Ce 30 septembre 2013, à Séville, le premier A400M, avion de transport militaire réalisé par EADS et assemblé par Airbus va être livré à la France. Ou plutôt, la fête de la livraison aura lieu à l'usine espagnole d'Airbus, l'appareil étant déjà sur le sol français depuis deux mois. Le nouvel épisode d'un feuilleton industriel qui pourrait encore réserver quelques surprises.
Les budgets de la Défense des pays partenaires du programme ayant été réduits, crise oblige, les négociations entre les gouvernements et EADS devront reprendre aussitôt la fête terminée. Ce qui ne sera probablement pas sans créer des tensions.
Un programme d'armement européen à 25 milliards d'euros
La fête de la livraison du premier avion A400M se déroulera en présence de diverses personnalités : Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, le prince héritier au trône d'Espagne, Felipe, ou encore Tom Enders, patron d'EADS. Il faut dire que le coût de ce programme d'armement européen, 25 milliards d'euros, vaut bien le déplacement de ministres et têtes couronnées.
Malgré la somme investie par les pays partenaires de l'Occar, l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement, le déroulement de la création de l'A400M ne s'est pas déroulée sans accrocs. L'argent a d'ailleurs manqué, en 2010. Le budget initial était de 20 milliards d'euros pour 180 avions mais cette année-là 5,2 milliards d'euros de plus avaient été accordés par les sept pays participants, sans quoi le programme allait être abandonné.
Au final, ce seront 170 appareils (contre 180 prévus au début) qui seront livrés à la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, le Luxembourg et la Turquie. La Malaisie, de son côté, a fait une commande de 4 appareils.
Des négociations difficiles en vue
Si le premier A400M a, en réalité, été livré à l'armée française au début du mois d'août, les 49 autres appareils commandés par le ministère de la Défense pourraient voir leur date de livraison repoussée, faute de budget. En 2019, l'armée aurait du recevoir 35 A400M mais dans le projet de loi de programmation budgétaire ce ne sont que 15 appareils qui devraient entrer dans les rangs de l'aviation militaire.
Mais pour ce faire, la France va devoir se battre et négocier non seulement avec EADS mais aussi avec les autres pays partenaires du programme. Le constructeur EADS, par le biais de Marwan Lahoud, patron de la stratégie du groupe, a déjà déclaré que la société « saurait relativiser » face à cette difficulté.
Il reste à savoir ce que vont penser et faire les six autres pays du programme. Le contrat signé au travers de l'Occar est plutôt rigide ce qui laisse peu de marge de manœuvre au budget de la Défense. Le but du gouvernement ? renégocier avec le moins de pénalités possibles. Un travail qui s'annonce ardu.
Le pire scénario serait l'abandon du programme
Il reste un scénario dans ce feuilleton militaire qui serait une catastrophe : l'abandon du programme A400M par la France ce qui ouvrirait la possibilité à d'autres pays de faire de même. Résultat : un véritable problème pour EADS qui devrait alors trouver d'autres partenaires et revoir la répartition des coûts et de la charge industrielle.
En effet, selon le contrat, la charge industrielle de production est répartie entre les pays du programme selon leurs commandes. L'abandon d'un ou plusieurs pays coûterait cher. D'autant plus cher que les usines pour la production ont déjà été achevées.