La crise migratoire venue du Moyen-Orient ne s'est pas tarie malgré ce que pourrait laisser penser une couverture médiatique plus faible. La campagne présidentielle capte toute la lumière en France, mais les associations veillent et s'inquiètent d'une disposition dans l'accord signé entre l'Union européenne et la Turquie et qui prévoit la reconduite en Turquie de tous les migrants arrivés en Grèce après étude de leur demande d'asile.
Cette disposition « mine les valeurs européennes des droits de l'homme et de la dignité ». Les ONG comme Human Rights Watch ne décolèrent pas après l'entrée en vigueur de l'accord entre Ankara et Bruxelles pour juguler l'arrivée de migrants dans l'Union européenne.
Depuis un an (le 20 mars 2016), les migrants arrivés en Grèce depuis les côtes turques peuvent être renvoyés en Turquie après étude de leur demande d'asile. Si la Turquie est considérée comme un territoire « sûr » pour un migrant dont l'asile a été refusé, il peut être renvoyé vers Ankara.
Ce cas dénoncé par les ONG et associations qui s'occupent des migrants a été répertorié 851 fois depuis l'entrée en vigueur de l'accord européo-turc. La police grecque précise que toutes les personnes renvoyées en Turquie l'ont fait par choix volontaire (après un séjour souvent traumatisant dans les camps grecs) ou parce qu'elles ne pouvaient pas prétendre au statut de réfugié. Aucun Syrien n'a été signalé parmi les 851 recensés.
Une longue et pénible attente en Grèce
62 400 migrants attendent toujours en Grèce de pouvoir traverser la frontière pour rejoindre leur pays de destination. Cinq centres d'enregistrement et de recensement sont l'objet d'inquiétudes particulières en raison de capacités d'accueil trop faibles. Les îles de Léros, Cos, Chios, Samos et Lesbos peuvent accueillir près de 9 000 personnes, mais 14 000 migrants y sont actuellement recensés. Certains d'entre eux sont dans des camps depuis plus d'un an et ne savent pas de quoi demain sera fait. Ainsi, les cas de dépression et les tentatives de suicide se multiplient. L'Europe, qui représentait l'espoir de vivre en paix et normalement, se transforme peu à peu en cauchemar.
Enfin, les ONG regardent avec crainte du côté du Conseil d'Etat grec qui doit rendre une décision concernant deux demandeurs d'asile. Si leur renvoi est confirmé par le Conseil, cela pourrait in fine aboutir à des expulsions massives vers la Turquie. Un scénario redouté par les migrants et qui marquerait la fin des espoirs d'une vie meilleure pour des milliers de victimes de la guerre.