Aujourd’hui, les marchés attendaient avec impatience la conférence de Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne, la BCE. Ils n’ont pas voulu être déçus et ont accueilli avec enthousiasme les propos du gouverneur qui ne sont jamais rien d’autre que les mêmes déclarations d’intention réaffirmées avec force, certes, mais qui restent pour le moment des paroles et non des actes concrets.
En substance, Mario a dit, comme depuis presque deux ans, qu’il fera tout et que ce sera suffisant, rajoutant même, attention, accrochez-vous, que toutes les options étaient sur la table… Avec ça, tout va donc très bien et la Bourse de Paris peut repartir à la hausse jusqu’au moment où il faudra qu’elle rebaisse un peu… ce qui ne saurait tarder ! Nous sommes bien dans un retour marqué de la volatilité.
« Nous restons fermement déterminés à maintenir une politique monétaire fortement accommodante »
La Banque centrale européenne a maintenu le statu quo sur ses taux directeurs, lors de sa réunion de politique monétaire du 7 février 2014. Les taux sont donc toujours fixés à 0,25 %, ce qui, vous en conviendrez, est assez proche de 0 ! Payer son crédit 0,25 % c’est une somme qui est en soi plus symbolique qu’autre chose et c’est le prix auquel les banques peuvent se financer auprès de la BCE.
Mettre ce prix à zéro (ou presque) priverait déjà la BCE de son arme traditionnelle qui est la baisse de taux, mais surtout cela ne changerait rien ou presque, pour une raison qui est très simple à comprendre. Même avec des taux bas, les gens n’empruntent plus comme je l’expliquais dans cet article du mercredi 5 février 2014 intitulé « 2 millions de Français ont renoncé à emprunter » !
Ce phénomène de désendettement d’une part et de refus de tout nouvel endettement est lié aux pressions déflationnistes qui s’exercent partout en Europe aussi bien sur les entreprises que sur les ménages. Personnellement, vu la conjoncture, mon premier réflexe actuellement n’est pas de me ruer chez mon banquier pour lui emprunter 200 000 euros sur 30 ans dans la mesure où, comme l’écrasante majorité des Français, nous n’avons pas de visibilité. Absence de visibilité fiscale, mais passons, non l’important c’est la visibilité sociale ou, plus précisément, la stabilité de votre emploi. Or aujourd’hui, tout le monde ou presque est inquiet pour la pérennité de son poste. Résultat, évidemment les ménages cessent d’emprunter car ils cessent de se projeter dans l’avenir.
Et puis emprunter d’accord mais pour quoi faire ? Il ne sert pas à grand-chose que la BCE baisse ses taux encore une fois. Nous le savons, nous l’avons compris et Mario Draghi aussi.
C’est la merde… pardon : des risques potentiellement et hypothétiquement déflationnistes non certains ni avérés et encore moins sûrs demeurent envisageables à un horizon non déterminable de long terme…
Je vous passe le verbiage d’eurocrate de Mario du type : « Simultanément, les pressions sous-jacentes sur les prix dans la zone euro restent faibles et les dynamiques monétaires et de crédit sont moroses. J’estime que les anticipations inflationnistes à moyen et long terme continuent d’être fermement ancrées dans le droit-fil de notre objectif de maintien des taux d’inflation en dessous mais proche de 2 %. »
Vous pouvez traduire cette phrase exprimée dans la langue courante des mamamouchis (celle que vous n’êtes pas censée parler ni comprendre, heureusement que je suis bilingue et comme je suis sympa je vous fait des traductions gratuites) par un simple : c’est la merde.
