La « grosse vilaine bulle » que Trump, alors candidat à la présidence, avait identifiée à propos des marchés américain est réelle. Nous vous avons en avons déjà donné cinq preuves dans une récente Chronique. Nous apportons aujourd’hui cinq nouvelles preuves à notre dossier.
Crédits automobiles américains : le prochain subprime ?
En juillet 2016, au cours d’une conférence avec les investisseurs, Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, a fait part de son inquiétude grandissante à propos du marché des prêts automobiles, en le qualifiant de « tendu ». Pour mémoire, l’adjectif de subprime qualifie les emprunteurs (ou les prêts contractés par eux) peu fiables. Les taux d’intérêt qui leur sont demandés sont plus élevés pour compenser le risque de défaut. Dimon ne pense pas qu’il s’agisse d’un « problème systémique » mais estime que les risques sont considérables. S’il est une chose à retenir de son discours, c’est qu’il faut bien être conscient que le pire est à venir. Wall Street a traditionnellement du mal à voir venir les crises en approche (repensez à 2008).
Jeff Desjarins, de Visual Capitalist, observe : « Les prêts automobiles à risque – qui sont les prêts les plus risqués créés pour des clients qui ont de faibles moyens – ont permis de soutenir le marché depuis la crise de 2008. Toutefois, ces derniers mois, les défauts de paiement sur ces prêts auto ayant augmenté, les investisseurs cherchent des solutions. »
Le risque démographique est mal perçu
Non seulement l’économie des Etats-Unis ralentit mais sa population n’a jamais été aussi âgée. Bloomberg a regardé l’âge des immobilisations (les infrastructures et les actifs productifs) des Etats-Unis.
La croissance économique est la simple combinaison des travailleurs et de la productivité. Le manque de croissance de la population signifie moins de travailleurs et, par conséquent, moins de croissance économique. La productivité peut compenser cela, mais il faut à ce moment plus d’investissement dans l’outil productif, ce qui n’est pas le cas. La dernière fois que les Etats-Unis se sont retrouvés dans cette situation, c’était durant la Crise de 1929–1940.
« Trop gros pour faire faillite » – encore et toujours
Citigroup, la banque américaine qui détient le plus de produits dérivés, cette même banque qui a vu en 2008 ses dérivés toxiques et sa dette en subprime voler en éclats, détient plus de 55 600 Mds$ de positions dans les produits dérivés. Citigroup et les banques de sa taille et de sa complexité détiennent un montant énorme de positions spéculatives ; ces risques sont garantis par le gouvernement américain.
Au cours d’une conférence de presse en mars 2016, alors qu’il parlait de la réforme financière, le Président Obama a déclaré : « Les paris risqués, irresponsables, avec des garanties insuffisantes et qui récompensent fortement les dirigeants qui prennent ces risques, peuvent provoquer des dégâts énormes à l’ensemble de notre économie. »
Puis il continua en défendant les réformes engagées : « La réforme de Wall Street, Dodd-Frank, les lois que nous avons passées ont fonctionné. Je veux souligner cela parce qu’il est de bon ton dans les médias, dans les discours politiques, à droite comme à gauche, de suggérer que la crise a eu lieu et que rien n’a changé. Ce n’est pas vrai… Nous intégrons dans le secteur des produits dérivés un énorme dispositif de surveillances de de régulation. Nous avons à présent des chambres de compensation qui traitent la grande majorité des échanges qui ont lieu, de sorte que nous savons si et quand quelqu’un fait quelque chose qu’il ne devrait pas faire ; s’il dépasse un niveau de spéculation qui représenterait des risques importants pour le système financier. »
Le champ des produits dérivés, dans lequel Wall Street continue ses paris spéculatifs, n’a pas été freiné. Un pourcentage important d’activités autour des produits dérivés continue d’avoir lieu dans l’ombre. Si cette bulle explose et quand elle explosera, l’étendue de ses dégâts pourrait peser à des niveaux catastrophiques sur la dette de l’Etat américain et sur ses contribuables.
Dans les économies occidentales, les prix de l’immobilier sont sous stéroïdes
L’inquiétude croissante à propos d’une forte chute mondiale du prix de l’immobilier tire son origine des signaux de plus en plus nombreux indiquant un ralentissement du marché. Sur trois continents, les prix de l’immobilier ont augmenté de manière exponentielle. Cette hausse dépasse les niveaux d’avant la crise financière de 2008.
Selon Catherine Mann, chef économiste à l’OCDE, « un certain nombre de pays », y compris le Canada et la Suède, affichent des prix de biens commerciaux et résidentiels « très élevés » qui ne correspondent pas à un « marché immobilier stable. »
Le crédit chinois grimpe en flèche sans contrepartie productive
Au cours des dernières décennies, la Chine a été l’un des principaux fournisseurs de biens au niveau mondial. Beaucoup d’économistes ont écrit à propos de l’expansion économique qu’a connue le géant asiatique ; depuis la crise financière mondiale, la demande de crédits dans le pays a pris des proportions très importantes. Une tourmente économique aurait un effet désastreux sur l’économie chinoise et donc mondiale.
Le gouvernement chinois a été jusqu’ici capable de contenir les dégâts occasionnés par des défauts de crédit grâce à l’assouplissement monétaire, les sauvetages et la manipulation de marché. Voici donc nos 10 premières preuves de l’existence de la plus grande bulle financière de tous les temps.
Liste de nos 10 premières pièces au dossier Méga Bulle :
- Piège des taux bas
- Même les riches calent
- Les capitaux spéculatifs atteignent des niveaux historiques
- Les esclaves de la dette face au risque des taux
- La Chine surendettée
- Crédits automobiles américains : le prochain subprime
- Le risque démographique est mal perçu
- « Trop gros pour faire faillite » – encore et toujours
- Dans les économies occidentales, les prix de l’immobilier sont sous stéroïdes
- Le crédit chinois grimpe en flèche sans contrepartie productive
Au fil de cette semaine, nous continuerons notre dossier Méga Bulle Mondiale.
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