Qu'on pardonne ce titre, directement inspiré du "Et la confiance bordel !" qui vient de sortir chez Eyrolles (et que je recommande chaleureusement à tous). Et oui, il serait temps de reconnaître que cette croissance s'est arrêtée en France au milieu du deuxième trimestre de cette année, alors que les choses repartaient. Elles repartaient en France, les patrons s'étant fait une raison sur le niveau de croissance prévisible (autour de 1 % à l'époque) et plus encore sur la volonté du gouvernement de tenir ses promesses, autrement dit de faire les réformes. Mais quelque chose s'est cassé ici.
Bien sûr, en même temps, les nouvelles n'ont pas aidé dans le domaine géopolitique, en Ukraine notamment. Mais il se trouve que ces changements ont eu plus d'effet chez nous que chez nos voisins. Pourquoi ? Parce que nous sommes plus fragiles, en tout début de rétablissement, avec des marges faibles et qui remontent à peine et avec des pouvoirs publics qui ne sont pas tous encore assez impliqués dans le changement de politique économique.
Le lien entre confiance et croissance est donc décisif, autrement dit – confiance dans les mesures destinées à faire remonter les marges, à simplifier la vie des entreprises, à flexibiliser le droit social. Le fait que le gouvernement appelle "opération vérité" le fait de revoir les prévisions pour 2014 de 1 % à 0,4 % est révélateur. S'il y a "opération vérité", que se passait-il donc avant ? Les entrepreneurs et les ménages savent lire les chiffres : ils voient l'emploi, les chiffres d'investissement et de logement, les enquêtes sur le moral des patrons et des consommateurs. Et ils voient surtout les questions de l'exécutif sur la situation et les changements à faire. Demander à l'Allemagne de nous aider, à l'Europe de faire de grands travaux, à l'euro de fléchir montre des troubles. Bien sûr, si tout ceci se passe, ceci nous aidera, mais nous aidera d'autant plus que nous aurons commencé à bouger.
Moralité : les prévisions économiques sont liées à notre stratégie de réformes et d'économies publiques, au fond à notre stratégie de modernisation profonde de nos organisations. S'intéresser aux professions réglementées est une chose, à la fonction publique en est décidément une autre. Les chiffres du PIB nous montrent à quel point il est difficile d'avancer et de gagner des parts de marché dans un monde toujours plus en concurrence. C'est d'autant plus explicable, et continuera, si rien ne bouge ici : on a la croissance de ses réformes.