Trou d’air à venir pour l’action Netflix

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Par Christopher Dembik Publié le 13 octobre 2014 à 3h42

Les résultats trimestriels de Netflix sont en ligne de mire. Ils seront annoncés le 15 octobre prochain, à la clôture de Wall Street.

Tout indique qu'ils vont encore largement rassurer les investisseurs avec un bénéfice par action anticipé à 93 cents contre 86 cents au premier trimestre et 1.15 dollar au deuxième.

L'action devrait capitaliser sur ces bons résultats pour poursuivre son ascension, après avoir déjà gagné 45% sur un an, surperformant largement l'indice de référence américain S&P 500 sur la période.

En dépit de l'enthousiasme du marché depuis deux ans pour cette valeur, on peut s'interroger sur la pérennité de la hausse du titre Netflix alors que l'entreprise entame une étape cruciale de son développement cette année en selançant à l'international.

Une action très nettement surévaluée

La hausse de l'action Netflix s'explique par la combinaison de l'engouement boursier pour les valeurs du Net et par l'intégration dans le cours des perspectives de croissance à moyen et à long terme. Résultat : sur un an, la progression est de l'ordre de 45% et même de plus de 530% sur deux ans. Le titre fait déjà face à des accusations de bulle spéculative qui sont en partie justifiées.

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Le ratio cours sur bénéfice était à plus de 217 pour l'année 2013. Bien qu'il doive progressivement tomber à un niveau plus soutenable selon les projections, il risque d'être encore très élevé cette année, autour de 118. Le décalage entre le cours de l'action et les fondamentaux de l'entreprise est également étayé par le multiple du chiffres d'affaires. En 2013, il était de 120x et ne va diminuer que lentement pour atteindre 100x en 2014 et 67x en 2015.

On peut conclure à partir de ces données que l'action Netflix est très chère. Pour qu'elle renoue avec un niveau qui soit plus en ligne avec les résultats financiers de l'entreprise, il faudrait qu'ait lieu une chute du cours de l'ordre d'au moins 25% à 30% de notre point de vue.

Un trou d'air probable entre 2016 et 2018

Une telle baisse n'est pas exclue à moyen terme. En effet, Netflix va certainement connaître un trou d'air entre 2016 et 2018. Il est probable que le marché US, d'où le groupe tire sa croissance jusqu'à présent, arrive à maturité d'ici à 2016. Dans le même temps, bien que Netflix projette d'obtenir chaque trimestre deux millions d'utilisateurs supplémentaires sur le Vieux-continent, le marché européen ne sera vraiment rentable qu'en 2017 – 2018.

Apparait alors une fenêtre d'environ deux ans pendant laquelle les résultats pourraient ne pas correspondre aux attentes du marché, faisant courir un risque de forte baisse au titre.

Impact financier lié à l'expansion européenne (source : Netflix) :

- 2014 : 193 millions de dollars de pertes
- 2015 : 166 millions de dollars de pertes
- 2016-2017 : seuil de rentabilité
- 2018 : 215 millions de dollars de profits

Pour atténuer l'impact de ce trou d'air, la seule stratégie viable serait d'augmenter les prix au fur à mesure de l'élargissement de la base clients, comme ce fut déjà fait au printemps dernier aux Etats-Unis en faisant passer l'offre d'abonnement de base de 7.99 dollars à 8.99 dollars. Une nouvelle augmentation de l'ordre de 1 à 2 dollars pourrait compenser, en partie, les coûts liés à la conquête du marché européen. Il n'est pas improbable que ce choix soit fait par Netflix afin de conserver les faveurs des investisseurs.

Un potentiel de long terme qui demeure

Netflix est une belle entreprise et, sur le long terme, ses perspectives de développement ne sont en aucune façon remises en cause. L'expansion internationale fait sens et est vue comme un relais de croissance logique par les investisseurs. Cependant, les coûts inhérents à cette stratégie risquent de peser sur le cours de l'action pendant la période de transition s'étalant de 2016 à 2018. Il ne faut pas voir une baisse comme négative. Le rééquilibrage à venir sera, au contraire, salutaire en réduisant la pression du marché sur le management et en permettant d'avoir une valorisation plus en accord avec les fondamentaux de l'entreprise.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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