Les plans de relance des autorités sont mis en place mais ne seront pas suffisants – et leurs effets se font attendre. Pour les investisseurs, il est temps d’adopter une stratégie défensive.
Nous avons vu hier que la Fed multiplie les initiatives et les mesures pour relancer l’économie. Ces interventions arrivent dans un contexte où la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a déclaré que l’impact économique de la pandémie de coronavirus serait pire que celui constaté au cours de la crise financière de 2008.
Généralement, les réactions des banques centrales dans le monde, notamment les baisses de taux, l’augmentation du QE et la création de plusieurs mécanismes de liquidité, s’apparentent à poser une seule rustine sur une chambre à air qui se perce de toutes parts.
En outre, tout cela bénéficie une fois de plus aux banques et aux entreprises, et non directement aux gens ou aux travailleurs, ou à leurs emprunts. On ne sécurise pas l’économie sur ses principales fondations : on distille une somme colossale au sommet en espérant qu’elle s’écoulera jusqu’en bas.
Comme lors de la dernière crise de 2008, lorsque la Fed injecte de la liquidité dans le système en achetant des MBS (mortgage-backed securities, titres adossés à des créances hypothécaire), ce n’est pas la même chose que si elle finançait les remboursements de ces prêts immobiliers sous-jacents souscrits par des particuliers. Si elle le faisait, cela aiderait vraiment ces personnes, les banques et le marché des MBS.
C’est ce que j’ai suggéré dans mon livre intitulé It takes a Pillage et cela reste vrai.
Nous sommes assis sur des dettes publiques et d’entreprises colossales, à cause des politiques monétaires menées depuis la dernière crise. Cela a toujours signifié que nous tomberions d’encore plus haut, quel que soit le catalyseur extérieur (dans ce cas, le coronavirus).
Cette fois, en n’adoptant aucune solution permettant d’aider les particuliers et les petites entreprises de manière bien plus considérable, nous ne faisons que préparer le terrain pour la prochaine crise. Et comme la dernière fois, lorsque la crise du coronavirus s’apaisera, ces manœuvres fabriqueront des bulles du crédit dans les secteurs des banques et des entreprises qui éclateront, à l’avenir, encore plus vite.
Passage en revue du plan de relance proposé par le gouvernement américain
Les 2 000 Mds$ du plan budgétaire élaboré par le gouvernement américain sont incontestablement énormes.
Ce plan comprend 500 Mds$ de prêts aux entreprises en difficulté, 350 Mds$ de prêts aux petites entreprises et 250 Mds$ de versements directs aux individus et aux ménages : il s’agit du plan d’aide d’urgence le plus vaste jamais réalisé.
Mais cela ne suffira pas à venir en aide aux Etats. Et selon la durée des répercussions du virus, cela ne suffira pas non plus aux particuliers ou petites entreprises, notamment en raison du décalage temporel intervenant avant que cet argent ne leur parvienne. Ce décalage signifie que l’économie mettra beaucoup plus de temps que le marché à reprendre pied.
Mais sur la seule anticipation que ce méga plan de relance américain allait être signé, l’indice Dow Jones Industrial Average a opéré un rally de 2 112 points – soit 11,3% – le mardi 24 mars.
Ce fut la plus forte hausse jamais enregistrée depuis 1933, à la clôture, alors qu’il dépassait à nouveau la barre des 20 000 points. Et le rally s’est poursuivi le jour suivant.
En période de crise, adoptez une attitude défensive
La similitude de cette crise avec la crise financière de 2008 est la suivante : elle a provoqué une contraction majeure de la liquidité sur toute la chaîne, des particuliers jusqu’au entreprises et sur des secteurs entiers.
Ce qui est différent, cette fois, c’est ce bouleversement physique intervenant carrément sur toute la chaîne, une crise de liquidité immédiate plus extrême pour davantage de gens, et la fermeture immédiate de nombreuses petites entreprises.
Pour tenir, les particuliers – de même que les fondations de notre économie – ont besoin d’un stimulus budgétaire bien plus important que lors de la dernière crise. Seuls les gouvernements nationaux sont en mesure de l’offrir, même si l’argent met du temps à parvenir à ces personnes.
Les banques centrales sont les fournisseurs d’amphétamine privilégiés par les banques, les grandes entreprises et les marchés. Cela a toujours été le cas. Au bout du compte, ils survivent, se régénèrent et prospèrent.
Mais les effets douloureux des bénéfices et données économiques nationales concernant les premier et deuxième trimestres ne sont pas encore ressentis.
Et les services de santé n’ont pas encore subi tout le traumatisme provoqué par le coronavirus. En outre, nous nous exposons à des dégâts économiques sur le plus long terme.
Même si l’on prend le meilleur scénario, il sous-entend que les conséquences du coronavirus seront dévastatrices.
Les banques centrales vont faire tout ce qu’elles pourront, et certaines choses vont peut-être fonctionner. Mais nous constatons déjà qu’une grande partie de ces mesures n’est pas à la hauteur de l’incertitude actuelle.
L’approche optimale, en ce moment, consiste à adopter une attitude défensive. Cela veut dire acheter des actions aurifères sur les replis, dans la mesure où nous pensons que les actifs tangibles tels que les métaux précieux vont prospérer en cette période de volatilité.
En période de crise, les investisseurs recherchent des valeurs refuges, et celle-ci ne fera pas exception.
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