« L’accord de Paris n’aurait pas été possible sans l’Union européenne »

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Par Sébastien Denis Publié le 14 octobre 2016 à 14h08
Accord Paris Planete Terre Decision Rechauffement Climatique
cc/pixabay - © Economie Matin
55%Pour entrer en vigueur, le texte de l'accord de Paris doit être ratifié par 55 pays comptant au moins pour 55 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète.

Après les États-Unis et la Chine, c’était au tour de l'Union européenne de ratifier l'accord de Paris, adopté lors de la COP21 en décembre dernier. Les instances européennes doivent non seulement reprendre leur place centrale sur l'échiquier mondial de la lutte contre le réchauffement climatique, mais également inciter les Etats membres à agir en ce sens.

La décision commençait à se faire attendre. Alors que les États-Unis, la Chine, l'Inde et même la Corée du Nord, pourtant peu exemplaires en matière de lutte contre le réchauffement climatique, avaient ratifié l'accord de Paris, l’Union européenne (UE) donnait peu d’indication sur une éventuelle pareille démarche. Celle-ci est finalement intervenue fin septembre avec l'accord des ministres de l'Environnement, qui ont autorisé le Parlement européen à ratifier l’accord.

Devoir d’exemplarité

Il s’agissait, pour l’UE, d’une impérieuse nécessité, d'un point de vue purement politique tout d’abord. En effet, pour entrer en vigueur, le texte de l’accord de Paris doit être ratifié par 55 pays comptant au moins pour 55 % des émissions de gaz à effet de serre de la planète. La ratification et le dépôt de l’accord par l’UE permet effectivement de franchir le seuil des 55 % d’émissions mondiales et, ainsi, de déclencher son entrée en vigueur. Le président Jean-Claude Juncker a à ce titre déclaré : « Aujourd'hui, l'Union européenne a transformé l'ambition en matière de lutte contre le changement climatique en action pour le climat. L'accord de Paris est le premier du genre et il n'aurait pas été possible sans l'Union européenne. Nous continuons à montrer la voie et à prouver que les États membres de l'Union européenne peuvent ensemble obtenir des résultats. »

Si, depuis plusieurs années, le vieux continent se veut en effet exemplaire dans le domaine, le retard dans l’autorisation de ratification démontre cependant que certains désaccords existent sur la procédure à suivre et le respect des objectifs chiffrés. D'un côté les pays les plus en avance, notamment les États nordiques, ne souhaitent pas être les seuls à faire de gros efforts. De l'autre, plusieurs pays, comme la Pologne ou encore l'Allemagne, continuent à rechigner sur l'arrêt de l’utilisation massive d'énergies fossiles, à commencer par le charbon. La répartition des efforts reste encore indéfinie mais l'essentiel est sauf : les États européens ne seront pas les pays industrialisés refusant les efforts pour permettre de sauver la planète.

Pression diplomatique

Cependant ratification n'équivaut pas à mise en œuvre et le fait que le nombre de pays ayant accepté l'accord de Paris s'allonge tous les jours un peu plus ne doit pas être une fin en soi. Nombreuses sont les organisations non-gouvernementales (ONG) et associations de défense de l'environnement qui espèrent que cette procédure ne sera pas qu'une simple mise en scène mais bien le point de départ d'actes bénéfiques pour la planète. Les deux objectifs majeurs issus de la COP 21 à Paris restent de contenir le réchauffement climatique en limitant la hausse des températures à 1,5°C ainsi que la poursuite par les pays développés de la réduction de leurs émissions carbonées. Mais comment vérifier leur réalisation ?

C'est là tout l'enjeu de l'accord de Paris et de sa réussite. De nombreuses avancées ont été permises avec notamment le plancher de l'aide climatique aux pays en développement – fixé à 100 milliards de dollars par année. Mais comment contrôler la bonne marche de tous ces objectifs ambitieux, sachant que l’accord ne revêt aucun caractère contraignant – il n’existe en effet pas de système de sanctions ? Face à ces interrogations, ce sont donc aux États de prendre leurs responsabilités et de permettre au texte d'être « politiquement contraignant » selon les mots de Pierre Radanne, ancien président de l'ADEME et auteur du rapport Facteur 4 sur la réduction des gaz à effet de serre de la France. En d’autres termes, c’est à l'UE de reprendre sa place de leader en cherchant à maintenir une pression diplomatique, indispensable à la réussite de l'accord de Paris.

En attendant, les États se retrouveront au Maroc en novembre prochain. Objectif : dresser un premier bilan, une année après l'adoption de l'accord de Paris, et tenter d'aller plus loin, notamment dans la prise en compte du transport aérien. Signe que l'UE est déterminée à la réussite de l'organisation de la grande réunion internationale à Marrakech, elle vient de signer, le 11 octobre dernier, un accord de subvention de 2 millions d'euros, qui s’ajoutent aux 7 millions d'euros déboursés au printemps.

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Conseiller énergétique, Sébastien Denis réalise des diagnostiques de performance énergétique auprès de particuliers et de professionnels, et participe à l'élaboration de stratégies durables pour ses clients.

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