Le Premier ministre avait dit qu’il hisserait la grand voile, malgré la tempête. Sur les retraites et les économies annoncées en gêlant les barèmes, il a déjà lâché les écoutes (de voile NDLR). Devant les députés socialistes fortement remontés contre certaines mesures d’austérité dont ils considèrent qu’elles ciblent les plus modestes, Manuel Valls a confirmé hier soir que les retraités modestes bénéficieront « d’une mesure forte ».
Dans les faits, le gel des hausses des retraites versées par la Sécurité Sociale pourrait être neutralisé pour les retraités touchant entre 800 et 900 euros de pension par mois, d’après la fourchette donnée par Michel Sapin, le ministre du Budget. Mais dans les rangs des députés socialistes, on demande plutôt de placer le curseur en fonction de l’impôt sur le revenu. Ceux qui ne le payent pas verraient leur pension de retraite augmenter comme prévu, les autres, non. Cela concernerait jusqu'à 6,5 millions de personnes et coûterait... 400 millions d'euros, sur les 1,3 milliard d'euros attendus du gel des retraites. Solde = 900 millions d'économies...
Problème majeur : A créer deux catégories de retraités, ceux dont la pension augmente, et ceux dont la pension est gelée, le gouvernement va au devant de gros ennuis. D’abord, toujours à cause de l’effet de seuil, tout ceux dont la pension malgré tout modeste restera gelée redoubleront d’aigreur à l’endroit du gouvernement ou… de leur député socialiste du coin. Mais surtout, cette différence de traitement peut avoir des conséquences juridiques : Cela pourrait être considéré comme étant une rupture de l’égalité entre les citoyens devant l’impôt, et censuré par le Conseil Constitutionnel, si au moins soixante parlementaires sollicitent le Conseil sur le sujet, lorsque la loi de finances rectificative sera votée la semaine prochaine.
Il y aurait bien une solution : maintenir le gel pour tout le monde, mais créer une prime pour les "petits" retraités, façon prime à l'emploi : une nouvelle usine à gaz coûteuse et lourde à mettre en place, mais qui donnerait l'apparence d'avoir réglé le sujet. Réponse mardi prochain, à l'Assemblée.