalement inadéquat compte tenu de leurs fondamentaux. En raison d’une prime de risque exagérée sur ces actifs, leurs cours sont longtemps restés sous-évalués. Le rallye boursier initié le 26 juillet 2012, avec le discours de Mario Draghi, a commencé à compenser cet écart, mais la marge de revalorisation est encore grande pour atteindre des prix plus justes.

Pour autant, tous les actifs boursiers de la zone euro ne bénéficieront pas de ce mouvement haussier. Une approche d’investissement sélective et flexible, donc active, est indispensable pour distinguer les types de valeurs qui ont le plus de chance de se démarquer.

Un premier constat s’impose. Les valeurs de croissance issues des secteurs du luxe (LVMH, Richemont), de la santé (Sanofi) ou de la chimie (Arkema), ont délivré sur le long terme des performances boursières pérennes ce qui devrait se poursuivre dans les années à venir, par opposition aux deux secteurs que sont les télécoms et les utilities, dont les dividendes sont loin de compenser des performances boursières en chute libre. Les moteurs de cet antagonisme sont bien connus. D’un côté les groupes du luxe s’exportent à travers le monde en préservant de fortes marges bénéficiaires et leurs homologues de la santé, ou de la chimie, profitent de tendances structurelles que sont le vieillissement de la population, ou l’élargissement de l’accès aux soins pour imposer leur forte valeur ajoutée. De l’autre, les entreprises spécialisées dans les télécoms ou les services aux collectivités voient leur rentabilité plombée par une régulation particulièrement contraignante, une concurrence forte et des investissements infrastructurels lourds.

Reste une troisième catégorie de valeurs, dont le profil est particulièrement attractif. Ce sont ces « cas d’investissement » particuliers, ces actions le plus souvent cycliques ou financières dont les valorisations sont anormalement basses, non pas en raison de mauvais fondamentaux mais parce qu’elles sont mal valorisées par le marché.

Le titre Vallourec en est un exemple intéressant. En juin dernier, le leader mondial des tubes sans soudure a offert à ses actionnaires le choix de percevoir leurs dividendes en numéraire ou en actions. En dépit de multiples de valorisation très faibles, 95% des actionnaires a opté pour le paiement du dividende en cash, soit 1.30 euro par action, dans un contexte de préférence « à tout prix » pour les actifs refuges. Pourtant, l’analyse des fondamentaux de l’entreprise aurait pu convaincre les investisseurs de l’attrait de la décote du titre. A 31.10 euros à l’époque, l’action était valorisée moins de 8 fois ses bénéfices 2011 et 0.7 fois ses actifs, pour une capitalisation totale à « seulement » 3.6 milliards, ouvrant la voie à d’hypothétiques velléités d’OPA. Les perspectives de croissance étaient clairement identifiées (elles le sont d’autant plus aujourd’hui) la société devant bénéficier de l’essor du marché du gaz de schiste, notamment en Amérique du nord. Résultat, le titre a depuis rebondi de 30% en bourse, offrant un gain substantiel pour les 5% d’actionnaires qui avaient su lire de façon rationnelle lepotentiel intrinsèque du titre.

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Hugues le Maire est directeur général et co-fondateur de Diamant Bleu Gestion, après avoir travaillé chez Rothschild & CIe Gestion et Tocqueville Finance SA.

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