Les actions restent un actif trop mal aimé des Français. D’après la dernière enquête de Kantar pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), seuls 7,6% des ménages possèdent des investissements en actions, soit en direct, soit via des fonds actions. Si ce chiffre est à peu près stable, qui veut voir le verre à moitié plein, trouvera tout de même une bonne nouvelle dans cette étude : 18% des détenteurs d’actions ont moins de 35 ans, alors que cette proportion n’était que de 11% il y a deux ans.
Les milléniaux ont-ils plus le goût de la Bourse que leurs aînés ? Force est de constater que les Français des générations précédentes ont tendance à préférer l’immobilier. Non seulement ils sont plus souvent propriétaires de leur logement que certains de leurs voisins, à commencer par les Allemands, mais ils raffolent aussi de produits d’investissement immobilier comme les SCPI, qui ont encore collecté 5,4 milliards d’euros au premier semestre 2021.
Pourtant, il est intéressant de rappeler les résultats d’une étude comparative des performances des différentes classes d’actifs (actions, obligations d’Etat à 10 ans, or, immobilier) sur très longue période (1998-2013) qu’avait publiée par l’AMF. Cette étude déclinée dans six pays montrait que les actions étaient le meilleur placement sur 25 ans en Allemagne, au Royaume-Uni et surtout aux Etats-Unis. En France, elles faisaient à peu près jeu égal avec les obligations d’Etat, alors que les Italiens auraient eu nettement intérêt à préférer ces dernières et que l’or était la meilleure solution pour les Japonais. Mais l’immobilier ne battait les actions dans aucun des six pays considérés.
Certains seront surpris d’un tel constat, car l’immobilier est souvent considéré, à tort, comme un placement sans risque. A l’inverse, la perception du côté risqué des actions est souvent excessive. Par exemple, la performance du CAC 40 GR (intégrant le réinvestissement des dividendes) sur les cinq années suivant le début du mois de septembre 2008 a été d’environ 10% : rien de glorieux mais, sachant que le marché a du encaisser sur la période l’effondrement économique mondial lié à la faillite de Lehman Brothers, puis la crise souveraine de la zone euro, rien de catastrophique non plus.
Le fait que les actions soient capables de surperformer la pierre tient à d’autres facteurs, à commencer par les frais, logiquement plus élevés dans la détention en direct des actifs réels que sont les immeubles, où le risque de vacance, qui peut priver l’investisseur d’une partie des revenus. N’oublions pas non plus les bénéfices de la diversification. Lorsqu’un investisseur acquiert des parts des principales SCPI du marché, il s’expose essentiellement à des actifs de bureaux situés en première couronne en Île-de-France, même si elles ont amorcé leur diversification sur le plan géographique et par le type d’actifs. Cela est source d’une assez forte dépendance à la conjoncture locale. En investissant dans un portefeuille d’actions, et même si on se restreint à la zone euro, par exemple, afin de limiter le risque de change direct, on se retrouve exposé à un grand nombre d’activités dont les cycles économiques sont différents et surtout à des entreprises qui sont généralement de dimension mondiale. LVMH, par exemple, a des ventes six fois supérieure en Asie à celles réalisées en France.
Enfin, investir en actions, c’est investir dans un actif qui peut évoluer de manière plus dynamique. Le patrimoine immobilier d’une SCPI va évidemment évoluer dans le temps, avec la vente de certains actifs et l’achat d’autres, mais cette évolution est relativement lente. Investir dans une action, c’est avant tout investir dans une entreprise, qui peut se lancer dans de nouvelles activités en fonction des opportunités perçue par ses dirigeants. Pour reprendre l’exemple de LVMH, on peut rappeler que c’est à partir d’une simple entreprise de promotion immobilière que Bernard Arnault a finalement réussir à bâtir le numéro un mondial du luxe. Et que dire de Schneider Electric, né dans les activité minières et aujourd’hui leader mondial des solutions numériques d’efficacité énergétique. C’est cette capacité à se réinventer en permanence qui fait des entreprises, donc des actions cotées, un outil incomparable de création de valeur.