Eh oui mes chers lecteurs, c’est la merde parce que c’est la déflation et, par définition, quand l’économie elle « déflate », eh bien elle peut pas « inflater », ce qui permet à l’autre Mario de la BCE de nous expliquer, comme si c’était une excellente nouvelle, qu’il n’y a pas d’inflation forte conformément aux objectifs de maîtrise de l’inflation de la BCE… Qu’est-ce que j’ai rigolé quand il a sorti cette blague… Bon, j’ai été le seul à rire, parce que tous les zautres là, à sa conférence de presse, ils avaient l’air vachement contents que Mario leur dise qu’il n’y avait pas d’inflation…
Hé, les gars… réveillez-vous un peu !! On dirait que vous êtes tous atteints de Mocovicite chronique aiguë ! (C’est un syndrome rendant les gens benoîtement béat avec un sourire permanent qui donne envie de leur filer des baffes…) Et non, ne filez surtout pas de baffes, je précise pour la police de la pensée et le ministère de l’Amour, tant le climat est tendu et nauséabond que ce n’est pas une incitation à la haine, ni à la violence… hein, c’est juste une expression du langage courant genre « tête à claques »… Et puis moi, Pierrot, je l’aime bien, c’est un type profondément gentil, sympa, avec un beau sourire Colgate et des dents toutes blanches… D’ailleurs il faudrait que j’aille me faire faire un détartrage, après pour la compétence économique c’est autre chose.
Le problème c’est la déflation
Eh oui, pour le moment, notre risque ce n’est pas l’inflation ni l’hyperinflation, c’est bien la déflation, et cette dernière ne menace pas. Elle est là !
Elle est en Espagne, au Portugal, en Italie, en Grèce je n’en parle même pas, le PIB grec à diminué de 35 % ces cinq dernières années… Et évidemment, notre Pierrot il est tout fier de lui en m’expliquant que la croissance économique en France est de 0,1 % du PIB, tout en sachant que pour avoir ces 0,1 % de croissance du PIB, nous avons tout de même dû consentir un léger déficit de plus de 4 % de ce même PIB (4,2 %)… Ça c’est sûr que c’est de la bonne croissance, une croissance saine, qui nécessite juste 4 euros de dépenses pour avoir 0,1 euro de création de richesse… C’est vrai que posé comme ça, le retour sur investissement n’est pas évident-évident.
Pour information, les salaires ont baissé de 8 % en moyenne en Espagne en 2013… Et lorsque votre augmentation annuelle se transforme en diminution de 8 % de votre salaire… vous savez quoi ? Vous ne faites pas de crédit, vous ne consommez pas, vous serrez les fesses et vous faites le dos rond en espérant au moins conserver votre boulot… (N’oubliez pas qu’au bout du compte l’économie c’est assez simple.) Logiquement, l’économie patine, voire s’enfonce dans la récession et qui dit récession, dit déflation et qui dit déflation dit à terme insolvabilité des ménages, des États des banques et faillite généralisée !
Mais soyez sans crainte, Mario veille…
« Les indications récentes confirment pleinement notre décision de maintenir une politique monétaire accommodante aussi longtemps que nécessaire, ce qui poussera à une relance économique progressive dans la zone euro… »
« Concernant les remous récents sur les marchés monétaires, la BCE suit l’évolution d’un œil attentif et se dit prête à envisager tous les instruments disponibles. Dans l’ensemble, nous restons fermement déterminés à maintenir une politique monétaire fortement accommodante et à lancer des actions décisives si nécessaire ! »
C’est compris ? Mario est là. Il a une belle planche à billets que les Zallemands refusent d’allumer, mais il nous promet qu’il saura mener les actions décisives nécessaires si c’était nécessaire à cause d’un état de nécessité nécessitant une action nécessaire… ou quelque chose comme ça.
Alors évidemment, face à autant de détermination, les marchés eh bien… ils montent ! Laissons-les faire car demain sera un autre jour et ils se rendront compte un jour ou l’autre que Mario Draghi est en réalité, comme la FED, assez impuissant face aux forces économiques déflationnistes qui sont aussi, et c’est un facteur trop souvent négligé, liées à une démographie déflationniste !
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!