A la veille des fêtes de fin d’année, dans un monde où le digital a pris une place considérable dans les achats des français (58,4 % de la population)(1), une partie de la population est exclue de fait des achats en ligne par la négligence des sociétés d’e-commerce. Il s’agit des personnes en situation de handicap, soit potentiellement 21,62 % (2) des utilisateurs en France.
Moins d’accessibilité = moins de clients = moins de chiffre d’affaires … c’est mathématique !
La physique définit la notion de référentiel comme un point de repère pour décrire un mouvement. Ce point de repère est intéressant d’un point de vue digital où la grande majorité des concepteurs digitaux utilise un unique référentiel : celui des personnes valides. Mais quand est-il des personnes invalides ?
Malgré la révolution mobile et le changement des comportements dans l’utilisation des services et des contenus en ligne, les concepteurs passent à côté d’une partie des utilisateurs, 36,6% (3) de la population exactement !
Pourtant, les fondateurs d’Internet ont posé des bases solides dans l’application des bonnes pratiques en termes d’accessibilité numérique. Ces bases sont hélas aujourd’hui largement méconnues et dans le pire des cas sciemment mises à l’écart. Nous prônons une approche plus holistique, une approche plus inclusive des problématiques. Nous ne sommes hélas, pas tous égaux face à un écran, mais il y a là justement une opportunité pour innover, pour faire autrement. La richesse des profils utilisateurs quels que soient leurs aptitudes, leurs matériels, leurs réseaux, représentent un défi que les entreprises ne peuvent négliger sous risque de passer, encore fois, à côté de leur audience.
La prise en compte de l’accessibilité n’est pas simplement une posture éthique, c’est aussi un véritable enjeu de conception et de performance. Puisque 44% (4) des critères d’accessibilité améliorent l’expérience de tous les utilisateurs lorsqu’ils sont respectés.
N’oublions jamais que sur Internet, le tout premier utilisateur non voyant est Google. Dépassons la question du handicap, intéressons-nous aux bénéfices que peuvent apporter les améliorations, les fonctionnalités conçues à travers le prisme de la conception inclusive.
A l’heure du retour sur investissement, où chaque acteur économique tente de développer ses propres avantages concurrentiels pour gagner davantage de part de marché, il est curieux de constater que la majorité passe encore à côté d’une partie de leurs clients potentiels.
L’accessibilité ne doit plus être une option
Pour rendre le web plus universel, il est nécessaire de prendre en compte l’accessibilité dès les premières phases de chaque projet. La formation est importante et pourrait beaucoup, mais, malheureusement, cette règle d’ergonomie est souvent mise de côté et survolée dans les cursus actuels. Même si une charte pour une meilleure prise en compte de l’accessibilité dans les formations a été signée entre l’État et une dizaine d’écoles françaises fin 2015, il faut que les écoles l’intègrent véritablement et concrètement.
Par ailleurs, il faudrait qu’un profond changement s’opére au sein des équipes digitales en place. Les process de gestion de projet accessible ne sont pas ou peu maîtrisés.
Aujourd’hui, dans la conception des sites Internet, l’accessibilité est traitée la plupart du temps comme une option. Pour que cela évolue, les préjugés devront changer. L’État, en clarifiant les enjeux législatifs et en votant récemment la directive européenne sur l’accessibilité sur le web, franchit un pas important à l’échelle européenne. Il s’agit maintenant de communiquer davantage sur les sanctions encourues mais surtout sur les aides possibles.
Les acteurs privés et notamment les entreprises d’e-commerce qui ont temps à y gagner, comme le service public doivent se saisir de ce sujet de société. Il s’agit d’un enjeu économique et de performance.
L’accessibilité doit être universelle qu’il s’agisse de délivrer une information, de rendre un service ou de vendre un produit. Tout le monde y trouvera son compte.
1 : Source INSEE : statistique Achat sur Internet selon l’âge.
2 : Chiffre correspondant au nombre de personnes en situations de handicap et de seniors parmi les individus ayant fait un achat sur internet en 2015. Le ratio a été obtenu en prenant le nombre d’acheteur sur le web en France et le nombre de personne atteinte d’un handicap avec les seniors sur la population totale. Ce ratio a été appliqué au nombre de personnes concerné et sur le nombre d’acheteur sur internet en France et convertis en pourcentage (soit 14,4 millions sur 38,9).
3 : Personnes atteinte d’un handicap et seniors soit 12 millions de personne atteintes d’un handicap et 12,5 millions de seniors sur une population totale de 66,6 millions de français.
4 : Etude sur l’accessibilité par Ipedis à télécharger ici